Presse néerlandaise du vendredi 14 mars 2008

Deux bureaux d’investigation d’Ermelo (Gueldre) ont créé un service de contrôle des absences au lendemain d’événements spécifiques. Selon le directeur de l’un d’eux, M. Erik Kwant, "les employeurs en ont assez de leur personnel qui se fait porter malade certains jours de l’année". "Le lendemain de l’Ascension, de Koninginnedag [Anniversaire de la Reine] ou d’un match de l’équipe nationale est évidemment favori."
Le nouveau service propose de vérifier discrètement si les employés absents le lendemain de tel ou tel événement sont effectivement malades. S’ils sont en train de travailler dans leur jardin ou de laver leur voiture, par exemple, ils seront filmés et leur patron en sera informé. En cas de récidive, celui-ci pourra les licencier.

NRC Handelsblad (libéral) d’hier soir : "Plaidoyer du ministre Verhagen : flexibiliser l’engagement des troupes en Afghanistan", "’L’architecte’ du Kosovo loue l’approche néerlandaise vis-à-vis de la Serbie"
Trouw (chrétien progressiste) : "Une écharde dans le cœur d’un Polonais – La Pologne présente des excuses aux juifs émigrés en 1968 et propose de leur rendre la nationalité polonaise", "La taxe sur les emballages ne les rendra pas moins polluants"
de Volkskrant (centre gauche) : "Les mères travaillent déjà beaucoup plus" (chiffres du Centraal Bureau voor de Statistiek), "Les Français chérissent brusquement leur pôle Nord" (succès du film Bienvenue chez les ch’tis)
AD Haagsche Courant (indépendant populaire) : "Enorme ruée sur les panneaux solaires – La cagnotte de subventions pour l’électricité durable se vide rapidement"
De Telegraaf (populaire) : "Licenciement à cause de la fièvre orange – Chasse aux absences abusives pendant la Coupe d’Europe 2008", "Le corps de Zegers se trouvait dans l’épave" (fait divers)

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ACTUALITE INTERNATIONALE

Afghanistan

"Tous les militaires de l’OTAN stationnés en Afghanistan doivent pouvoir être engagés de façon flexible dans l’ensemble du pays", écrit le NRC Handelsblad d’hier soir dans son grand article à la une. "Un pays comme l’Allemagne devrait alors opérer aussi en dehors de sa zone relativement sûre. Le ministre Verhagen (Affaires étrangères, CDA) et son homologue slovaque Jan Kubis prônent cette modification de l’approche militaire en Afghanistan dans une tribune publiée dans ce journal. L’engagement sélectif des troupes en Afghanistan avait déjà vivement irrité les Américains."
"Les deux ministres estiment que les commandants, à la différence de la situation actuelle, doivent pouvoir engager leurs troupes dans tout le pays, ’de leur propre autorité’. Cela évitera qu’un nombre réduit de pays opère dans les régions les plus dangereuses d’Afghanistan. En avril, les chefs d’Etat et de gouvernement des Etats membres de l’OTAN s’entretiendront à Bucarest de la stratégie militaire en Afghanistan.Verhagen y abordera cette question."
"Selon les deux ministres, l’opération de l’OTAN devra à la longue se transformer en une mission de paix régulière de l’ONU, avec des Casques bleus. Ils sont d’avis qu’il faut abandonner l’approche actuelle qui divise le pays en cinq commandements régionaux. ’Les deux ou trois années à venir, alors que l’Afghanistan renforcera ses propres troupes de sécurité, nous devrons lâcher nos provinces ’adoptées’ et porter notre regard sur le pays tout entier’, écrivent les deux ministres." "Selon eux, leurs propositions semblent ’controversés’, mais elles reviennent à ’normaliser la mission internationale’."
"Il y a quelques semaines, le ministre américain de la Défense, Robert Gates, avait vivement critiqué les pays de l’OTAN qui refusent de mettre des troupes à disposition pour le Sud, où la lutte contre les talibans est plus acharnée."

Union européenne – Serbie

"Jusqu’où doit aller l’Europe pour donner aux Serbes le sentiment qu’ils sont les bienvenus ?" s’interroge le commentateur du NRC Handelsblad d’hier soir. "’Nous devons être patients avec la Serbie’, dit l’eurocommissaire Rehn (Elargissement). Le médiateur de l’ONU Ahtisaari, qui a vainement tenté les dernières années de séparer la Serbie et le Kosovo à l’amiable, estime de son côté que l’UE ne doit pas céder d’un pouce tant que le général Mladic sera en liberté. En effet, c’est la Serbie qui cherche à se rapprocher de l’Europe, et pas inversement."
"Les Pays-Bas suivent jusqu’à présent la ligne d’Ahtisaari. Le ministre Verhagen (Affaires étrangères, CDA), il y a un mois et demi, juste avant le deuxième tour des élections présidentielles serbes, a bloqué la signature de l’Accord de stabilisation et d’association, à cause de Mladic. L’effet a été positif : le président pro-européen Tadic a été réélu aux dépens de l’ultranationaliste qui était candidat au nom de Seselj, détenu à La Haye."
"La question est de savoir si ces exigences compréhensibles mais sévères peuvent être maintenues. Il est naïf de penser que l’UE n’aura pas de mal à influencer le comportement de vote en Serbie, dans deux mois. Mais il est toujours utile d’exercer pleinement ce qu’on appelle le soft power de l’Europe, en comparaison duquel l’attractivité du peuple russe supposé frère est bien pâle, afin que Belgrade n’ait pas le sentiment que le choix en faveur du Kosovo est par définition un choix dirigé contre la Serbie. C’est à juste titre que l’UE pose des exigences à la Serbie, mais elle doit aussi offrir la perspective d’une récompense."
Un entretien avec le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Kosovo, Martti Ahtisaari, figure en page 5 du journal du soir.

ACTUALITÉ INTÉRIEURE

Geert Wilders

"Les Pays-Bas peuvent compter sur le soutien des autres pays de l’UE s’ils ont des problèmes après la parution du film anti-Coran de Geert Wilders", rapportent le Volkskrant (p.3) depuis Bruxelles. "Mais il n’y aura pas de déclaration commune des leaders de l’UE pour souligner leur soutien aux Pays-Bas. Balkenende n’en a d’ailleurs pas fait la demande. ’Si les Pays-Bas ont des problèmes parce qu’ils défendent la liberté d’expression, ils peuvent compter sur le soutien de l’UE’, a déclaré le premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen."
"Balkenende, préalablement au sommet de deux jours, s’est entretenu avec les autres chefs de gouvernement chrétiens-démocrates, dont la chancelière allemande Merkel et le premier ministre français Fillon. ’Il a expliqué le point de vue du gouvernement néerlandais et a été applaudi’, rapporte l’europarlementaire Corien Wortmann-Kool (CDA) qui a pris part à la réunion. ’Sa demande n’était absolument pas controversée’."
"Tard dans la soirée d’hier, Balkenende a aussi abordé la question du film au sommet même."

A la une, le même Volkskrant note que "la Deuxième Chambre ne trouve pas qu’elle abandonne le leader PVV Wilders à son sort maintenant que la présentation de son film anti-Coran Fitna se heurte à des difficultés financières". "Halsema (GroenLinks) a proposé un soutien politique à son collègue. D’autre part le SP, le VVD, GroenLinks et le D66 ne voient pas d’objections à ce que le film soit éventuellement montré dans le bâtiment du Parlement."
"Les partis de la coalition CDA-PvdA-ChristenUnie s’en remettent à la direction de la Chambre. ’Une éventuelle présentation dans le bâtiment de la Chambre n’est pas une décision politique, mais une décision administrative’, déclare le député CDA Van Haersma Buma."
"Wilders repousse les mains tendues. Il n’a pas fait appel à la direction de la Chambre pour présenter son film au Parlement et il ne veut pas faire de commentaire."
"Le D66, GroenLinks et le SP pensent que Wilders refuse la main tendue pour des raisons politiques. Pechtold : ’Il défraie la chronique chaque semaine, parfois dans le rôle de victime, il se régale.’ Marijnissen : ’Le fait que Wilders ne demande rien à la Chambre en dit long’."

L’AD (p.5) rend compte de l’absence du PVV de Geert Wilders à la concertation sur le blasphème et la liberté d’expression. De l’avis de Van Haersma Buma, si Wilders trouve que "tout cela n’est pas intéressant et veut seulement faire des commentaires hors de la Chambre, il aurait dû devenir commentateur ou cinéaste". "Il est payé pour être député, il doit donc être ici."

PRESSE HEBDOMADAIRE

HP/De Tijd, sur sa page de couverture, affiche un grand "smiley en colère" avec la mention Mohammed (Mahomet). "Sur Fitna, Balkenende et la libre expression". "Les Pays-Bas se laissent déboussoler par les possibles conséquences du film de Geert Wilders. C’est parce que nous sommes devenus une société de risque : nous avons peur de tout. Nous pouvons prendre des leçons des Danois."
Dans le quatrième volet d’une série de huit articles sur les Pays-Bas pendant la Guerre froide, l’hebdomadaire reconstitue "comment le gouvernement et la Maison Royale se sont terrés contre le danger atomique". Il publie un scoop dans ce contexte, des photos des plans d’un abri souterrain réalisé sur le terrain du palais Huis ten Bosch, car "jusqu’à une date récente les données sur l’abri de la Reine étaient conservées dans des archives publiques". C’est un amateur de vestiges de la Guerre froide qui les a récemment découvertes dans les Archives municipales de La Haye.
"Où les Pays-Bas s’approvisionneront-ils en électricité dans vingt ans ?" s’interroge Mark Merks en rubrique Focus. "La centrale nucléaire de Borssele, qui fournit quatre pour cent de notre consommation totale, fermera ses portes en 2033. Si la [ministre] Cramer [Logement, Aménagement du Territoire et Environnement, PvdA] obtient gain de cause, il n’y aura pas d’autre centrale nucléaire à ce moment-là." "Heureusement, si le développement d’énergie durable ne se déroule pas extrêmement vite, nous pourrons toujours nous adresser à la France. La France, qui est complètement autosuffisante en matière d’électricité, vend volontiers son surplus d’énergie nucléaire en réalisant d’agréables bénéfices. Un détail saillant : on estime que la France fournit déjà huit pour cent de notre électricité. Les Français ne seront certainement pas fâchés d’augmenter ce pourcentage. A ce moment-là, Cramer aura déjà quitté la scène et un de ses successeurs pourra déblayer ses décombres."
Vrij Nederland publie une nouvelle de Bernlef et un "Guide de la Semaine du livre 2008" de presque cinquante pages.
Dans une interview, la philosophe américaine Judith Butler, de passage aux Pays-Bas pour une série de conférences et de symposiums, remarque : "On parle beaucoup de libre expression aux Pays-Bas, mais je trouve frappant qu’on s’en serve souvent pour s’en prendre aux sensibilités des minorités." Elle trouve préoccupant qu’Ayaan Hirsi Ali se soit présentée dans le débat néerlandais comme une voix qui critique l’islam de l’intérieur. "J’ai trouvé que Submission était un mauvais film, embarrassing. On aurait dit une publicité lisse de Gucci, et puis cette voix américaine qui sort de derrière le voile, grotesque. On a écrit tant de livres importants sur l’islam, il y a des pratiques, des traditions, des mouvements féministes. Il est ridicule de réduire les femmes islamiques à cette image de femme opprimée et maltraitée à la recherche de liberté. Bien sûr, il faut lutter contre l’oppression et la violence contre les femmes. Mais en faisant comme si c’était un problème islamique, on suggère que cela n’arrive pas ’chez nous’, dans notre société prétendue moderne."
Elsevier propose un dossier "Placements durables". "Les fonds verts ont mauvaise réputation, mais le fisc les rend attrayants."
"Cela fait cinquante ans qu’il y a des centrales nucléaires" fait valoir Simon Rozendaal dans un article critique sur la ministre de l’Environnement Jacqueline Cramer. "A l’exception de cet unique accident dramatique qui est arrivé dans une centrale nucléaire soviétique bizarrement construite, l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire n’a jamais fait de mort. On ne peut pas en dire autant des centrales à charbon que la ministre Cramer veut construire. Presque chaque semaine une mine de charbon s’effondre quelque part dans le monde et des dizaines de travailleurs meurent, longtemps avant que la silicose ait raison d’eux. Mais heureusement, ce ne sont pas des Néerlandais. Cher Wouter Bos, puisque tu polarises maintenant, ne peux-tu pas ramener un peu à la raison les écolos emballés de ton propre parti ?"

AFFAIRES FRANÇAISES

Outre le grand reportage sur Bergues publié par le Volkskrant (pp.1 et 5) à propos du film Bienvenue chez les ch’tis, on retiendra un article de l’AD sur le cargo échoué aux Sables d’Olonne (pp.8-9) et un autre sur le cas de Chantal Sébire, atteinte d’une tumeur intraitable (p.12).

Dernière modification : 19/08/2008

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