Presse néerlandaise du vendredi 4 avril 2008

Plusieurs quotidiens publient une interview du président de la Banque des Pays-Bas (DNB), M. Nout Wellink, à l’occasion de la présentation, hier matin, du rapport annuel de la banque centrale. Selon M. Wellink, l’inflation dépassera encore 3 pour cent en 2009, aux Pays-Bas. "C’est un sujet de préoccupation", a déclaré le président, qui s’inquiète des conséquences de la récession américaine. "Les Pays-Bas s’en ressentiront indubitablement."
Alors que l’an dernier l’économie néerlandaise a connu une croissance de 3,5 pour cent, le Centraal Planbureau (CPB) prévoit 2,3 pour cent pour 2008.

NRC Handelsblad (libéral) d’hier soir : "Le président Wellink de la banque centrale : L’inflation augmente, l’économie décélère", "TON : Rita présente son mouvement, mais garde le secret sur ses financeurs – Verdonk prend le pays d’assaut à partir d’un bateau et d’une tribune VIP", "L’OTAN reste divisée sur la Géorgie et l’Ukraine"
De Telegraaf (populaire) : "’Ça suffit’ – Verdonk présente Trots op Nederland[Fiers des Pays-Bas]", "Van den Ende prend une participation dans Hyves" (médias)
de Volkskrant (centre gauche) : "Verdonk mise sur le nationalisme – Trots op Nederland : ’La culture et les libertés néerlandaises sont en danger et doivent être protégées’", "Les dissidents chinois sollicitent l’aide du CIO", "Le fils prodigue français de retour dans la famille de l’OTAN"
Trouw (chrétien progressiste) : "Verdonk attire les électeurs avec l’hymne national – Un show bien orchestré pour Trots op NL", "Catastrophe aérienne au Surinam : dix-neuf morts"
AD Haagsche Courant (indépendant populaire) : "Davantage de paris sportifs – Le Lotto veut une énorme extension des possibilités de pari", "Wellink : La nouvelle carte bancaire plus sûre ne sera pas plus chère", "Rita présente son Trots op NL"

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LE DOSSIER DU JOUR : Rita Verdonk

"C’est avec un programme fortement nationaliste que Rita Verdonk a donné hier le cou d’envoi officiel de Trots op Nederland (TON)", écrit le Telegraaf dans son grand article à la une. "Les étrangers doivent signer un contrat sur leurs droits et leurs obligations, les jeunes délinquants doivent être rééduqués et la culture néerlandaise doit de nouveau triompher. ’Nous sommes un peuple hospitalier depuis des siècles. Mais pourquoi les Néerlandais doivent-ils toujours ’se pousser’ dans leur propre pays et s’adapter à de nouvelles cultures ? Je dis : ça suffit !’, a déclaré Verdonk hier, lors d’une réunion festive à l’Amsterdam Passenger Terminal."
"Selon la politicienne, les normes et valeurs néerlandaises sont en danger. C’est pourquoi elle veut appliquer une politique d’asile et d’intégration dure. Les vrais réfugiés seront toujours les bienvenus, mais les permis de séjour permanents ne seront plus accordés que ’quand on ne pourra vraiment pas faire autrement’."
"Verdonk a lancé son mouvement durant un spectacle sans précédent aux Pays-Bas. Après un dîner exclusif sur un bateau, avec ses donateurs les plus généreux, elle a été accueillie sous les acclamations dans une salle de fête assez bien remplie, dans laquelle elle s’est rendue sur des béquilles, à cause de sa déchirure musculaire. L’hymne national a immédiatement été entonné."
"Les grandes lignes du message politique de Verdonk sont proches du message du VVD, avec des thèmes comme la sécurité, la lutte contre les bouchons et l’intégration. Il faut réduire fortement l’aide au développement, de même que le nombre de fonctionnaires et de députés, il faut réduire la réglementation et il faut faire davantage confiance aux citoyens et leur confier plus de responsabilités."
"Verdonk a pris la défense de Geert Wilders, qui a été malmené ces derniers jours, après sa confrontation avec le gouvernement. Selon la fondatrice de Trots op Nederland, le premier ministre Balkenende a galvaudé la liberté d’expression en mettant en garde contre les conséquences du film Fitna avant sa parution. ’Beaucoup d’agitation pour rien’, a dit Verdonk. Dans ce cadre, elle a fait une vive sortie contre le président de l’organisation patronale VNO-NCW, Bernard Wientjes. Selon Rita-de-fer, qui est surtout populaire parmi les PME, le patron des entrepreneurs ferait mieux de s’inquiéter de l’organisation Milieudefensie, qui contrarie de grands projets d’infrastructure aux Pays-Bas, plutôt que d’essayer de faire taire Wilders."
"Ce qui distingue Verdonk des autres partis, c’est qu’elle veut impliquer tout le monde dans la formulation de ses positions, par le biais de son site Internet."

"Rita Verdonk regrette les Pays-Bas vierges et immaculés d’antan", remarque le rédacteur Bas Heijne en page d’opinion du NRC Handelsblad d’hier soir. ’Derrière toute cette nostalgie se cache indubitablement une sorte de calcul louche. Personne ne l’a encore remarqué, mais Rita Verdonk et son TON ressemblent de façon suspecte à Nina Brink et son WOL (World Online). Mais ce qui est gênant, c’est la facilité avec laquelle les nouveaux populistes ont accaparé le thème des Pays-Bas. L’image des Pays-Bas dont ils se servent est d’une simplicité et d’une nostalgie éhontée, mais elle attire tant de gens parce que l’idée des Pays-Bas, qui n’est pour eux qu’une idée de communauté, a été négligée si longtemps par l’ordre établi."

ACTUALITÉ INTÉRIEURE

Geert Wilders

"Le film de Wilders ne traite que d’une partie extrêmement réduite de la population musulmane", fait valoir le chroniqueur Rob de Wijk en page d’opinion du Trouw. "Le grand défi est d’éviter que ce petit groupe ne forme la base d’un large mouvement de musulmans radicaux qui pourrait devenir un facteur de pouvoir réel. Cela réclame surtout un dialogue avec les musulmans modérés. Nous savons maintenant que Wilders en est incapable et que la meilleure stratégie est de l’isoler politiquement, médiatiquement et socialement. Il ne sera alors plus qu’une figure tragique à laquelle seuls ses gardes du corps pourront encore conférer un certain prestige."
On notera dans ce contexte que, selon un sondage d’opinion de Maurice de Hond, 32 pour cent des Néerlandais sont d’avis que le ministre de la Justice Hirsch Ballin a menti à propos de ce qu’il savait du projet de film de Geert Wilders et 43 pour cent de la population pensent que c’est le leader PVV qui a menti (de Volkskrant p.3).

Le commentateur du Telegraaf estime qu’il faut clarifier la question, parce que "les théories de complot sont mauvaises pour la démocratie, de même que les étouffoirs qu’on pose sur les affaires auxquelles plus personne ne veut se brûler". "La Deuxième Chambre dispose d’instruments pour cela et elle doit les employer."

Balkenende

Plusieurs quotidiens annoncent que le premier ministre Jan Peter Balkenende intente un procès en référé à l’hebdomadaire Opinio. Le premier ministre exige que cette publication rectifie un article dans lequel sont cités des extraits d’un discours où M. Balkenende aurait dit : "Ce n’est pas l’islam radical ou le terrorisme islamique ou le fondamentalisme en général, mais – je le dis – c’est l’islam qui est le grand problème."
Le RVD affirme que le premier ministre n’a jamais écrit ou prononcé un tel discours (de Volkskrant pp.1 et 18, AD p.6, Trouw p.7).

PRESSE HEBDOMADAIRE

HP/De Tijd titre "383 fonctionnaires ont un chauffeur", à côté d’une photo de chauffeur portant casquette, nœud papillon et gants blancs. "Dans le privé, une voiture avec chauffeur est chose courante. Mais les (hauts) fonctionnaires aiment aussi se faire conduire. Qui roule en quoi ? Et quelles sont les règles ? Une quête hilarante aux résultats remarquables." "La voiture la plus ’propre’ est celle du Commissaire de la Reine en Groningue, Max van den Berg. L’ancien europarlementaire PvdA et patron de Novib travaille à ses dossiers dans une Lexus hybride."
Dans l’article de fond "Le groupe de Wilders", l’hebdomadaire s’interroge sur "le secret de ce groupe qui fait tant parler de lui" et qui, à la différence de la LPF, n’a pas sombré dans des querelles internes après sa victoire aux élections. "Le groupe est une machine bien huilée qui opère selon des règles que les sbires de Wilders respectent scrupuleusement."
Dirk-Jan van Baar, dans sa rubrique internationale, note qu’"avec le tourbillon Sarkozy, la clintonisation a fait son entrée dans la politique française". "Cette transparence (involontaire) n’est plus réversible et ainsi Sarko, durant sa première année, a déjà apporté plus de changements que son prédécesseur après deux mandats."

Elsevier dispense des conseils pour profiter de l’étroitesse du marché du travail : "demandez une promotion, exigez une augmentation ou réalisez votre rêve et changez d’employeur". "Il y a un nombre record d’emplois vacants, le chômage est historiquement bas, les entreprises réclament du personnel. Mais les travailleurs qualifiés sont extrêmement rares et ils le resteront, notamment en raison du vieillissement de la population. Et donc les employeurs cherchent des solutions structurelles."
Sous le titre "Au nom de la liberté", le magazine a regroupé six entretiens avec des défenseurs des valeurs occidentales qui s’opposent à l’influence des fondamentalistes musulmans : le Néerlandais Hans Jansen, le rédacteur en chef de Charlie Hebdo Philippe Val, le journaliste du Spiegel Henryk Broder, le Britannique Pat Condell, l’écrivain américain Norman Podhoretz et le journaliste danois Flemming Rose.

Vrij Nederland, dans le cadre du Mois de la philosophie, publie un "Spécial philosophie" sur "les 12 penseurs les plus sagaces des Pays-Bas".
Sur le plan politique, l’hebdomadaire s’intéresse aux possibles donateurs de Rita Verdonk, qui "a besoin de dix millions pour assurer le succès de son Trots op Nederland." Dans un autre article, il évoque la "démocratie primitive" de Geert Wilders et Rita Verdonk. "Qu’est-ce que ’Fitna’ de Geert Wilders et le programme politique de Rita Verdonk ont en commun ? Ce sont des produits de politiques qui n’existent que grâce à un antagonisme, entre musulmans et non-musulmans ou entre la majorité et la minorité."

AFFAIRES FRANÇAISES

"L’élargissement de l’Alliance était le principal thème du sommet de l’OTAN à Bucarest", écrit le Volkskrant à la une. "Mais la nouvelle qu’un fils prodigue revient dans la famille est peut-être encore plus importante. Alors que les leaders de l’OTAN ouvraient la porte à l’Albanie et à la Croatie, le président français Sarkozy annonçait que son pays prendrait cette année une décision sur le retour de la France dans la structure militaire de l’Alliance."
"Cela ne déplacera pas des montagnes du point de vue stratégique", commente l’éditorialiste du journal de centre gauche, "mais après quarante ans de distance entre la France et le quartier général de l’OTAN, cela peut tout de même être considéré comme un moment historique. Après avoir réactivé la politique européenne, l’Elysée de Sarkozy fait savoir qu’il veut jouer de nouveau un rôle central dans le cadre atlantique."

Dernière modification : 19/08/2008

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