Presse néerlandaise du vendredi 14 mai 2010

La catastrophe aérienne de Tripoli, qui a coûté la vie à 103 personnes dont 70 Néerlandais, mercredi matin, est le thème presque exclusif de la presse aujourd’hui. Le quotidien à grand tirage De Telegraaf, qui a publié hier une édition spéciale gratuite distribuée dans les stations-service, écrit ce matin : « Après l’immense choc les Pays-Bas portent le deuil des morts de Tripoli. Dans l’ensemble du pays il y a des familles lourdement touchées par cette tragédie. Tous les parents des victimes de la catastrophe aérienne sont au courant de leur sort ou peuvent l’être. La liste des noms des victimes n’est cependant pas publiée par le ministère des Affaires étrangères. »« Le premier ministre Balkenende et les ministres Rouvoet et Verhagen se sont adressés à presque cinq cents parents et amis des victimes hier après-midi, au palais des sports de Hoofddorp. »

Le seul survivant est un petit Néerlandais de neuf ans nommé Ruben, qui a perdu ses parents et son frère dans l’accident.

De Telegraaf (populaire) : « Profond deuil », « Ruben ‘veut continuer’Un médecin a donné un portable au petit patient », « Un contact personnel pour chaque famille touchée », « Il ne reste que des débris »

Trouw (chrétien progressiste) : « Soixante-dix morts néerlandais – La catastrophe aérienne laisse des plaies dans beaucoup de communes néerlandaises – La cause de la catastrophe n’est pas encore connue », « Les images de Ruben suscitent des irritations »

de Volkskrant (centre gauche) : « Tout est cassé, les souvenirs sont éparpillés dans le sable », « Un bandeau rouge et blanc marque le site du crash à Tripoli et au-dessus de l’épave descendent d’autres avions »

AD Haagsche Courant (indépendant populaire) : « Survivant solitaire – Ruben, 9 ans, est le seul rescapé de l’appareil – Les Pays-Bas pleurent 70 morts »

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ACTUALITÉ INTERNATIONALE

Catastrophe de Tripoli

« Les personnels d’aide et les experts techniques venus des Pays-Bas seront peut-être le test décisif pour la ‘nouvelle Libye’ », remarque le Volkskrant (p.3). « Cela fait plus de quarante ans que ce pays nord-africain est gouverné avec une main de fer par le colonel Kadhafi, un leader non élu. Jusqu’à une date récente il a dirigé une société très fermée. »

« Dans un pays comme les Pays-Bas, l’expertise et la transparence vont de pair après une catastrophe comme celle de l’avion d’Afriqiyah Airways. Mais on ne peut pratiquement pas parler de la deuxième caractéristique en Libye. Les assistants néerlandais auront donc probablement des problèmes à Tripoli, durant leur travail. » « Le pays a ses propres lois, normes et valeurs. Des concepts tels que ‘transparence’ et ‘processus décisionnel démocratique’ n’en font pas partie. Ce n’est que depuis le début du siècle, lorsque la Libye a déclaré ne plus soutenir le terrorisme et ne plus vouloir devenir une puissance nucléaire, que ce pays s’ouvre tout doucement au monde. »

« A Tripoli, l’argent du pétrole a notamment servi à mettre en place des équipements et des techniques extrêmement modernes. Les collègues libyens des assistants néerlandais ne manqueront donc pas nécessairement de compétences. Mais il est à craindre que la coopération ne se déroule pas avec une grande souplesse. »

En page 4 le même Volkskrant note que « jeudi, en début de soirée, le premier ministre Jan Peter Balkenende a eu un entretien téléphonique avec le président libyen Kadhafi ». « Les deux dirigeants ont exprimé leurs condoléances pour les victimes des deux pays et leurs proches. C’est ce qu’un porte-parole du service d’information du gouvernement Rijksvoorlichtingsdienst a fait savoir jeudi. Balkenende a par ailleurs remercié Kadhafi pour la coopération des autorités et des personnels d’aide libyens après le crash de Tripoli. »

« Les Pays-Bas ont envoyé des observateurs qui ont apprécié la situation au nom de l’équipe nationale de recherche médico-légale (LTFO). Selon le leader de cette équipe, Daan Noort, les corps ont été mieux traités qu’elle ne s’y attendait. Ainsi, les dépouilles ont été conservées à basse température. »

« La classe politique haguenoise est accablée par la catastrophe aérienne en Libye », ajoute le journal en page 6. « Tous les partis politiques ont suspendu leur campagne électorale jusqu’à vendredi prochain inclus. » La Reine Beatrix a modifié le protocole du dîner d’ambassadeurs qu’elle présidait mercredi soir au Palais royal du Dam, à Amsterdam.Durant la réunion, la souveraine a demandé une minute de silence.

Le Trouw, à la une, souligne que « la secrétaire d’Etat à l’Intérieur, Ank Bijleveld, a appelé les médias à respecter la vie privée des victimes ».

L’éditorialiste du Telegraaf doute de l’objectivité et de la transparence de l’enquête sur les causes de la catastrophe ouverte par le régime du colonel Kadhafi. « Peu après l’accident, ses sbires ont déjà commencé, sans la moindre enquête, par exclure un attentat terroriste. » Le journal populaire conclut par conséquent qu’il est « nécessaire d’ouvrir une enquête indépendante ».

« Les gouvernements des pays touchés – les Pays-Bas, tragiquement, en tête – doivent tout faire pour imposer une enquête indépendante, fiable et entièrement transparente », estime aussi la rédaction de l’AD.

Pays-Bas – Australie

« Le Serbe Dragan Vasiljkovic, qui est soupçonné de crimes de guerre et qui a été en fuite pendant six semaines, a été arrêté en Australie mercredi, grâce à des informations de la police néerlandaise », annonce le Volkskrant (p.13). « C’est ce que le ministre australien de l’Intérieur a fait savoir mercredi. Vasiljkovic, qui résidait en Australie depuis des années, était en cavale depuis le 30 mars, date à laquelle la Haute Cour de justice australienne, après quatre ans de procédure, a jugé qu’il pouvait être extradé en Croatie. »


LA FRANCE DANS LA PRESSE NÉERLANDAISE

« L’Allemagne a occupé une place centrale dans la préparation du plan de sauvetage européen pour les pays faibles de la zone euro », a noté le NRCHandelsblad de mercredi soir en rubrique économique. « Mais les Français étaient de la partie dans les coulisses. « Paris a ressenti la crise grecque comme étant le moment où l’Allemagne devait choisir : plus ou moins d’Europe ? L’objectif de la France était : plus d’Europe. ‘Sans l’Europe la France ne peut pas être forte sur la scène mondiale. Nous devons coopérer’, a dit Sarkozy. S’il devait rester à l’arrière-plan pour être efficace dans les négociations avec l’Allemagne, il le ferait. » « La discrétion de Sarkozy a très bien marché : il n’y a eu que quelques critiques isolées, il n’y a pas eu de vif débat sur l’aide à la Grèce en France. »

Ce vendredi matin, deux journaux évoquent encore l’ouverture du Centre Pompidou de Metz (AD p.14, de Volkskrant pp.38-39).

Le Volkskrant (p.53) consacre par ailleurs un grand article au festival de Cannes, ouvert par le metteur en scène et acteur Mathieu Amalric.

Le Trouw (pp.24-25) suit le dossier de la polygamie, notant qu’il s’agit d’au moins 18000 cas en France.

Cette revue de presse ne prétend pas à l’exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse néerlandaise, qui n’engagent en rien le point de vue propre de l’ambassade de France aux Pays-Bas.

Dernière modification : 31/05/2010

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