Presse néerlandaise du vendredi 20 août 2004

Les grands titres :

- NRC-Handelsblad : La taxe sur les bénéfices ramenée à trente pourcent
- Trouw : Les Américians bombardent Najaf
- Volkskrant : La bataille de Najaf à son maximum
- Algemeen Dagblad : Augmentation des cotisations de maladie
- Telegraaf : L’évêché veut récupérer l’argent versé pour un scandale sexuel

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Affaires internationales

Soudan

Le Trouw publie une interview de Jan Pronk, envoyé spécial des Nations-Unies au Soudan, sous le titre « Augmentons la pression sur le régime soudanais ». Celui-ci explique que « cela fait plus d’un an que l’on laisse ce conflit dégénérer, et maintenant, nous sommes dépassés par les événements ». (...) « La communauté internationale a pris des mois de retard. Il faut des milliers d’observateurs (...), j’espère que le mois prochain, les responsables internationaux vont en parler. Pour arriver à une solution politique, nous avons besoin des rebelles. C’est compliqué, car il y a beaucoup plus de groupes que le SLA et le JEM, qui sont bien connus. Certains écoutent, d’autres non, il y a de vagues lignes de commandement. Mais nous essayons de dialoguer avec eux et de les convaincre de se rendre aux négociations de paix au Nigéria. Et de les empêcher d’attaquer les convois d’aide. Du fait que la plupart des personnels de secours sont des locaux, ils sont rapidement pris pour des espions ou des ennemis. (...) Il ne faut pas oublier qu’au Soudan, nous continuons de recueillir les fruits amers des frontières coloniales établies par l’Europe vers 1890. Si quelqu’un peut se montrer cynique à propos du Soudan, c’est bien moi : en tant que ministre de l’aide au développement, j’ai suivi les choses pendant 12 ans. Mais dans l’accord de paix qui est en préparation, Khartoum cède beaucoup de pouvoir au nouveau gouvernement qui doit se constituer dans le sud, et l’opposition peut prendre part au gouvernement à Khartoum. Cela peut signifier un revirement de la situation pour le Darfour. Je croise les doigts ».

Actualité intérieure

Terrorisme

Le Volkskrant annonce que « les suspects de Roosendaal ne sont pas les terroristes recherchés » pour l’attentat de Madrid.
Après comparaison des empreintes digitales, il s’avère que « l’homme arrêté mercredi n’est pas Mohamad Afalah. Le ministère public a fait savoir qu’il reste en détention pour possession de stupéfiants.

Comportement électoral

Dans sa rubrique du Het Parool, Bart Tromp réfléchit à l’évolution du comportement de vote aux Pays-Bas, faisant référence aux résultats du NKO (Nederlands Kiezersonderzoek, étude sur les électeurs néerlandais)) depuis 1971 et se pose en faux face à la « superstition moderne » selon laquelle la politique se serait « personnalisée ».

« Interrogés sur le choix d’un parti, une partie des électeurs cite certes des personnalités, et en particulier les têtes de liste ; mais cette partie de l’électorat ne dépasse jamais les 10 à 15%. Le pourcentage varie entre ces deux chiffres, mais il n’a pas augmenté depuis 30 ans. Le phénomène a été le plus marqué lors des élections de 1977 et 1998. Il s’avère du reste que la distinction entre ‘personne’ et ‘parti’ n’est pas si simple. La bataille électorale de 1977 s’est jouée entre Den Uyl et Van Agt, pas du fait de leur personnalité, mais parce que chacun s’entre eux incarnait parfaitement son parti. Les études font du reste apparaître que la préférence pour une certaine personne est souvent lié à une préférence pour un parti. Le NKO a également étudié le sens du vote sur une personne : est-ce une voie donnée à cette personne, ou une voix au parti qu’elle conduit ? 23% des électeurs votent en partie sur la personne, mais pour la grande majorité des électeurs, voter pour une tête de liste signifie voter pour un parti. Si l’on étudie les données par parti, le résultat du PvdA en 2002 est frappant - du moins pour ceux qui pensent que Wouter Bos a fait remonter la pente à son parti : on retrouve ici ce que je qualifie de ‘superstition moderne’. Parmi ceux qui ont voté PvdA, 21% seulement ont cherché à soutenir Bos ; quatre fois plus ont voulu soutenir le parti par leur vote. Lorsque l’on demande à ces mêmes électeurs s’ils auraient voté pour Bos si celui-ci s’était trouvé plus bas sur la liste du PvdA, 70% répondent par la négative. Cette étude confirme que les électeurs néerlandais votent surtout sur des partis et des programmes et pas sur des personnes. Cela s’applique même à la LPF : les électeurs du parti de Pim Fortuyn étaient surtout motivés par les thèmes de l’intégration et de l’immigration auxquels ils l’associaient. Mais le ministre De Graaf, le gouvernement, les grands partis, les commentateurs continuent de bavasser sur le passage de la démocratie de partis à la démocratie de personnes. Aveugles à la réalité, ils s’entêtent dans cette ‘superstition moderne’ ».

Anti-sémitisme

Selon Carine Damen dans HP/De Tijd, « l’antisémitisme est de nouveau permis ». « Personne ne l’aurait cru il y a une dizaine d’années, mais les juifs sont de nouveau considérés comme des étrangers aux Pays-Bas. Maintenant que l’intégration est devenue une priorité, d’autres minorités que les musulmans du Maroc ou de Turquie retiennent visiblement l’attention. Mais les juifs sont des autochtones depuis des siècles, sans problème de langue ou d’intégration. Ils partagent les normes et valeurs néerlandaises, ont souvent une apparence néerlandaise et parfois des noms néerlandais. Pourtant, ils ont hérité de leurs ancêtres une religion, une culture et une identité. Dans les siècles antérieurs, de nombreux juifs ont fui la Pologne, la Russie, le Portugal ou l’Espagne pour venir aux Pays-Bas. Les juifs espagnols ou portugais (séfarade) avaient généralement reçu une formation poussée et participaient à la vie culturelle des Pays-Bas, comme Spinoza. Ceux qui venaient d’Europe de l’Est (askenazi) étaient souvent pauvres et peu éduqués. Leur mode de vie (chiffonniers, bouchers) leur rapportait peu et suscitait les moqueries des Néerlandais. Un antisémitisme quotidien, dans le langage courant et ses expressions était habituel. Au fil des siècles, les juifs se sont tellement bien intégrés que beaucoup ne savent plus ce que veut dire ’être juif’. Mais actuellement, les juifs cherchent à se regrouper, car ils se sentent menacés. D’une part, par les jeunes marocains qui reportent sur les juifs leur mécontentement social. La révolte palestinienne de 2000 (intifadah) est un prétexte commode pour justifier les déclarations anti-sémites. (...) Mais depuis quelques temps, les Néerlandais semblent reprendre de plus en plus à leur compte les idées antisémites. L’historien juif Daniel Dessaur affirme entendre de plus en plus souvent dans les cafés des remarques antisémites d’origine arabe reprises par des Néerlandais autochtones. On remarque que le Néerlandais moyen devient moins tolérant aux critiques de plus en plus vigoureuses contre Israël ; les juifs néerlandais sont fréquemment tenus responsables de ce qui s’y passe. (...) C’est étonnant dans un pays qui débordait d’amour pour Israël dans les années soixante. Si avant la guerre il était tout à fait normal de montrer son mépris pour les juifs, après l’holocauste, un tabou sur toutes les remarques antisémites et tout ce qui pouvait y ressembler s’est rapidement imposé. Ce tabou est en train de disparaître. « Soixante ans après la guerre, le sentiment de culpabilité s’est estompé, selon Dessaur. De plus, nous vivons dans l’ère post-Pim Fortuyn : on a le droit de dire tout ce que l’on veut. Les sentiments antisémites, qui n’ont jamais disparu, remontent à la surface. Bien sûr, c’est très bien de pouvoir tout dire, mais les opinions dangereuses saisissent également cette opportunité ».

Dernière modification : 10/09/2004

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