Revue de presse néerlandaise du mercredi 19 janvier 2005

Le retour très médiatisé d’Ayaan Hirsi Ali (VVD) à la
Deuxième Chambre, après plus de deux mois d’absence due à des menaces de mort à
son encontre, est le grand thème du jour.

La présentation à Blagnac, près de Toulouse, du plus gros
avion de ligne du monde, l’Airbus A380, est également évoquée à la une de
plusieurs quotidiens et l’événement donne lieu à des développements dans toutes
les rubriques économiques.

 

  • NRC Handelsblad
    d’hier soir : "Hirsi Ali reprend son travail à la Deuxième Chambre", "Les
    Affaires économiques menacent le secteur de l’énergie de sanctions",
    "Dévoilement officiel du ’Superjumbo’"
  • Trouw
     : "Hirsi Ali continue dans la tradition libérale - La députée VVD à son retour
     : Je ne cherche pas à blesser les musulmans", "Le nouveau système [bachelor/master]
    ralentit les études", "Le voyant : Tes filles sont mortes, ta femme vit"
    (reportage d’Aceh)
  • de Volkskrant
     : "Hirsi Ali : je poursuivrai jusqu’à Submission 4", "’Le gouvernement voulait
    isoler les syndicats’" (centenaire de la FNV)
  • De Telegraaf
     : "Hirsi Ali revient combative - La femme politique VVD poursuit sa chasse aux
    excès de l’islam", "Chapeau pour l’Airbus A380"
  • Algemeen Dagblad
     : "Il est risqué de se faire blanchir les dents", "Show Ayaan au Binnenhof"

 

 

* * *

 

Le dossier du jour
 : Ayaan Hirsi Ali

Ayaan Hirsi Ali poursuit son combat contre ’les principes de
l’islam qui sont incompatibles avec la démocratie libérale’", relève le
Volkskrant dans son grand article à la une. "C’est ce que la députée VVD menacée
a déclaré mardi, à son retour à la Deuxième Chambre, après s’être cachée pendant
75 jours. ’Je suis contente d’être ici, contente de pouvoir travailler et
contente de revoir bientôt mes amis’, a dit Hirsi Ali devant une salle pleine de
reporters néerlandais et étrangers. ’Il m’arrive d’avoir peur, mais je
continuerai. Je dois continuer’."

"Elle a promis d’assister à toutes les réunions, d’écrire des
articles et des scénarios de film, ’pour Submission part 2, mais aussi 3, 4, et
cetera’. Des manifestations publiques sont également possibles sous protection,
selon elle."

"Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour maintenir sur
l’agenda l’oppression des femmes musulmanes", a déclaré Ayaan Hirsi Ali durant
la conférence de presse qu’elle a donnée après avoir assisté à la Deuxième
Chambre au début de l’heure des questions.

"Les derniers mois, ses offensives contre l’islam avaient
fait l’objet de critiques, aussi de la part du VVD", rappelle le journal de
centre gauche. "Le leader du VVD, Van Aartsen, qui était à côté d’elle, l’avait
prévenue la veille au soir : les libéraux ne doivent pas se mêler de
’l’intérieur’ de la religion, mais uniquement lutter contre les excès."

"Hirsi Ali a déclaré partager ce point de vue. ’Les gens
peuvent avoir de telles conceptions, elles peuvent figurer dans le Coran. Mais
il est inadmissible d’agir en conséquence. On n’a pas de droit de réduire la
liberté des autres’."

"Pourtant, elle n’a pas repris ses déclarations antérieures
et elle a continué d’attaquer la source religieuse de ces actes. Elle considère
comme son ’principal objectif’ de ’dénoncer un nombre limité de principes de
l’islam’. ’Dans le Coran et le Hadith (tradition du prophète, réd.) il est écrit
que la femme est soumise à l’homme, que la séparation de l’Eglise et de l’Etat
est impossible, que les infidèles doivent mourir et que les dissidents doivent
être mis à mort immédiatement’."

"Van Aartsen s’est rallié à ses propos sur ce point : ’Il y a
là un certain nombre d’éléments auxquels nous sommes opposés en tant que
libéraux.’ Hirsi Ali a déclaré qu’elle ne cherchait pas à blesser les gens.
’Mais c’est difficile à éviter, car le débat sur l’islam touche de vieux textes
et des convictions profondes’." "A la question de savoir si le ton vif qu’elle
adopte a un effet, elle a répondu qu’Aboutaleb et Cohen figuraient aussi sur la
liste des personnes à assassiner. ’Pour les musulmans radicaux, peu importe quel
ton et quelle stratégie on adopte’."

 

Commentaires

Pour l’éditorialiste du Volkskrant, "le message central de
Hirsi Ali est parfaitement clair". "Les Pays-Bas doivent mieux se défendre et
tous les Néerlandais doivent tenir compte de la possibilité de violences. Elle
n’accepte donc pas que la ’grande majorité silencieuse’ des musulmans ne veuille
pas qu’on leur demande des comptes concernant une petite minorité."

"Il est compréhensible que les Néerlandais musulmans qui
habitent ici depuis des années n’aient pas envie de passer constamment un examen
d’attachement à la démocratie. Pourtant on est en droit d’attendre d’eux qu’ils
apportent leur contribution à l’isolement des éléments radicaux."

"Hirsi Ali a qualifié son
ancien collègue de parti Geert Wilders d’ami qui se distingue du VVD par une
’autre approche’. A cet égard, Hirsi Ali est la meilleure arme contre la
création d’un parti anti-islamique à droite du VVD. Le prix que les libéraux
paient pour cela est que Hirsi Ali ne se laisse pas réduire au silence - pas
même par le président de son groupe parlementaire."

L’Algemeen Dagblad estime qu’on
ne peut pas conclure des remarques justifiées de Van Aartsen "que Hirsi Ali ne
doit les menaces qu’à elle-même". "Ce qu’on a fait à la députée reste
injustifiable. Le débat sur la place de l’islam dans notre société doit pouvoir
être mené ouvertement."

 

Actualité internationale

 

Pays-Bas - Irak

Le ministre néerlandais de la Défense Kamp, dans un entretien
avec le NRC Handelsblad (p.3), évoque avec satisfaction la décision de retirer
les troupes néerlandaises d’Irak en mars, que le gouvernement Balkenende II a
prise lundi. "C’est notre pays et c’est nous qui prenons les décisions ici",
déclare le ministre VVD au journal du soir. "J’aurais bien aimé entendre les
arguments de nos alliés en faveur d’une prolongation en juin dernier, lorsque
nous avons débattu au sein du gouvernement et avec la Deuxième Chambre sur une
possible prolongation de huit mois de notre présence en Irak. Peut-être ont-ils
pensé à l’époque : cela viendra plus tard. En tout cas, en juin je n’ai pas
ressenti le lobbying au point de penser qu’il fallait tenir compte de souhaits
d’une nouvelle prolongation. Et nous avons dit alors : huit mois et ce sera
tout."

"Nous avons pris des engagements vis-à-vis de différents
pays. Nous avons 500 hommes en Bosnie, environ 300 en Afghanistan, 1 400 en
Irak. Nous avons mis un bataillon de 700 fusiliers marins à la disposition des
réserves stratégiques de l’OTAN, et 4 900 militaires de l’armée de terre à la
disposition de la force d’intervention rapide de l’OTAN. Depuis juin, cette
planification tient compte d’un retrait de l’Irak. A ma connaissance, il ne
s’est pas non plus produit de circonstances imprévues concernant l’Irak,
depuis."

"Quand on considère quels pays
européens se sont déjà retirés de l’Irak ou n’y sont pas allés, je trouve que
nous avons largement pris nos responsabilités. Je ne connais aucun pays, mis à
part le Danemark, peut-être, qui fait autant d’efforts que les Pays-Bas,
relativement, pour contribuer à la paix et à la sécurité dans le monde en
engageant des militaires."

Ce matin, le Volkskrant (p.3)
et le Telegraaf (p.10) notent que les Pays-Bas détacheront peut-être quelques
centaines de fusiliers marins de plus en Afghanistan. C’est "certainement
pensable", selon le ministre Kamp, si l’OTAN et le président afghan Karzai le
demandent.

 

Affaires françaises
 

 

Le NRC Handelsblad (p.15)
d’hier soir rend compte en rubrique économique de l’agitation sociale à la
Poste, à la SNCF et dans les compagnies d’énergie.

Ce matin, le Telegraaf (p.31)
évoque le Salon du Meuble 2005.

 

Dernière modification : 19/01/2005

Haut de page