Presse néerlandaise du vendredi 7 avril 2006

Le journal de centre gauche de Volkskrant signale les propos de Pieter van Vollenhoven, qui dirige l’enquête indépendante sur l’incendie du centre de détention de Schiphol et pour qui la justice, "contrairement aux engagements" qu’elle avait pris, aurait expulsé ou élargi trop tôt six survivants. De ce fait, le Conseil de contrôle de la sécurité n’aurait pas pu les entendre comme témoins.
Van Vollenhoven, le mari de la princesse Margriet, s’était mis d’accord sur les possibilités d’audition des survivants avec les ministres Donner (Justice) et Verdonk (Immigration et Intégration). Il qualifierait maintenant ces auditions d’"opération difficile à gérer".

NRC Handelsblad d’hier soir : "L’Eglise Protestante va former elle-même ses prédicateurs", "Grippe aviaire dans un élevage allemand", "Début ’dramatique’ de l’année cinématographique"
de Volkskrant  : "’Entrave à l’enquête sur l’incendie du centre de détention’ - Van Vollenhoven : la Justice ne tient pas ses engagements", "Hypersensibilité du marché du pétrole : une crise latente"
AD Haagsche Courant  : "Les ordures ménagères allemandes feront monter les tarifs - Plus d’un demi-million de ménages verront leur taxe augmenter" (importation de déchets allemands à partir du 1er janvier 2007)
De Telegraaf  : "L’Association des communes néerlandaises met en garde les supporters du onze orange : Il est interdit de regarder le Mondial avec toute la rue" (législation des "événements")
Trouw  : "Sévère répression des protestations au Népal", "La Cour européenne de Justice interdit de remplacer les congés par une indemnité financière", "Verdonk adopte un ton conciliant vis-à-vis de Rutte"

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LE DOSSIER DU JOUR :Union européenne

"Les Pays-Bas doivent cesser de se comporter en Europe comme un ’Caliméro ayant mauvaise conscience’ et prendre exemple sur l’assurance et l’élan que le Royaume-Uni, l’Irlande, les pays scandinaves et les Etats baltes affichent en Europe", écrit Joop Meijnen dans le NRC Handelsblad (p.7) d’hier soir. "C’est l’avocat général de la Cour européenne de Justice, Ad Geelhoed, qui leur a donné ce bon conseil mercredi à La Haye, lors d’une intervention devant l’ICC Nederland, la Chambre de Commerce internationale."
"Geelhoed a évoqué la crise européenne qui a suivi les référendums de l’an dernier, lorsque la France et les Pays-Bas ont rejeté la Constitution européenne. ’Les Pays-Bas se sont comportés comme un Caliméro ayant mauvaise conscience. Les nombreux Néerlandais qui étaient contre ont décrit en termes vifs le peu qui resterait des Pays-Bas si la Constitution était adoptée.’ Il était ’ahurissant’, selon Geelhoed, de voir que ’l’élite politique néerlandaise’ était incapable de montrer l’importance de l’Europe et contribuait ainsi à en faire ’le bouc émissaire de tous nos maux’."
"Les conséquences du rejet de la Constitution pour le travail à Bruxelles restent limitées, selon Geelhoed. ’On patauge un peu.’ Mais les effets négatifs ne manqueront pas à la longue, prédit-il, parce ’l’inefficacité du processus décisionnel a son prix’. Geelhoed : ’Le brevet européen n’est toujours pas réglé. Et pourquoi pas ? Parce qu’une petite minorité passionnée peut le bloquer tant que la décision doit être prise à l’unanimité.’ Aux termes de la Constitution, la question serait réglée à la majorité des voix."
"Geelhoed est plus préoccupé par ce qui se passe au niveau national au cœur de l’Europe. ’Un climat dramatique de crainte et d’introversion règne. On ne propose même plus d’idées sur l’avenir de l’Europe.’ Et quand on lance des idées - comme en France sur le ’patriotisme économique’ et les ’champions nationaux’ - elles témoignent selon Geelhoed d’un ’populisme facile’ et d’une ’naïveté stupéfiante’. ’La France met la charrue devant les bœufs’, considère l’avocat général."
"La mondialisation se poursuivra, affirme Geelhoed, et il faudra nécessairement adapter les modèles sociaux européens. Nous ne devons pas attendre de solution de ’l’Europe’ dans ce domaine. Avec un budget de un pour cent du PIB communautaire, l’UE ne peut pas faire grand-chose."
"L’Europe doit se limiter au marché intérieur, à l’union monétaire, à la politique commerciale communautaire et à une meilleure coopération dans le domaine de l’énergie et de la sécurité. ’L’Europe ne doit surtout pas vouloir plus’."
"Les pays de l’UE doivent néanmoins essayer de rendre leur processus décisionnel plus efficace, comme le prévoyait la Constitution européenne. Selon Geelhoed, les chefs d’Etat et de gouvernement peuvent supprimer assez facilement les plus gros points noirs - le processus décisionnel à l’unanimité et le processus législatif - parce qu’ils sont d’accord sur ces points."
"Ne les soupçonnera-t-on pas d’introduire (partiellement) la Constitution par une voie détournée ? Geelhoed : ’C’est un risque, mais je trouve bizarre qu’il ne soit pas possible de prendre des décisions indispensables à cause de l’exigence d’unanimité, parce qu’un seul Etat membre peut prendre en otages tous les autres’."
L’éditorialiste du NRC Handelsblad rappelleque le 18 juin 2005, les chefs d’Etat et de gouvernement ont appelé à une "période de réflexion" sur l’Europe." "Presque dix mois se sont écoulés et il n’y a pratiquement aucun débat. La réflexion s’est presque totalement éteinte. La ’société civile’ a ignoré l’avertissement de ses leaders politiques. Elle ne débat pas sur l’Europe, mais s’occupe de ses soucis quotidiens pour survivre dans un environnement de plus en plus compétitif. Cela signifie que l’état de paralysie dans lequel se trouve l’UE perdure après le ’non’ français et néerlandais au Traité constitutionnel."
"Les leaders politiques de l’UE ont appelé leurs populations à réfléchir à l’avenir - et cela n’a pratiquement pas (encore) été le cas. Il faut donc conclure que leur appel n’a pas convaincu. C’était un geste gratuit pour dissimuler leur propre impuissance et leur division. Les citoyens ne sont pas dupes, ils ne se laissent pas inciter à un débat si leurs leaders décrochent eux-mêmes, faute d’inspiration." "La parole est aux chefs d’Etat et de gouvernement."

ACTUALITE INTERIEURE

VVD

"La direction du VVD a vivement critiqué Rita Verdonk et Mark Rutte, hier soir, sur le début de leur campagne pour la liste du parti", rapporte le Telegraaf (p.3). "Les libéraux du Binnenhof et des provinces le qualifient de faux départ. Non seulement le ministre Zalm et le président du groupe parlementaire, Van Beek, mais aussi d’éminents libéraux comme Hans Wiegel, Henk Vonhoff et Hans Dijkstal parlent d’un spectacle affligeant."
"Verdonk et Rutte ont solennellement promis de cesser de se noircir mutuellement et de faire surtout campagne sur le fond. Durant la concertation hebdomadaire entre les membres VVD du gouvernement et la direction du groupe parlementaire, les deux coqs se sont fait signifier qu’ils ne devaient pas démolir la politique de leurs collègues de parti, les ministres et secrétaires d’Etat libéraux."
"En dépit de toutes ces bonnes intentions, le prochain affrontement s’annonce déjà, car Rutte et Verdonk sont en total désaccord sur l’organisation de la campagne. Le camp Verdonk, qui prend exemple sur les campagnes américaines, ne veut que trois ou quatre confrontations directes avec Rutte qui doivent devenir de grands shows médiatiques. Rutte, par contre, veut entrer en débat avec Verdonk dans chacune des dix-sept centrales VVD."
"La véritable campagne électorale ne se déchaînera que dans un an", remarque l’éditorialiste du Volkskrant. "C’est justement à cause de son comportement fougueux, auquel elle doit sa popularité, que Verdonk peut aisément subir des avaries. Il ne faut pas sous-estimer le risque que Verdonk se disqualifie par témérité ou négligence."
"Médiagénique, intelligent et dynamique, Mark Rutte peut revenir dans la course au leadership du VVD. Depuis qu’il s’est porté candidat, sa notoriété a crû rapidement. Rutte a réussi en peu de temps à dissiper en grande partie le malentendu selon lequel il serait ’de gauche’. Il devra pourtant faire plus qu’essayer de montrer qu’il est proche de Verdonk. Ce n’est qu’en présentant un programme personnel qu’il pourra convaincre la base du VVD qu’il y a un vrai choix."
"Avec Mark Rutte, le parti, début mars, espérait avoir un candidat qui plaise aux jeunes et puisse se mesurer à Wouter Bos", remarque le politologue Philip van Praag (Université d’Amsterdam) en page d’opinion du même Volkskrant. "Mais un mois plus tard on peut s’interroger sur le leadership, la solidité face aux crises et le flair politique de Rutte." Rutte a montré clairement qu’il n’a rien compris ni au succès de Fortuyn, ni à celui de Bos." "Sa réaction mercredi soir à l’offensive de Verdonk, concernant son manque de dynamisme et de clarté, était révélatrice. Son dépit, le ton geignard sur lequel il réclamait un débat sur le fond : tout cela rappelait fortement l’amertume de Dijkstal et Melkert en 2002." "La réaction de Rutte était un exemple type de la vieille politique." "Un homme politique sûr de lui montre qu’il est au-dessus de ce genre d’attaques. Sur ce point, Weisglas n’avait pas raison : Rutte n’est pas le petit frère de Wouter Bos, il est tout au plus un petit demi-frère qui a encore beaucoup à apprendre."
"Dans les circonstances actuelles, Verdonk est la meilleure candidate pour le VVD", conclut Van Praag.

Culture

La fréquentation des cinémas aux Pays-Bas a baissé de plus de 12 pour cent durant le premier trimestre, par rapport à la même période l’an dernier. Les recettes provenant de la vente de billets ont baissé de 11,4 pour cent, ce qui fait des Pays-Bas le "perdant de l’Europe". C’est ce qui ressort d’une publication du magazine professionnel Screen International.
Selon Wilco Wolfers, président de la "Nederlandse Federatie van de Cinematografie", le téléchargement illégal sur Internet est une importante cause du recul mesuré. "Mais le malaise du premier trimestre n’est pas nécessairement significatif pour le reste de l’année. Nous avons eu moins de grands succès que début 2005, lorsque Harry Potter et Le Seigneur des Anneaux ont rempli les salles" (NRC Handelsblad d’hier soir p.1, de Volkskrant p.15).

Presse hebdomadaire

Vrij Nederland consacre un long reportage au renouvellement de l’idéologie de la gauche néerlandaise. "Le printemps a commencé à gauche", remarque le magazine en faisant allusion au résultat des élections municipales. "Mais comment la philosophie de la gauche se porte-t-elle ? Personne ne veut revenir au dogmatisme des années soixante-dix ou au pragmatique des gouvernements Paars, mais que faire alors dans la perspective des élections et de Wouter Bos comme prochain premier ministre ? Y a-t-il un vide à gauche, ou bien la gauche est-elle capable de se réinventer ? Vrij Nederland a fait le tour des penseurs, des politiques et des idéalistes. Le leader PvdA Wouter Bos : ’S’il vous faut changer de peau idéologique et que vous n’en avez pas d’autre, vous avez un problème’."
"Le doute commence...", constate VN à propos de la nouvelle mission militaire en Afghanistan. "A mesure que la mission en Uruzgan se rapproche, la peur et le doute croissent parmi les troupes, selon les initiés. La Défense opte pour l’offensive : deux militaires qui ne veulent pas se rendre en Uruzgan risquent la destitution et une peine de prison."
Le spécialiste des affaires françaises, Pieter van den Blink, essaie de cerner les différentes acceptions du mot "précarité" qui "submerge les médias français", dans la crise du CPE. "C’est un peu comme nos ’normes et valeurs’ : ça peut s’appliquer à tout."
On notera aussi quatre pages sur le blanchiment aux Pays-Bas, qui consistent en un entretien avec l’expert Cees Schaap et quatre dossiers en encarté.
HP/De Tijd propose un "spécial voiture" d’une vingtaine de pages et s’intéresse par ailleurs à "l’insaisissable Moszkowicz", l’avocat de l’ancien kidnappeur de Freddy Heineken, Willem Holleeder. "Ses liens avec le circuit criminel seraient beaucoup trop étroits."
Elsevier présente comme une "exclusivité" un entretien avec la ministre VVD de l’Intégration, Rita Verdonk, qui annonce sa candidature à la première place sur la liste VVD aux prochaines élections législatives, en 2007. Manifestement, l’interview remonte à dimanche dernier. "Je parle la langue du commun des mortels."
Le dossier de l’hebdomadaire a pour thème "la fin de la classe moyenne". Le conte de fée de l’égalité des chances est terminé. Qui sont les vainqueurs ? La mondialisation fait que des emplois passent dans des pays lointains. Si vous voulez assurer votre existence, il faut devenir citoyen du monde ou apprendre un métier qui n’est pas délocalisable."
Signalons pour finir un article de quatre pages sur le "sport populaire numéro 1" : le fitness.

AFFAIRES FRANÇAISES

Le CPE donne toujours à une bonne couverture de presse factuelle (de Volkskrant p.5, Trouw p.8, De Telegraaf p.11, AD Haagsche Courant p.15).
L’AD Haagsche Courant (p.10) signale le passage à Rotterdam d’une délégation française venue s’informer de la gestion des quartiers à problème. "La délégation, qui comptait deux sénateurs, quelques fonctionnaires et l’ambassadeur de France, a visité hier plusieurs quartiers déshérités, s’est rendue au guichet des jeunes et s’est entretenu avec un agent de police urbain."
"Pendrecht suscite la jalousie des Français", titre le NRC Handelsblad de ce jour à la une, au-dessus d’une photo de la délégation sur le Plein 1953, le cœur du quartier multiculturel de Pendrecht. "En passant le long des commerces allochtones de Feijenoord, sous le soleil printanier, les Français sont surtout surpris. C’est donc ça que nous appelons un quartier à problème ? Avons-nous jamais été dans les banlieues de Paris ? Le sénateur André, dans les rues méditerranéennes comme le Dordtselaan et le Putsebocht, a l’impression de faire ’une promenade sur un boulevard de bord de mer’."
"L’ambassadeur Gaussot trouve l’atmosphère particulièrement amicale. Il constate que les habitants ne manifestent pas la moindre agressivité vis-à-vis de la compagnie qui se promène dans le quartier. ’Dans un quartier à problème français, un étranger ne peut se promener aussi facilement’."
"Le sénateur André voit surtout des différences entre la situation en France et celle aux Pays-Bas. ’Le problème paraît le même : un chômage élevé parmi les allochtones et les jeunes. Mais vous avez un avantage : l’infrastructure n’est pas comparable. Nous avons des immeubles d’habitation de vingt étages, ici rien ne dépasse quatre étages. Il y a beaucoup de verdure et d’espace. Ces quartiers respirent."

Dernière modification : 20/04/2006

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