Presse néerlandaise du mercredi 25 mai 2005

De
nombreux médecins généralistes feront grève aujourd’hui, demain et après-demain,
parce qu’ils se sentent incompris par la classe politique et sous-rémunérés dans
le nouveau système de soins que le ministre Hoogervorst veut appliquer.
Plusieurs quotidiens publient une photo de médecins en blouse blanche
manifestant contre la libéralisation du secteur des soins sur le Plein, à La
Haye. 

  • NRC Handelsblad
    d’hier soir : "Les avocats saisissent trop souvent la Cour de Cassation",
    "Exportation illégale de vieilles télévisions" (au lieu de les recycler aux
    Pays-Bas), "Nouvelle approche contre les menaces d’épidémie" (correspondance
    de Genève)
  • Trouw  : "Les
    CWI ne sont guère efficaces pour les chômeurs", "Levée de l’interdiction de
    vol pour Onur Air"
  • Algemeen Dagblad
     : "Vous pouvez de nouveau voler avec Onur", "Nouvelle concertation après la
    grève des médecins", "Les Belges écrivent mal le nom de leur pays" (nouvelle
    carte d’identité belge)
  • de Volkskrant  :
    "Hoogervorst cherche un médiateur - Le ministre demande informellement au
    président du RVZ s’il veut se pencher sur le conflit avec les généralistes",
    "’L’Europe parle trop d’argent’ - L’atmosphère anti-UE aux Pays-Bas étonne l’eurocommissaire
    polonaise Hübner"
  • De Telegraaf  :
    "De Mol menacé de mort - Un maître chanteur a fait de nombreuses enchères
    bidon sur des clubs de football espagnols
    ", "L’Inspection met en garde les
    médecins généralistes - Hoogervorst veut un médiateur", "Les ministres d’Etat
     : Votez ’oui’ le 1er juin"

* * * 

Affaires européennes
 

" Neuf
éminentes personnalités politiques des décennies passées, parmi lesquelles tous
les anciens premiers ministres et ministres d’Etat, ont publié hier une
déclaration commune exceptionnelle dans laquelle elles plaident passionnément en
faveur du ’oui’ à la Constitution européenne
le 1er juin ", écrit le
Telegraaf dans un encadré en première page. "Elles qualifient la
Constitution de meilleur résultat sur lequel les Etats membres de l’Union aient
pu s’accorder. ’En outre c’est un pas logique vers une Europe qui coopère
davantage dans les domaines où c’est possible et s’intègre davantage dans les
domaines où c’est nécessaire’."

" La
déclaration est une initiative de l’ancien ministre des Affaires étrangères et
ancien leader du D66, Van Mierlo
. Elle porte les signatures des anciens
premiers ministres Van Agt, De Jong, Kok et Lubbers et des anciens ministres Van
den Broek, Van Kemenade, Van der Stoel, Toxopeus et Van Mierlo. Les anciens
hommes politiques soulignent l’intérêt d’une organisation plus solide pour
rendre l’Union élargie plus dynamique
."

Ce
matin, le Volkskrant (pp.1 et 4) publie un entretien avec l’eurocommissaire
polonaise Danuta Hübner
(Politique des régions). On parle trop d’argent
dans l’Union européenne"
, dit Hübner. C’est ainsi que l’argent a pu
devenir pour beaucoup de personnes le symbole de l’Europe, alors qu’il s’agit de
ce qui nous lie en Europe et des valeurs que nous partageons."

"C’est
peut-être parce que je viens d’un pays qui a dû attendre cinquante ans pour
rejoindre le reste de l’Europe, mais je pense que de temps à autre nous devons
revenir aux valeurs qui font que nous nous sentons européens Il est idiot de
regarder uniquement combien un pays verse à l’UE et combien il reçoit en retour,
comme si cela reflétait la valeur de l’UE
."

Hübner
s’étonne un peu de l’atmosphère fortement anti-UE aux Pays-Bas. "Ce que nous
nous rappelons surtout des Pays-Bas, ce sont les camions qui ont apporté aux
Polonais une aide en signe de solidarité, pendant l’état de siège en 1981-82.
Les Pays-Bas ont d’autre part toujours été en tête s’agissant de l’aide au
développement."

" Nous
avons toujours associé les Néerlandais avec la solidarité. C’est pourquoi nous
nous étonnons un peu qu’ils risquent de rejeter maintenant les changements
positifs en Europe, car je suis absolument convaincue que ce traité est bien
meilleur que ce que nous avons
."

"Beaucoup de gens ont le sentiment que tout est allé trop vite et que nous, les
politiques, n’avons pas fait assez pour expliquer les changements. Nous
assistons maintenant à une réaction. Nous devons améliorer le contact avec
les citoyens
."

Dans le
même Volkskrant le leader PvdA Wouter Bos répète que, si le taux de
participation au référendum sur le Traité constitutionnel est suffisamment
élevé, le PvdA en respectera le résultat
. "Les conséquences politiques d’un
vote négatif dépendront énormément de la situation des Pays-Bas : sont-ils le
seul pays à rejeter la Constitution ou y en a-t-il d’autres ? Dans le second
cas, l’Europe aura un problème, ce sera la fin de la Constitution. Si les
Pays-Bas sont le seul pays, ce seront surtout eux qui auront un problème. Mais
même dans ce cas, je dirai : non, c’est non. Seuls les électeurs eux-mêmes
pourront transformer l’éventuel non en oui."

Regrettez-vous que le PvdA soit l’un des initiateurs du référendum ?" Bos : " Non,
c’est la seule manière de faire participer les gens davantage à l’Europe
. A
court terme ils risquent de dire non, de sorte qu’il y aura des ratés dans les
développements européens. Je suis convaincu qu’à long terme les gens se
sentiront de nouveau impliqués dans le processus européen. Cela a une grande
valeur pour moi. Qu’il en sorte un oui ou un non, pour moi le référendum est
déjà une réussite. Je n’ai encore jamais vu autant de discussion aux Pays-Bas
sur l’Europe et leur place dans cette Europe
."

"A mon
avis les élections de 2002 ont été décisives. Elles ont fait apparaître un fossé
entre les électeurs et les élus. Le fait que 85 pour cent de la Chambre soient pour la Constitution et que
simultanément les adversaires soient majoritaires selon les sondages d’opinion
confirme mon sentiment qu’à côté de l’intégration et de l’immigration, l’Europe
est un thème sur lequel le fossé entre électeurs et élus s’est beaucoup élargi.
Je préfère que la discussion monte à la surface plutôt que le mécontentement
ne continue de couver
."

"Je ne
sais pas l’on vaincra l’euroscepticisme à temps. Mais nous pouvons éviter que le
soutien à l’Europe ne s’érode de plus en plus. Parce que les gens se rendront
compte que le devenir de l’Europe est une chose sur laquelle ils peuvent se
prononcer."

En page
d’opinion du Volkskrant, la chroniqueuse Anet Bleich remarque que
le débat est extrêmement passionnant, le seul inconvénient est qu’il porte
surtout sur des affaires qui n’ont rien à voir avec la Constitution"
.
"L’Europe deviendra-t-elle un super-Etat ? Les Pays-Bas disparaîtront-ils en
tant qu’Etat ? Ces questions sont aussi excitantes qu’absurdes, car ce ne sera
pas le cas. Sommes-nous contents de l’euro, rétrospectivement ? L’élargissement
de l’UE aux nouveaux membres d’Europe centrale et orientale n’est-il pas allé
trop vite ? Ce sont des questions pertinentes en soi, mais les poser, c’est
épiloguer car je ne peux pas m’imaginer que la majorité des Néerlandais veuille
revenir au florin et bouter hors de l’UE la Pologne et la Tchéquie. Alors à quoi
sert-il d’exprimer par déception un vote protestataire contre la Constitution et
de provoquer une crise dans la coopération européenne ?"

" Compte
tenu de leurs intérêts économiques et de leurs idéaux politiques, il ne serait
pas raisonnable que les Pays-Bas tournent le dos à l’Europe
."

Pour
l’éditorialiste du Trouw , " Balkenende aura bel et bien un problème en
cas de ’non’
". " Balkenende, à l’époque, a commencé son mandat en
promettant de rétablir le lien avec les citoyens. La dure vérité que fait
apparaître la campagne actuelle est qu’il a échoué dans cette mission.
L’engagement du gouvernement a consisté en un bulletin illisible, des propos
grandiloquents, des menaces et des jérémiades.
Le ministre allemand des
Affaires étrangères, Joschka Fischer, a montré dimanche, durant le programme
télévisé Buitenhof, qu’on peut aussi s’y prendre autrement. Un heureux
changement, a déclaré l’ancien ministre chrétien-démocrate Van den Broek à
propos de sa performance, portant à juste titre un jugement extrêmement sévère
sur la campagne de Balkenende et de son équipe."

" Il
était donc plutôt prématuré de la part du premier ministre de dire qu’il ne
tirerait pas de conséquences politiques d’un ’non’. Il peut ne pas le faire,
mais comment pense-t-il conserver alors sa crédibilité aux Pays-Bas et en Europe
 ?
"

Notons
pour mémoire que c’était au tour de Jan Peter Balkenende, hier, de publier une
tribune en faveur de la Constitution dans le quotidien français Le Figaro.
Il y a rappelé que la France, de même que les Pays-Bas, est l’un des six
fondateurs de la coopération européenne.

 

Economie,
Finances

Rhin
de fer

"Les
Pays-Bas ont perdu la bataille avec la Belgique sur le coût de la réouverture du
Rhin de fer, la ligne de chemin de fer qui relie Anvers à la Ruhr allemande, en
passant par le Limbourg néerlandais", annonce le journal d’affaires Het
Financieele Dagblad
dans son grand article à la une. "La Cour Permanente
d’Arbitrage de La Haye a jugé hier que les Pays-Bas doivent cofinancer des
sections importantes et coûteuses de la ligne."

"La
ligne de chemin de fer qui date du XIXe siècle n’a plus servi depuis 1991. La
Belgique a demandé sa réactivation dans les meilleurs délais possibles."

"La
Cour reconnaît le droit de passage de la Belgique aux Pays-Bas. Elle estime que
les Pays-Bas doivent notamment contribuer au financement d’une déviation de la
ligne autour de Roermond et d’un tunnel dans le parc national De Meinweg."

Il n’y
a pas de possibilité d’appel contre la décision de la Cour d’Arbitrage, mais les
Pays-Bas semblent encore disposer d’échappatoires, notamment concernant les
effets sur l’environnement et le processus décisionnel planificateur, car la
Cour a aussi établi que le droit néerlandais s’applique. Selon le député CDA Jos
Hessels, quinze à vingt ans peuvent se passer avant de commencer les travaux.
"La question est de savoir si les Belges voudront attendre aussi longtemps"
(également de Volkskrant p.2, Algemeen Dagblad p.15, De
Telegraaf
p.27).

 

Petites et moyennes entreprises

Les
organisations patronales MKB-Nederland (petites et moyennes entreprises) et
VNO-NCW ont beau recommander en chœur de voter pour la Constitution européenne,
la plupart des entrepreneurs sont réticents. "Les petites et moyennes
entreprises voteront en masse le 1er juin", prévoit l Telegraaf (p.26) en
rubrique financière. "Selon un sondage effectué auprès de 1 046 entrepreneurs,
sur www.dezaak.nl, 80 pour cent se
rendront aux urnes et 54 pour cent
voteront contre, en dépit des recommandations positives de leurs organisations
centrales."

Les
Pays-Bas ont sans doute d’abord besoin d’un sévère camouflet, d’un retour de
manivelle économique, avant de voter pour la Constitution européenne, selon le
journal populaire.

 

Affaires françaises  

L’ Algemeen
Dagblad
(p.9) et le Telegraaf (p.14) rappellent qu’il y toujours une
Française, la journaliste Florence Aubenas, et son chauffeur détenus comme
otages en Irak.

 

Dernière modification : 25/05/2005

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