Presse néerlandaise du mercredi 8 janvier 2003

La campagne électorale reste le thème quasi
exclusif de l’actualité intérieure, mais les titres à la une peuvent prêter à
confusion ce matin : alors que certains journaux affirment que le CDA et le VVD
crient haro sur le PvdA, d’autres notent que les sociaux-démocrates, qui montent
dans les sondages d’opinion, se préparent déjà à participer au gouvernement.

Sur le plan international, la presse évoque
surtout le plan de relance de l’économie américaine proposé par le président
Bush. 

NRC Handelsblad d’hier soir : "Le CDA
promet la fin des listes d’attente – ’Résorption en deux ans’", "Van der G.
transféré au Pieter Baan Centrum" (observation psychiatrique du meurtrier de
Fortuyn), "L’AIEA accorde un sursis à la Corée du Nord"

De Telegraaf  : "Le PvdA éreinté – VVD/CDA
 : les plans financiers de Bos vont grever le budget national"

Trouw  : "Les dirigeants du CDA
ouvrent l’offensive contre le PvdA", "Au mot holdings le coiffeur se tait
– Fraude turque" (suite du grand article d’hier), "Bush expose un coûteux projet
fiscal"

de Volkskrant  : "Bush injecte 674
milliards dans l’économie – Les Démocrates : ’une récompense pour les riches’",
"Le PvdA, modeste, envisage discrètement de participer au gouvernement – Le CDA
n’exclut pas une coalition avec les sociaux-démocrates"

Algemeen Dagblad  : "Le bruit baisse
de moitié à 80 km/h – Un essai sur autoroute montre que la pollution
atmosphérique baisse aussi fortement", "Les stations service sont mal
protégées", "’Gretta abuse de son passeport’"

 

 

Le dossier du
jour : C ampagne
électorale 

" La tête de liste CDA, Balkenende, voit
de grands obstacles à la participation du PvdA au gouvernement
", rapporte le
Trouw dans son grand article à la une. "’Le PvdA n’a pas simplifié les
choses’, a-t-il déclaré hier soir. Et le président du groupe parlementaire
CDA, Verhagen, a critiqué le leader PvdA Bos en le qualifiant d’’homme resté
coincé dans le passé’
."

" Les deux politiques CDA ont ouvert hier
l’offensive contre le PvdA, à la suite de sondages d’opinion montrant que le CDA
et le VVD ne peuvent plus escompter une majorité
. Balkenende et la tête de
liste VVD Zalm avaient déjà déclaré qu’ils voulaient reconduire leur coopération
gouvernementale."

" Verhagen a dit que le PvdA devait
prendre un ’virage’ s’il veut que le CDA forme un gouvernement avec les
sociaux-démocrates
. Il a qualifié les positions du PvdA sur l’intégration
des étrangers, la réforme des soins et la limitation de la déductibilité fiscale
des intérêts hypothécaires d’’absolument pas souhaitables’
."

" La tête de
liste Bos, en campagne à Tilburg, a reproché au CDA de prôner une ’politique
asociale’
, concernant la hausse des cotisations d’assurance maladie."

" Lentement, mais sûrement la tension
monte dans le mariage projeté du CDA et du VVD, le 22 janvier
", note le Volkskrant à la une. " Il y a un nouveau candidat : Wouter Bos et son PvdA ,
qui veulent gouverner aussi."

"Le CDA n’a pas besoin des sondages pour
savoir que le PvdA est de nouveau candidat au gouvernement. ’Wouter Bos fait
savoir lui-même qu’il restera à la Deuxième Chambre si le PvdA rentre dans le
gouvernement. C’est donc qu’il veut gouverner’, a déclaré le leader du groupe
CDA, Maxime Verhagen, mardi matin et la surprise perçait dans sa voix. Les
sociaux-démocrates ont subi une défaite épouvantable en mai et ils ont déjà des
prétentions !"

"Pourtant, c’est indéniable : le PvdA,
sous la houlette de Wouter Bos, monte dans les sondages, alors que le VVD
n’arrive pas à conquérir de nouveaux sièges
. Sur le site politique du
Volkskrant
, le CDA et le VVD peuvent actuellement prétendre à 71 sièges,
tandis que le CDA et le PvdA en ont 78. Une majorité !"

Le VVD,
soulagé de pouvoir gouverner de nouveau sans le PvdA, redoute l’infidélité du
CDA
, souligne le journal de centre-gauche. "Ce n’est
pas tout à fait sans raison. Le CDA est tout de même moins franc à exprimer son
aversion pour le PvdA. Depuis que son gouvernement est tombé, Balkenende ne
cache pas que sa préférence va de nouveau au VVD. Mais hier matin, son leader de
groupe parlementaire, Maxime Verhagen, ne voulait déjà plus le dire : ’Nous
n’excluons personne’."

" Le PvdA est
de retour au centre de la politique
", commente l’éditorialiste du même
Volkskrant
. " Le CDA ne peut plus ignorer le PvdA, d’autant moins que le
VVD s’éloigne de plus en plus de l’accord de gouvernement
. Mais Balkenende
met bien du temps à définir sa position. S’il veut se contenter de garder la
boutique, Bos et Zalm lui mettront le couteau sur la gorge."

A noter que le
Telegraaf ouvre aujourd’hui ses colonnes à Wouter Bos , qui fait
valoir que " le VVD a posé ses cartes sur la table ". " Le PvdA l’a fait
aussi. Le leader CDA Balkenende doit donc aussi préciser sa position et dire ce
qu’il veut
." "Le CDA, dans son programme, fait beaucoup de propositions que
nous avons faites aussi. Et il est foncièrement en désaccord avec les
propositions fiscales du VVD. Dit-il. Et pourtant il veut gouverner avec lui ?
C’est bizarre."

 

Actualité
internationale 

Elargissement de l’Union européenne

" L’élargissement de l’Union européenne à
dix autres pays ne s’est pas fait sans coup férir
", remarque le Trouw
(p.6). " Nombreux sont ceux qui redoutent un énorme surcoût , par exemple à
cause des neuf millions de nouveaux agriculteurs qui profiteront des
subventions. Mais le secteur privé ouest-européen se montre optimiste, ainsi
qu’il ressort d’une enquête que le distributeur américain de colis UPS fait
effectuer chaque année auprès des managers des grandes entreprises
(chiffre
d’affaires moyen de 1,7 milliard d’euros). 60 % des 1 500 managers interrogés
s’attendent à ce que l’Europe de l’Est, les trois prochaines années, offre les
meilleures possibilités d’investissement." "Les entreprises ouest-européennes
s’attendent non seulement à ce que le resserrement des liens avec l’Europe de
l’Est stimule les économies des pays d’Europe de l’Ouest, mais aussi à ce
qu’elles en profitent elles-mêmes. Elles sont alléchées par l’accroissement de
la population au sein de la zone de libre échange de l’UE, de 340 à 460 millions
de citoyens. La Pologne, la Tchéquie et la Hongrie sont leurs pays favoris."

" des
grands managers néerlandais s’attendent à ce que l’élargissement entraîne aussi
une certaine instabilité politique
. Ils craignent d’autre part que
l’inflation n’augmente
, en raison notamment de ces difficultés politiques.
Mais au bout du compte, ils pensent que les projets d’élargissement de
l’Union se dérouleront très bien
." "C’est frappant", souligne le journal
chrétien progressiste, "car un autre grand projet de l’UE, l’introduction de
l’euro, a été commenté de façon plus critique par les grands managers, dans une
récente enquête. Le secteur privé a fait savoir à cette occasion qu’il n’avait
encore guère perçu les avantages de l’euro."

 

Actualité
intérieure 

Débat SP –VVD
et Union européenne

" Le SP et le VVD s’accordent à dire que
le prochain élargissement de l’Union européenne ne doit pas toucher aux droits
démocratiques des Néerlandais
", relèvent le NRC Handelsblad (p.2).
"C’est ce qui ressort d’un débat télévisé entre les têtes de liste Zalm (VVD) et
Marijnissen (SP), lundi."

" Le leader SP a déclaré que ’ l’éléphant
européen de Bruxelles ne doit pas écraser la démocratie nationale.’ Zalm a
répondu que ’nous sommes donc d’accord là-dessus : l’unification européenne est
un processus historique, mais nous ne devons surtout pas précipiter l’adhésion
des dix nouveaux pays’
."

"’L’Europe’ est l’un des rares points
communs du VVD et du SP". "Zalm a qualifié le SP de ’danger pour l’économie
néerlandaise’, notamment à cause de sa proposition d’instaurer un tarif fiscal
de 72 % pour la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu. Selon Zalm, cela
provoquera une vague d’émigration. Marijnissen a reproché au leader VVD la
philosophie sociale de son parti, basée selon lui sur l’adage ’moi, moi, moi et
que les autres se débrouillent’, et sa grande responsabilité dans la
’dégradation du secteur public’."

"Les deux
hommes politiques ont aussi croisé le fer à propos de l’Irak. Marijnissen était
d’avis que la coalition gouvernementale dont le VVD fait partie semblait à tort
approuver d’avance les bombardements sur l’Irak. Zalm, en revanche, a estimé
qu’il n’est pas possible d’amener l’Irak à renoncer aux armes de destruction
massive sans menace crédible."

Le Trouw (p.6) note ce matin que "la
tête de liste VVD Zalm estime que l’Union européenne doit abandonner le plus
d’affaires possible aux gouvernements nationaux
". " L’UE doit uniquement
s’occuper de la sécurité et du bien-être des citoyens
. La politique
étrangère et la défense restent l’affaire des gouvernements entre eux
. C’est
ce que Zalm a déclaré hier, lors d’un discours à l’Université de Maastricht. Il
a constaté qu’il faut encore supprimer beaucoup d’obstacles pour réaliser la
libre circulation des personnes, des biens, des capitaux et des services.
L’ancien ministre des Finances reste sceptique sur l’élargissement de l’Union à
dix nouveaux Etats membres. Tous les candidats ne satisfaisaient pas aux
critères. Quant à l’absence de véritable réforme de la politique agricole
commune, c’est une occasion manquée selon lui."

" Par contre,
le chef de file libéral se réjouit de la proposition de la Convention européenne
de laisser les parlements nationaux participer à la décision sur la question de
savoir s’il convient de développer la nouvelle politique et la nouvelle
législation au niveau européen ou au niveau national
." 

GroenLinks

" GroenLinks
refuse de participer à un gouvernement qui approuve une offensive contre l’Irak
",
relève le Volkskrant à la une. "Ce parti qui, l’an dernier, brûlait
encore d’envie de gouverner avec le CDA et le PvdA, fera de la question
irakienne ’un point de rupture’ dans d’éventuelles négociations avec les deux
autres partis. ’Nous ne prendrons pas la responsabilité d’une telle guerre’,
déclare la tête de liste Femke Halsema aujourd’hui dans le Volkskrant.
Elle suit le leader SP Jan Marijnissen, qui suggère de participer au
gouvernement, certes, mais rejette une guerre contre l’Irak." 

Liste Pim
Fortuyn

" La tête de
liste LPF Mat Herben part du principe que son parti participera à une coalition
avec le VVD et le CDA si la LPF obtient dix sièges ou plus
aux prochaines
élections", note le NRC Handelsblad (p.2). "C’est ce qu’il a déclaré lors
de la présentation du programme électoral LPF à La Haye, lundi. ’Même si le CDA
et le VVD obtiennent 75 sièges ensemble, la LPF restera indispensable. Sans la
LPF, tout sera de nouveau comme avant.’ Au demeurant, il pense que la LPF
obtiendra ’beaucoup plus’ que dix sièges."

Ce matin, le Trouw (p.3) insiste sur "la mine d’or de Herben : l’AOW des millionnaires",
dont il met en doute la richesse réelle. "L’Etat néerlandais verse chaque année
des milliards à des gens qui n’en ont pas besoin : les millionnaires en
retraite. Il y en a cent mille, a affirmé la tête de liste Mat Herben lundi
soir, et s’ils ne touchent plus la retraite de base, on économisera des
milliards." Il s’agit tout au plus de 527 millions d’euros par an, selon le
journal. 

Clonage

" Le ministre de la Justice, Donner,
examine la possibilité de poursuivre les personnes impliquées dans le clonage
d’êtres humains
", rapporte le journal haguenois Haagsche Courant
(p.A3) d’hier soir. "Le premier ministre Balkenende a déclaré lundi, durant une
réunion électorale au quotidien De Gelderlander, à Nimègue, qu’il avait demandé
à son collègue de parti d’entrer en action Bien qu’il n’y ait aucune preuve
de l’existence effective de bébés clones, Balkenende prend au sérieux les
informations concernant l’entreprise Clonaid
."

"Nous devons
demander des comptes aux médecins et aux parents responsables", a déclaré
Balkenende lundi soir. "Nous nous engageons sur une pente raide. C’est une
activité éhontée, sans aucune éthique. C’est inadmissible." 

Gretta
Duisenberg

L’ensemble de
la presse note ce matin que le ministre des Affaires étrangères De Hoop
Scheffer (CDA) reproche à Gretta Duisenberg d’abuser du passeport diplomatique
dont elle dispose
pour accompagner son mari dans ses déplacements
professionnels. Selon le ministre, son voyage en Israël et dans les territoires
occupés est de caractère privé et elle aurait dû se servir d’un passeport
normal. De Hoop Scheffer le rappellera par écrit au président de la Banque
centrale européenne. Selon le Telegraaf (p.3), le premier ministre
Balkenende serait "furieux". 

Sondage
d’opinion

Selon un
sondage NIPO effectué auprès de 209 électeurs d’origine non occidentale, le PvdA
et le SP sont les partis les plus populaires parmi ces électeurs. Presque un
tiers voterait actuellement pour le PvdA et 23 % pour le parti socialiste
radical. GroenLinks ne peut compter que sur 6 % des suffrages allochtones. Les
deux tiers des allochtones originaires du Maroc, de la Turquie, du Surinam et
des Antilles néerlandaises (au total plus d’un million de personnes) ont le
droit de vote ( Het Financieele Dagblad p.3, Algemeen Dagblad p.5).

 

Economie,
Finances

 

Automobiles

Les Néerlandais, en décembre, ont acheté en
masse des voitures ayant le "label A" ou le "label B", pour profiter d’une
subvention de 1 000 ou de 500 euros, respectivement, sur les automobiles
"propres" et à faible consommation de carburant. Le gouvernement Balkenende a
supprimé ces subventions à la date du 1er janvier. La baisse de la vente de
voitures s’est ainsi limitée à 3,7 % l’an dernier. C’est surtout le fabricant
japonais Suzuki qui a profité de la ruée sur les voitures subventionnées : la
vente de Suzuki Alto a triplé. Au total, onze mille voitures portant le label
écologique A ont été vendues en 2 002 et soixante-dix-huit mille voitures
portant le label B. Opel en a également profité : la vente des petits modèles
Agila et Corsa a fortement augmenté durant le dernier trimestre. Opel a ainsi
dépassé in extremis son concurrent français Renault et est resté leader du
marché néerlandais pour la 34e année consécutive. Pour le reste, la firme
allemand n’a guère lieu de se réjouir car le nombre de voitures qu’elle a
vendues aux Pays-Bas a baissé de presque 20 % en 2002 ( NRC Handelsblad
p.11, Trouw p.5, Het Financieele Dagblad p.11, de Volkskrant
(p.17).

 

 

Marque Ventes en 2002

(% marché)
Ventes en 2001

(% marché)
Evolution en %  

 

 1 ( 1) Opel 55 220 (10,8) 68 906 (13,0) - 19,9
 2 ( 3) Renault 53 233 (10,4) 49 772 ( 9,4) + 7,0
 3 ( 5) Peugeot 49 402 ( 9,7) 47 414 ( 8,9) + 4,2
 4 ( 4) Ford 48 808 ( 9,6) 48 259 ( 9,1) + 1,1
 5 ( 2) Volkswagen 48 099 ( 9,4) 57 913 (10,9) - 16,9
 6 ( 7) Citroën 25 673 ( 5,0) 21 680 ( 4,1) + 17,4
 7 ( 6) Toyota 24 655 ( 4,8) 23 409 ( 4,4) + 5,3
 8 (12) Suzuki 21 675 ( 4,2) 13 529 ( 2,6) + 60,2
 9 (10) Fiat 17 930 ( 3,5) 17 840 ( 3,4) + 0,5
10 ( 8) Seat 16 808 ( 3,3) 19 771 ( 3,7) - 15,0

 

Affaires
françaises 

Le NRC Handelsblad
(p.5) note que le Président de la République a demandé à l’armée de se tenir
prête, dans le cadre de la question irakienne. Il évoque aussi la préoccupation
de la communauté juive à la suite de l’agression dont a été victime un rabbin.

Ce matin Fokke Obbema, dans le Volkskrant (p.5), poselaquestion rhétorique : "Pourquoi la réforme des
retraites françaises n’empêche-t-elle pas les Néerlandais de dormir ?" "Il y a
tout lieu de s’inquiéter, maintenant que le président français Chirac en a fait
connaître les principes : ne pas toucher au droit acquis de prendre sa retraite
à 60 ans et sauvegarder le système de la retraite par répartition, dans lequel
la population active paie pour les retraités. Bref, une réforme qui ressemble à
s’y méprendre au principe du statu quo. Cela devrait inquiéter les Néerlandais
encore plus que les mauvaises performances boursières de leurs fonds de retraite
et la hausse des cotisations qu’elles entraînent." "Le ’oui’ de Chirac et des
syndicats au système si solidaire de la retraite par répartition implique un
’non’ aux fonds dans lesquelles les travailleurs capitalisent pour leur
retraite. Cette approche néerlandaise est considérée en France comme
’américaine’ et (donc) ’de droite’, car c’est l’expression d’une philosophie du
’chacun pour soi’."

Il y
avait quelque chose de positif pour tout le monde dans le discours du président,
conclut le correspondant. "Seules les parties qui ne seront pas présentes aux
négociations sur les retraites françaises, mais qui en sentiront les
conséquences, se retrouvent les mains vides : les générations de Français à
venir et les autres peuples d’Europe. Mes compatriotes, on vous gruge."

Dernière modification :

Haut de page