Presse néerlandaise du vendredi 21 janvier 2011

LES GRANDS TITRES

- Trouw (chrétien progressiste) : Brandon est en de bonnes mains
- De Volkskrant (centre gauche) : La révolution tunisienne a commencé là.
- AD Haagsche Courant (indépendant populaire) : Risque de désordres pendant la manifestation
- De Telegraaf (populaire) : Bon démarrage pour Rutte
- NRC-Handelsblad : Shell a une grande influence sur la politique étrangère

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ACTUALITE INTERNATIONALE

Wikileaks

En cette fin de semaine, les journaux publient une synthèse de leurs dernières « révélations » sur Shell (NRC  : Shell a une grande influence sur la politique étrangère) et sur la précédente coalition gouvernementale (« NRC : « Faire pression sur Bos était une habitude chez les fonctionnaires » et Volkskrant : « le CDA et les diplomates américains ont conspiré »). Le Volkskrant ajoute à sa série de hauts fonctionnaires l’ambassadrice des Pays-Bas aux Etats-Unis.

A l’occasion de la Conférence des Ambassadeurs, qui vient de se tenir à La Haye, le ministre des Affaires étrangères, M. Rosenthal, a exprimé sa « confiance totale » dans les « professionnels » du service diplomatique, relève le Volkskrant. « Il n’a pas estimé nécessaire d’appeler à une plus grande prudence dans les contacts avec les diplomates américains. Les diplomates présents semblent accorder moins d’importance à Wikileaks que leur chef politique, estimant que cela préoccupe surtout la direction du département. (…) Une certaine retenue semble toutefois inévitable. Le Premier ministre Mark Rutte déclarait la semaine dernière qu’il éprouve des réticences à révéler le fond de sa pensée : ‘Lors des prochains contacts avec l’ambassadeur des Etats-Unis, je lui demanderai quel est le risque de fuite. De la fermeté de sa réponse dépendra mon degré de franchise’ ».

Le Trouw donne la parole à des spécialistes de questions internationales – l’ancien ministre de la Défense VVD Joris Voorhoeve, le professeur de diplomatie à l’Institut Clingendael Jan Melissen et le directeur de l’HCSS Rob de Wijk – qui s’accordent à ne « rien voir d’extraordinaire » dans les informations de Wikileaks. M. Voorhoeve souligne que « Les télégrammes publiés ne représentent qu’une fraction de l’information utilisée par le Département d’Etat (à côté de celles fournies par les services de renseignement et les médias) et que l’on ignore dans quelle mesure ils sont déterminants. La politique d’influence des Etats-Unis n’a rien de nouveau : c’est tout simplement la réalité de La Haye. Historiquement, les Américains se sont toujours donné beaucoup de mal pour obtenir le soutien néerlandais. Dans les années quatre vingt, il y avait les missiles de croisière, maintenant, c’est l’Afghanistan ». Dans sa chronique politique, Rob de Wijk conclut que « Wikileaks a essentiellement pour effet de déstabiliser le débat politique. Les télégrammes sont déjà vieux de quelques années, doivent être mis au compte de leur rédacteur, sont présentés sous un verre grossissant et mettent en exergue une petite partie de la diplomatie néerlandaise, à savoir la relation avec les Etats-Unis. Ils permettent de jeter un regard en coulisse, mais rien de plus. Ils montrent en tout cas que les Pays-Bas et les Etats-Unis ne se laissent pas imposer une ligne de conduite : en dépit de toutes les pressions, les Pays-Bas sont partis d’Afghanistan et l’Amérique n’a pas mis à prix la tête de Kony ».

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ACTUALITE INTERIEURE

Partis politiques

En 2010 le nombre total d’adhérents des partis politiques a connu une hausse de 3,9% (de 307.502 en 2009 à 319.552 en 2010). C’est ce qui ressort du rapport annuel du Centre de Documentation sur les Partis Politiques Néerlandais (DNPP) de l’Université de Groningue (Trouw p5, Volkskrant p4). Les partis qui profitent le plus de cette hausse sont le parti écologiste de gauche GroenLinks (+28,9%) et le parti démocrate libéral D66 (+16,7%). Les deux partis chrétiens, le CDA et la ChristenUnie, ont perdu des adhérents (-2,5%). « A la fin des années 90, les Néerlandais s’étaient désintéressés de la politique, mais après l’attentat du 11 septembre 2001 et l’assassinat de Pim Fortuyn en 2002, la politique s’est de nouveau polarisée aux Pays-Bas », déclare M. G. Voermans du DNPP. Après ces évènements, des thèmes comme l’Islam et l’intégration se sont ajoutés aux sujets socio-économiques traditionnels. D’après M. Voermans « Ce n’est pas un hasard si le D66 et GroenLinks ont pu enregistrer le plus d’adhérents en 2010. Ils se montrent particulièrement critiques vis-à-vis du PVV de M. Wilders. Ces partis profitent des différences bien visibles au niveau socioculturel. Concernant le PVV, M. Voermans note que « le PVV n’accepte pas d’adhérents, mais si l’on applique la moyenne de 2,5% de membres par rapport au nombre d’électeurs (1,5 million), on arrive à plus de 37.000. Ce qui n’est pas réaliste. Toutefois, le PVV n’aurait aucun problème à obtenir 4000 membres, ce que comptait la LPF en 2002 ».

Gouvernement

Le Telegraaf titre à la une « Bon début pour Rutte », suite à un sondage que le journal populaire a effectué auprès des groupes parlementaires de la Deuxième Chambre après les 100 premiers jours du gouvernement Rutte. A la demande du Telegraaf, les partis ont attribué une note aux ministres. M. Opstelten, ministre de la Sécurité et de la Justice, a obtenu la meilleure note avec 7,5 sur 10. Son collègue, M. Leers, ministre de l’Immigration et de l’Asile, a reçu la plus mauvaise note mais reste au dessus de la moyenne avec 6,1 sur 10. Le Premier ministre M. Rutte obtient une deuxième place avec 7,3 sur 10. Le gouvernement obtient une note moyenne de 7-.

Défense

Le Volkskrant signale que la Deuxième entendra aujourd’hui le chef d’Etat major des armées, le général van Uhm, dans le cadre des auditions organisées sur la mission de formation de police en Afghanistan.
Dans ce contexte, le journal publie une interview d’un « expert de la police », M. Tim Bremmer, auteur en 2009 d’une étude sur l’avenir de la police afghane (p.11). « Ses conclusions sont à la fois limpides et pessimistes : seule une réorientation radicale et une opération de soutien de longue durée, de 20 à 30 ans, peuvent être utiles à la police afghane. L’organisation actuelle, essentiellement militaire, repose sur des hommes mal formés, corrompus, analphabètes à 80%, drogués, avec lesquels l’Afghan moyen ne veut rien avoir à faire. Cela n’a aucun sens de continuer à investir dans cette organisation. Il faut mettre en place une police civile, épaulée par une gendarmerie, une sorte d’unité mobile avec des tâches complémentaires. Le rendement de l’investissement occidental dans la police afghane ces 8 dernières années – que l’on peut estimer à 10 milliards $ - est très, très faible ». De l’avis de l’Académie de police, « les Néerlandais qui forment des policiers afghans ont une tâche difficile, voire impossible. L’efficacité diminue proportionnellement à l’écart culturel entre les formateurs et leurs élèves. En ce qui concerne l’Afghanistan, on frise l’impossible ».

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A SIGNALER

Agriculture – Telegraaf p. 31 : le secrétaire d’Etat à l’agriculture, M. Bleker, se réjouit des « excellents résultats » et du « redressement spectaculaire » des exportations agricoles néerlandaises, qu’il présentera dans le courant de la journée à la Grüne Woche à Berlin.
Economie – Volkskrant 26 : interview du directeur des services économiques de la RaboBank, M. Mark Cliffe, centrée sur les opportunités qu’offre aux Pays-Bas la croissance chinoise (avec un petit encadré sur les exportations entre la Chine, les Pays-Bas et l’Allemagne).

Cette revue de presse ne prétend pas à l’exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse néerlandaise, qui n’engagent en rien le point de vue propre de l’ambassade de France aux Pays-Bas.

Dernière modification : 21/01/2011

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