Presse néerlandaise du jeudi 11 septembre 2003

Voitures volées,
médicaments génériques, Antilles néerlandaises, deuxième anniversaire des
attentats du 11 septembre 2001 : les grands titres à la une sont d’un intérêt
très inégal.

Alors que le Trouw et le Volkskrant réservent une grande place, sur leur première page, aux
photos d’une exposition à New York montrant des tatouages en commémoration des
morts des Tours Jumelles, la presse à grand tirage exprime sa déception après
la défaite à Prague du onze néerlandais, hier soir.

NRC Handelsblad d’hier soir
 : "Le ministre De Graaf veut intervenir aux Antilles – Les Finances et la
Justice à La Haye", "Attentats en Israël et offensive contre le
Hamas"

de Volkskrant  : "Terrorisme
 : les Pays-Bas sont toujours vulnérables", "L’odeur de la poudre et
de la chair brûlée" (attentat de Jérusalem)

Trouw  : "Moins de pouvoir
pour le gouvernement antillais – Le ministre De Graaf veut accroître l’autonomie des différentes îles", "La
menace est toujours présente et la lutte est difficile" (11 septembre)

Algemeen Dagblad  : "Les
pharmacies trompent les patients – Les médicaments moins chers causent des
problèmes chez les malades chroniques", "L’équipe orange en profonde
crise – Le carton rouge de Davids mène à la défaite"

De Telegraaf  : "Des
voitures de la police moscovite volées chez nous – Les assurances sont impuissantes", "Le bête carton rouge
de Davids est fatal à l’équipe orange"

* * *

Le dossier du jour Lutte
contre le terrorisme

" Les Pays-Bas sont toujours aussi
vulnérables à des attentats terroristes qu’avant l’attaque contre les Tours
Jumelles de New York
, il y a deux ans aujourd’hui", annonce le Volkskrant dans son grand article à la
une. " La protection des
infrastructures vitales notamment, comme les ponts, les digues et les centrales
électriques, est beaucoup plus compliquée qu’on ne le pensait et peut-être même
impossible
."

"Le conseil
des ministres se penchera de nouveau sur la sécurité des Pays-Bas, vendredi. On travaille sans relâche à l’application
de l’Actieplan Terrorismebestrijding en
Veiligheid
[plan d’action pour la sécurité et la lutte contre le
terrorisme] que le gouvernement a mis en place peu après le 11 septembre 2001
.
Mais on ne sait toujours pas bien
quelles conséquences la neutralisation de centres névralgiques peut avoir sur
la société
. Le gouvernement avait promis à la Deuxième Chambre de présenter
en avril 2004 au plus tard un paquet de mesures de sécurité pour la protection
des secteurs public et privé. Cette date butoir ne sera pas respectée,
reconnaît-on désormais à La Haye."

" Les infrastructures vitales des Pays-Bas
comptent onze secteurs
", explique le journal de centre-gauche.
"La classification vient de l’institut de recherche TNO. En tête de la liste figurent les compagnies
d’énergie
qui, comme tous les autres secteurs, ont calculé leurs risques.
Mais ces calculs ne précisent pas ce qui se passera en cas de coupure de
courant de longue durée et dans une zone étendue. C’est valable également pour
la gestion des eaux de surface. La destruction d’une digue peut causer
l’inondation de surfaces étendues."

" Les principaux autres secteurs sont : les
télécommunications, l’eau potable, le secteur alimentaire, la santé, les
finances, l’ordre public, l’Etat de droit, l’administration publique et les
transports
. Les points sensibles ne seront jamais publiés, pour ne pas
inciter au terrorisme. Mais les secteurs ont eux-mêmes établi plusieurs
scénarios pour étudier les risques et leur vulnérabilité. Dans le secteur des
soins, par exemple, on a étudié les conséquences d’une coupure de courant et de
catastrophes naturelles pour les hôpitaux. Cette fois-ci, on s’est intéressé
davantage aux conséquences de catastrophes provoquées par un attentat
terroriste qu’à celles de catastrophes naturelles."

" En juillet 2004, les ports de Rotterdam et
d’Amsterdam devront satisfaire à un code international (ISPS) de protection
contre le terrorisme
. Les deux ports pensent pouvoir respecter ce
calendrier."

" A Schiphol, on inspecte
désormais toutes les valises et le contrôle des passagers a été renforcé
.
Mais une décision sur l’ajout au passeport d’une puce électronique avec des
données physiques du titulaire, que les Etats-Unis réclament aussi à brève
échéance, ne sera probablement prise qu’à l’automne."

Une dizaine de mesures annoncées par le ministre de la Justice Donner,
dans une note transmise cet été à la Deuxième Chambre, figurent dans un aperçu
en page 2 du même Volkskrant.

A noter qu’en page d’opinion de l’ Algemeen
Dagblad
, l’ambassadeur des Etats-Unis à La Haye, Clifford Sobel , fait valoir que deux ans après les attentats de New
York et Washington, la situation
politique a profondément changé, mais la relation entre les Pays-Bas et les
Etats-Unis est toujours excellente
. "En tant que partenaires dans un
combat commun pour nous préserver du terrorisme, les Etats-Unis et les Pays-Bas
font front ensemble afin de protéger notre population, nos valeurs et notre
mode de vie."

Actualité internationale

Union européenne : Pacte de
stabilité

L’ensemble de la presse rend compte du coup de semonce tiré par le ministre néerlandais des Finances, Gerrit
Zalm
, à la veille de la concertation informelle de Stresa, en Italie.

" Les Pays-Bas menacent de saisir la Cour
européenne de Justice si la France, l’Allemagne et l’Italie continuent de
transgresser les règles budgétaires européennes
", annonce le NRC Handelsblad d’hier soir à la
une. "Des sources proches du gouvernement confirment qu’il en étudie la
possibilité. Nous voulons user de tous
les moyens pour éviter que le Pacte de stabilité ne tombe et nous n’excluons
rien en l’occurrence’, déclare un porte-parole du ministre Zalm

(Finances)."

"Les Pays-Bas ne peuvent pas s’en prendre à un autre Etat membre,
mais ils peuvent assigner la Commission européenne à comparaître, si elle
n’applique pas le Traité de Maastricht. Aux termes de ce traité, la Commission
doit imposer une amende aux pays qui ont un déficit budgétaire excessif. La
Cour peut contraindre la Commission d’appliquer le Traité de Maastricht."

Dans une
interview publiée ce matin par l’ Algemeen
Dagblad
(pp.1 et 13), Gerrit Zalm,
en réponse à une citation du premier ministre français Raffarin concernant
l’emploi, déclare :
" On
n’achète pas d’emplois à crédit
. Nos
problèmes ne viennent pas d’un manque de moyens financiers, mais d’un retard
dans la réforme du marché du travail et de la sécurité sociale
. On ne les
résout pas en vivant au-dessus de ses moyens ou en abaissant les impôts à
crédit. Je croyais que nous étions enfin délivrés de ces recettes keynésiennes,
mais ce n’est manifestement pas le cas en Allemagne et en Franc."

Question : Raffarin
fait-il de la provocation ?"
Zalm : " Il fait comme si nous n’avions jamais tenu compte de la possibilité
d’une régression économique
. Nous en avons amplement tenu compte. Deux
chiffres jouent un rôle. La situation est exceptionnelle si l’économie régresse
de plus de deux pour cent et les pays [de la zone euro] ont promis de ne jamais
invoquer cette clause si la régression ne dépasse pas trois quarts de pour
cent. Ni la France, ni l’Allemagne n’a connu une régression de trois quarts de
pour cent ou plus par an. Chirac et Kohl se sont sciemment accordé en pleine
connaissance de cause, à l’époque. Si Raffarin prétend autre chose maintenant,
c’est vraiment absurde."

"Une
suspension temporaire, comme le souhaite Chirac, n’est-elle pas possible ?
"
Zalm : " Non . Cela 
fait déjà deux ans qu’ils dépassent la norme et cette suspension
temporaire risque de durer jusqu’en 2050
."

"Pouvez-vous compter sur la
Commission ? Le président Prodi lui-même a qualifié le Pacte de ’rigide’.
"
Zalm : "La Commission sait ce qu’elle doit faire. C’est dans les
textes. De plus, les Etats membres, si la Commission ne fait pas son travail,
peuvent s’adresser à la Cour européenne de Justice. Nous ferons usage de toutes les
possibilités
."

Le Financieele Dagblad (p.6)
et le Telegraaf (p.29) évoquent
également la question, en précisant que le président de la Banque centrale
européenne, Wim Duisenberg, a jugé "inadmissible", hier, qu’on change
les règles du Pacte de stabilité.

Actualité intérieure

Pays-Bas – Irak

La Deuxième Chambre n’est pas satisfaite des explications
du premier ministre Jan Peter Balkenende concernant les informations confidentielles
que le premier ministre britannique Tony Blair lui avaient transmises sur
l’Irak
, avant l’entrée en guerre des Etats-Unis et de
la Grande-Bretagne. Elle lui reproche de lui donner chaque fois une autre
version. Tout comme l’opposition, les partis gouvernementaux VVD et D66 veulent
savoir le fin mot de l’histoire, mais Balkenende refuse d’accorder la
communication des documents, même à titre confidentiel.

Le VVD, en
l’occurrence, a adopté une ligne étonnamment dure, selon les journaux. Il y a
deux semaines, lorsqu’il s’est avéré que Balkenende n’avait pas parlé de la
lettre de Blair aux autres membres du gouvernement, le député libéral Wilders
n’a pas bronché. Hier, durant un débat qui a duré deux heures, il a qualifié
les explications de Balkenende de "pas satisfaisantes, décousues et pas
acceptables". Même le CDA, le parti
du premier ministre, a estimé hier que le premier ministre avait fait une
pagaille de ce dossier
.

Les censeurs du premier
ministre, sur l’initiative du PvdA, formuleront les prochains temps une série
de questions écrites
sur le rapport que Blair a
transmis à son homologue néerlandais. Les groupes parlementaires
gouvernementaux VVD et D66 soutiennent maintenant cette procédure ( Algemeen Dagblad pp.1 et 5, de Volkskrant p.3, De Telegraaf p.7, Trouw
p.9).

Constitution européenne :
référendum néerlandais

" Le groupe parlementaire VVD à la Deuxième
Chambre approuvera le projet de loi du PvdA, de GroenLinks et du D66 visant à
organiser un référendum sur la Constitution européenne
", relève le Financieele Dagblad à la une. " Il se forme ainsi une large majorité
parlementaire en faveur d’un référendum, qui coïncidera probablement avec les
élections européennes de juin 2004
. Ce
sera le premier référendum à l’échelle nationale aux Pays-Bas
."

"Une très
grande majorité du groupe VVD s’est prononcée en faveur du référendum hier,
lors d’un conseil spécial. La réunion était une initiative du leader du groupe,
Jozias van Aartsen, qui est personnellement partisan d’un référendum. Le
spécialiste du groupe dans le domaine des affaires européennes, Hans van
Baalen, était opposé à l’organisation du référendum, de même que le
gouvernement. Van Baalen a déclaré à l’issue du conseil du groupe parlementaire
 : ’Je n’ai pas eu gain de cause, mais je fais partie du VVD, je suis démocrate
et je m’incline’."

" Van Baalen comme le leader du groupe Van
Aartsen souligne que le soutien s’applique uniquement à ce référendum spécial
.
’Nous ne sommes pas devenus un parti de référendums’, a fait savoir Van
Aartsen. ’Mais je pense qu’il est très bon que la population néerlandaise
puisse se prononcer quand l’Europe se sera accordée sur une nouvelle
Constitution’."

"Le VVD accorde un grand poids à la recommandation positive du
Conseil d’Etat concernant l’initiative" (également de Volkskrant p.1, Trouw
p.1, Algemeen Dagblad pp.1 et 3, De Telegraaf p.9).

Antilles néerlandaises

" Le ministre De Graaf (Affaires du Royaume) veut minimiser les
compétences du gouvernement antillais, au profit des différentes îles et du
gouvernement du Royaume
", écrit le Trouw dans son grand article à la une. "Selon lui, la
nécessité de cette modification des rapports administratifs entre les Pays-Bas
et les Antilles est ’évidente’. Les
problèmes des Antilles néerlandaises sont graves et réclament une action
énergique à court terme’
, a écrit De Graaf 
à la Deuxième Chambre, préalablement au débat sur la situation dans les
Antilles et la relation tendue avec le gouvernement Godett qui aura lieu
aujourd’hui."

"En minimisant les compétences du gouvernement antillais, les
Pays-Bas exauceraient le souhait des petites îles. Saint-Martin, Saba,
Saint-Eustache et Bonaire estiment que Curaçao a trop d’emprise sur le
gouvernement et fait prévaloir ses intérêts sur ceux des autres îles. Saba,
Saint-Eustache et Bonaire sont partisans d’un modèle administratif dans lequel
elles deviendraient des communes néerlandaises, Saint-Martin, à l’instar
d’Aruba, aspire à un status aparte au
sein du Royaume."

Le Volkskrant (p.2) ajoute que le " soutien au gouvernement du premier ministre
Mirna Godett s’effrite de plus en plus au Parlement antillais
".
"Après le retrait du parti UPB de Bonaire, le gouvernement dominé par le
Frente Obrero (FOL) ne dispose plus que d’une majorité minimale de 12 sièges
sur 21, depuis mercredi. C’est la deuxième fois en deux semaines qu’un parti
gouvernemental quitte la coalition."

L’UPB, qui a deux sièges, s’est retiré du gouvernement à la suite d’un
conflit sur les vols de la compagnie aérienne BonairExel. Le mois dernier, le
gouvernement avait déjà perdu le soutien du DP Sint Maarten, qui dispose
également de deux sièges, parce que ce parti n’avait pas obtenu gain de cause
sur un certain nombre de points.

Economie, Finances

Ahold

La rémunération disproportionnée du nouveau PDG du groupe Ahold (supermarchés
Albert Heijn) défraie toujours la chronique économique. Après les sévères
critiques des caisses de retraite ABP et PGGM, grands actionnaires d’Ahold,
c’est au tour des consommateurs de manifester leur mécontentement. Selon un
sondage d’opinion du programme télévisé Stem
van Nederland
(voix des Pays-Bas), de la chaîne commerciale SBS, 11 % des
clients d’Albert Heijn (AH) auraient l’intention de boycotter leur supermarché
et le même pourcentage aurait l’intention de lui tourner définitivement le dos.
L’enquête montre aussi que 15 % de la clientèle d’AH font déjà leurs
courses dans des grandes surfaces meilleur marché ( NRC Handelsblad pp.1 et 15, De Telegraaf pp.1, 6 et 29, Trouw
p.5, Algemeen Dagblad p.12, de Volkskrant p.19).

Affaires françaises  Le journal haguenois Haagsche
Courant
(p.A2) d’hier soir et le Trouw
(pp.1 et 17) de ce matin présentent à leur tour le livre de Samira Bellil sur
les viols collectifs dans les banlieues (cf. revue du 10 septembre).

A signaler :

En page d’opinion
du NRC Handelsblad d’hier soir,
le ministre des Finances Zalm explique et défend la politique budgétaire de
Balkenende II, dans la perspective de la présentation de la Note des Millions.

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