Presse néerlandaise du vendredi 17 novembre 2006

Pour la deuxième fois cette semaine, la pluie a causé des bouchons d’une ampleur historique sur les routes néerlandaises. Au plus fort de l’heure de pointe du soir, il y avait presque 600 kilomètres de ralentissements, trois fois plus qu’en temps normal. Les régions d’Amsterdam, de Rotterdam et d’Utrecht ont été les plus touchées. "C’est bizarre", déclare un porte-parole du touring club ANWB. "Un peu de pluie à quatre heures suffit manifestement à provoquer une telle situation."

NRC Handelsblad (libéral) d’hier soir : "Frictions entre les Pays-Bas et leurs partenaires de l’OTAN - La direction militaire néerlandaise craint trop de violence en Afghanistan", "Joseph Kabila, le président timide", "Reconstitution de l’ADN de l’homme de Neanderthal"

de Volkskrant (centre gauche) : "Des Néerlandais ont torturé des Irakiens - Le Service de renseignement et de sécurité militaire a tenu des ’interrogatoires tactiques brutaux’ - Le chef d’état-major de l’époque, Kroon, n’a pas signalé au Ministère public ce qu’il savait", "Le fiasco d’un jeu téléphonique coûtera 100 millions à l’Etat", "Même la pauvreté est un point litigieux" (campagne électorale)

Trouw (chrétien progressiste) : "D’éminents membres du CDA : Prenez pour exemple l’amnistie allemande - Pression croissante sur Balkenende" (demandeurs d’asile en fin de procédure)

De Telegraaf (populaire) : "Bonus pour un enseignant qui a eu une relation sexuelle avec une adolescente - Un professeur de sciences naturelles renvoyé à la suite d’une liaison avec une élève de 16 ans", "Le SP n’est plus qu’à deux sièges du PvdA", "Nouveaux mégabouchons"

AD Haagsche Courant (indépendant populaire) : "Le personnel des cliniques tbs [protection judiciaire] est impuissant" (nouvelle cavale d’un condamné dangereux), "Marijnissen prend une pause, Balkenende continue de rire" (le premier ministre comme coprésentateur du programme télévisé RTL Boulevard)

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ACTUALITE INTERNATIONALE

Pays-Bas - Irak

"Des officiers néerlandais se sont rendus coupables de tortures sur des dizaines de prisonniers irakiens dans la province d’Al Muthanna, dans le Sud de l’Irak", annonce le Volkskrant dans son grand article à la une. "En novembre 2003, une cellule du Service de renseignement et de sécurité militaire (MIVD) a tenu des ’interrogatoires tactiques brutaux’. Durant ces interrogatoires, les suspects portaient des lunettes de protection, de sorte qu’ils ne voyaient rien. Ils étaient aussi exposés régulièrement à une lumière vive. Les Irakiens étaient aspergés d’eau pour les tenir éveillés et soumis à des sons d’une ’fréquence particulièrement élevée’. Le conseiller juridique qui doit assister à de tels interrogatoires était absent."
"Le ministère de la Défense confirme les faits. ’Il s’est passé des choses qui sortent du cadre des instructions’, a déclaré le directeur de l’information Joop Veen hier soir. Veen ne sait pas si l’affaire a été rapportée au ministre Kamp. ’Cela s’est passé il y a longtemps et on ne peut pas tout retenir’."
"Début novembre 2003, le chef d’état-major de l’époque, Luuk Kroon, a été mis au courant de tensions dans le camp néerlandais, à propos du traitement des prisonniers que des officiers du MIVD interrogeaient dans un établissement de la Coalition Provisional Authority, à As Samawah. L’amiral Kroon n’a pas signalé ces faits punissables au Ministère public."

ISAF

"Les Pays-Bas se querellent avec leurs alliés de l’OTAN en Afghanistan sur la stratégie à suivre dans le Sud agité", relève le Telegraaf (p.3). "Selon le Canada, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, nos militaires chercheraient trop à gagner les cœurs des habitants et ne feraient pas assez pour lutter contre les talibans. Des sources proches du ministère de la Défense le confirment. Et les Néerlandais ne seraient guère disposés à subir des pertes. Il n’y a eu aucune victime néerlandaise durant les combats, alors que les Canadiens, les Britanniques et les Américains déplorent déjà de nombreux morts."
"Le plus haut militaire néerlandais, le général Berlijn, défend âprement l’approche néerlandaise au sein de l’OTAN. Il veut montrer des résultats rapides à la population afghane et il insiste sur le fait qu’il s’agit d’une mission de reconstruction, alors que ses collègues étrangers veulent accentuer davantage les opérations militaires contre les talibans. En Afghanistan, l’approche néerlandaise suscite des tensions. Ainsi, les Américains, qui sont placés sous le commandement du général néerlandais Van Loon depuis le 1er novembre, chercheraient constamment à repousser les limites de l’admissible dans la lutte armée" (également NRC Handelsblad d’hier soir pp.1 et 3, de Volkskrant p.3).

ACTUALITE INTERIEURE

Campagne électorale

1) Union européenne. "A côté de l’Etat-providence et de l’enseignement, la politique étrangère devrait jouer un rôle central dans la lutte électorale", écrit Bart Tromp dans sa chronique en page d’opinion du Het Parool d’hier soir. "Or il n’en est rien. On dirait que les Pays-Bas n’ont rien à voir avec personne au monde. Le premier thème concerné est l’Europe. Le projet de ’traité constitutionnel’ a été rejeté l’an dernier, lors d’un référendum irréfléchi. Etant donné que le traité avait trait à beaucoup de choses, personne ne sait quels éléments étaient acceptables pour les électeurs et quels autres ne l’étaient pas. Tous les partis politiques font maintenant comme si le contenu tout entier avait été catégoriquement rejeté. Aucun parti n’a fait de propositions aux électeurs sur l’avenir de l’Europe."
"Le SP en a même fait un thème électoral : les autres partis politiques doivent déclarer qu’ils rejetteront de toute façon une nouvelle version. Mais c’est une thèse indéfendable. Les Pays-Bas ne peuvent pas se soustraire à la discussion sur l’organisation du processus décisionnel d’une communauté qui a commencé avec six Etats membres et qui en compte maintenant 27. Notre pays ne peut pas non plus se laisser mettre hors jeu dans la discussion tout aussi nécessaire sur les compétences européennes et les compétences nationales."

"Dans la campagne électorale, l’Europe se limite à quelques débats publics pour initiés, comme Bot et Bolkestein", remarque le NRC Handelsblad (p.6) d’hier soir de son côté, dans le compte rendu d’un tel débat à Amsterdam. Un tableau sur les positions de huit partis politiques concernant l’UE accompagne le reportage.

2) Sondage. "Le SP de Jan Marijnissen talonne le PvdA de Wouter Bos", note le Telegraaf à la une. "Il ressort du dernier sondage d’opinion Interview NSS que le SP n’est plus qu’à deux sièges du PvdA. Il en est à 30, contre 32 pour les sociaux-démocrates. Le CDA a une forte avance sur le PvdA, qui reste pour le moment le deuxième parti. Le sondage accorde 44 sièges au parti de Jan Peter Balkenende." "L’écart entre le SP et le VVD est désormais de neuf sièges. Les libéraux se voient attribuer 21 sièges."
"Avec GroenLinks, les partis de gauche arrivent à 69 sièges. La tête de liste de GroenLinks, Femke Halsema, fait des tentatives acharnées pour entrer en débat avec le PvdA et le SP sur la formation d’un gouvernement de gauche."

3) Gouvernement minoritaire. "La tête de liste de la ChristenUnie, Rouvoet, estime que ce serait faire preuve de ’mépris’ pour les électeurs si le CDA et le VVD formaient un gouvernement minoritaire après les élections", rapporte le Trouw (p.4). "Rouvoet, lors d’un débat à Enschede, hier, s’est indigné des remarques faites dans ce sens, notamment par le ministre VVD Zalm. Le premier ministre CDA Balkenende, de son côté, a dit hier que ’la possibilité d’un gouvernement minoritaire n’est pas l’idée la plus attrayante’ pour lui." "Rouvoet a aussi dit qu’il craignait que les Pays-Bas ne deviennent ingouvernables après les élections. ’C’est ce qu’on risque si tout le monde continue de présenter des ’points de rupture’."

4) Commentaires. "Gardez-vous de Marijnissen !" titre le Telegraaf en page 5, au-dessus d’une compilation de commentaires sur l’ascension rapide et le programme du parti socialiste radical SP. "Le leader du SP, Jan Marijnissen, recueille des compliments de toutes parts, mais les sommités politiques d’antan préviennent qu’il vaut mieux le tenir le plus possible à l’écart de la Salle de Trêves [où se tient le conseil des ministres]. ’Sa politique est très proche de celle du CPN [parti communiste néerlandais] d’autrefois. Salaires élevés, bas prix, ce genre de questions’, affirme le coryphée du VVD Hans Wiegel. ’Si Marijnissen gouverne, ce sera pire qu’avec la LPF’, dit le conseiller et ancien député CDA Hans Hillen. ’Notre économie régressera avec le SP à la barre’, craint l’ancien ministre PvdA Willem Vermeend. ’Si le SP gouverne, notre compétitivité se dégradera et les exportations baisseront’."

Selon Paul van Velthoven, en page d’opinion du Volkskrant, la principale raison de l’ascension vertigineuse du SP, qui menace de dévorer le PvdA, est "le manque de critiques sérieuses du PvdA lui-même à l’adresse des terribles simplificateurs du SP". "Les sociaux-démocrates n’ont jamais pu être soupçonnés de poursuivre des utopies meurtrières, comme le SP. Alors pourquoi n’ont-ils jamais dénoncé les idées irréalistes de ce parti ?"
Omar Ramadan, membre du PvdA, estime sur la même page qu’un gouvernement de gauche est une belle perspective, "mais si le SP y a autant ou plus de pouvoir que le PvdA, nous devrons craindre pour notre sécurité sociale, notre économie et notre place dans le monde".

PRESSE HEBDOMADAIRE

Vrij Nederland publie une interview exhaustive - une soixantaine de questions - de la tête de liste du PvdA, Wouter Bos. "Il trouve que Jan Marijnissen est un excellent leader politique, n’exclut pas une coalition de gauche (’mais avec les sondages actuels CDA-PvdA semble être la seule option’) et se fait fort d’accorder une amnistie générale [aux demandeurs d’asile en fin de procédure]", remarque le magazine dans le chapeau. "Il ne fait pas de politique ’pour être un grand intellectuel’. Il accorde ouvertement des mérites à Fortuyn, entretient de bonnes relations avec Marco Pastors et trouve que la burqa est une horreur (’hélas, une interdiction n’est pas possible juridiquement’)." "Durant les soixante dernières années, un premier ministre en fonction avec le vent économique en poupe n’a jamais été battu par son challenger, aux Pays-Bas." Mais Bos dit aussi : "Je crois que nous pouvons gagner les élections. Mais ce sera un terrible suspense."
Dans les pages littéraires de VN, Bart Tromp présente l’ouvrage Frankrijk in oorlog, 1870-1962. De meest dramatische eeuw uit de Franse geschiedenis (la France en guerre, le siècle le plus dramatique de l’histoire de la France) de HL. Wesseling (Ed. Bert Bakker).
HP/De Tijd consacre aussi de nombreux articles aux prochaines élections législatives. "Sans rien faire, le PvdA a longtemps été très bien coté dans les sondages", remarque l’hebdomadaire dans le tour d’horizon intitulé "Comment Wouter Bos boit la tasse". "Jusqu’à ce que le candidat au portefeuille de premier ministre Wouter Bos lance quelques projets. Brusquement, il a dû se battre, surtout contre lui-même." Sous le titre "Records haguenois", HP/De Tijd évoque par ailleurs les curiosités de l’histoire parlementaire néerlandaise : les partis politiques les plus bizarres, les campagnes électorales les plus insolites, les têtes de liste les plus frustrées...
"La politique irakienne des Pays-Bas n’a rien de mystérieux", estime Dirk-Jan van Baar en rubrique intérieure, à propos de l’appel à une enquête que lance régulièrement l’opposition. "Alors que l’Italie et l’Espagne appliquaient une politique erratique et subissaient des pertes, que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne se brûlaient les doigts, que l’Allemagne et la France se retrouvaient hors jeu, que la Belgique et le Luxembourg se ridiculisaient en plaidant en faveurs d’armées européennes, les Pays-Bas ont louvoyé sans péril le long des écueils. S’agissant de l’Irak, aucun pays occidental n’a suivi un cap aussi cohérent, loyal et simultanément personnel. Chapeau, La Haye !"
Elsevier propose un dossier sur les états dépressifs : "Pourquoi les hommes broient du noir autrement que les femmes." "Par peur du mot dépression, ils ignorent leur état d’abattement, deviennent agressifs ou se mettent à boire. Ils portent ainsi inutilement préjudice à leur vie."
A propos des élections du 22 novembre, le magazine constate que "le duel prévu entre Jan Peter Balkenende (CDA) et Wouter Bos (PvdA) semble s’enliser". "Et le VVD n’en profite pas." "Maintenant que la course au finish de Bos et Balkenende semble finie, de nouveaux vainqueurs émergent. A gauche le SP et la ChristenUnie, à droite, non pas le VVD, mais Wilders."
Olivier van Beemen, depuis Bucarest, rend compte du XIème Sommet de la Francophonie. Un encadré souligne que si la devise de la monarchie néerlandaise, depuis 1815, est "Je maintiendrai", "il y a davantage d’étudiants français qui font du néerlandais que d’étudiants néerlandais qui choisissent le français."

AFFAIRES FRANÇAISES

Le Trouw (p.3) et le Volkskrant (p.5) notent que, selon les sondages, les membres du PS ont désigné Ségolène Royal comme leur candidate aux élections présidentielles de 2007.

Le Volkskrant (p.11) remarque par ailleurs en rubrique économique qu’il y a également une "bombe à retardement sous les retraites des Français"’.

Sur le plan artistique, le Volkskrant (p.17) signale le salon de la photographie qui se tient au Carrousel du Louvre.

Dernière modification : 24/01/2012

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