Presse néerlandaise du mercredi 5 avril 2006

Le Ministère public a requis hier vingt mois de prison, dont six avec sursis, contre les anciens dirigeants du groupe Ahold (supermarchés Albert Heijn) Cees van der Hoeven et Michiel Meurs. "Ils méritent les peines les plus lourdes", a estimé le procureur Biemond, qui a par ailleurs requis douze mois de prison dont six, respectivement neuf mois, avec sursis contre les deux autres accusés de ce grand procès de fraude et escroquerie, Andrea et Fahlin.
Selon les quotidiens, l’affaire Ahold aurait fait "un tort inouï" au secteur privé néerlandais et grugé les actionnaires du groupe, un des fleurons financiers du pays.

-NRC Handelsblad d’hier soir : "Percée dans la culture de tissus - Des vessies produites à partir de cellules des patients", "Chávez nationalise deux champs pétrolifères", "Un village d’étudiants en ’autogestion’ à Rennes" (reportage)
-Trouw  : "L’ancienne direction d’Ahold passible de peines de prison", "La Hartstichting [fondation de lutte contre les affections cardiaques et vasculaires] fait calculer son efficacité", " "Le premier ministre thaïlandais Thaksin démissionne après un entretien avec le roi"
-de Volkskrant "Des peines de prisons requises contre la direction d’Ahold", "Le VVD préoccupé par le combat Rutte-Verdonk", "’Bruxelles force l’ouverture du marché de l’énergie"
-AD Haagsche Courant  : "Rita Verdonk veut obtenir 38 sièges"
-De Telegraaf  : "Un train à sustentation magnétique dans la Randstad - Des entreprises financeront une ligne rapide", "Lourdes peines requises contre les ex-dirigeants d’Ahold", "Verdonk : toast à la campagne"

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LE DOSSIER DU JOUR :VVD

"La candidate à la fonction de tête de liste du VVD, la ministre Rita Verdonk, ouvre la porte à une coalition avec le PvdA en 2007", annonce le Telegraaf à la une. "’Je suis confiante dans la force du VVD et je ne me démarquerai absolument pas d’autres partis. Après les élections de 2007 nous verrons avec quel parti nous pouvons réaliser nos objectifs. Cela peut être n’importe quel grand parti’, dit Verdonk dans un entretien avec De Telegraaf."
"Le rival de Verdonk dans la campagne électorale du VVD, Mark Rutte, a au contraire souligné qu’il se démarquera du PvdA et qu’il veut continuer de gouverner avec le CDA. ’Je suis donc un tout autre cap que Rutte’, remarque Verdonk, qui pense obtenir au moins 38 sièges à la Deuxième Chambre, l’an prochain. La Rita de Fer se prononce cependant contre un gouvernement entièrement de gauche."
"Le leader PvdA Wouter Bos est agréablement surpris. ’Manifestement, Verdonk a vu que la campagne résolument anti-PvdA du VVD aux municipales, dont Rutte était responsable, a complètement échoué’, a réagi Bos."
"En tant que tête de liste, Rita Verdonk peut compter sur le soutien de 40 pour cent des électeurs, Rutte sur celui de 33 pour cent. Les électeurs du VVD préfèrent aussi voter pour Verdonk. C’est ce qui ressort d’une enquête de Maurice de Hond."

Le Volkskrant, à la une, relève que "Verdonk fait savoir cette semaine dans un entretien avec Elsevier qu’elle est candidate au leadership de son parti". "’J’en ai discuté avec ma famille, mes amis et des collègues de parti. Je dis maintenant haut et clair : Oui, allons-y !’"
"A la question de savoir quelle différence il y a entre elle et Mark Rutte, Verdonk répond : ’Pour moi, ce qui est dit est dit. Je veux réaliser les projets que je lance. Les Pays-Bas ont besoin d’être secoués. Mais je reste dans les cadres libéraux.’ Verdonk veut rendre son parti aussi grand que sous Frits Bolkestein en 1998. A l’époque les libéraux ont obtenu 38 sièges à la Deuxième Chambre."
"Après que Verdonk, mardi, a officiellement annoncé sa candidature au groupe parlementaire VVD, Rutte l’a immédiatement invitée à tenir une série de débats dans les dix-sept ’centrales’ du VVD. ’Elles pourront nous mettre sur la sellette afin de pouvoir élire la meilleure tête de liste VVD’."
"Verdonk a formé une équipe de campagne qui comprend notamment Kay van de Linde, ancien leader de la campagne de Pim Fortuyn à Leefbaar Nederland."
"Les membres du VVD ne sont pas tous satisfaits de la joute que Verdonk et Rutte ont l’intention de mener. Plusieurs députés VVD redoutent une lutte de courant entre l’aile gauche (Rutte) et le flanc droit conservateur (Verdonk). Ils craignent que l’image d’un parti divisé ne nuise au VVD aux élections de 2007."

"Verdonk suscite peut-être des résistances parmi les Néerlandais de gauche, elle a la cote auprès du grand public", note le même Volkskrant dans une analyse en page 3. "Vis-à-vis du benjamin libéral Mark Rutte, Verdonk se positionne comme outsider politique. Elle s’est laissée convaincre par de simples membres du parti, pas par le groupe dirigeant. La présentation de sa candidature a lieu aujourd’hui au Salon du bâtiment, au RAI, et pas au Nieuwspoort de La Haye, où Rutte a annoncé la sienne."
"’Je suis adepte de la devise : ce qu’on promet, il faut le faire’, dit-elle dans Elsevier. C’est un écho de la formule de Fortuyn : ’je dis ce que je pense et je fais ce que je dis’. Verdonk use elle aussi des sentiments anti-haguenois qui, selon les experts, sont toujours vivaces parmi l’électorat néerlandais." "Sa fermeté plaît aux électeurs qui en ont assez de la politique de tolérance."

ACTUALITE INTERNATIONALE

Pays-Bas - Venezuela
Le chef de la diplomatie néerlandaise, Ben Bot (CDA) se rendra probablement en visite au Venezuela en juillet. Il avait décliné une invitation à se rendre dans ce pays cette semaine, en raison de ses obligations à la Deuxième Chambre. C’est ce que le ministre a déclaré hier dans les coulisses de la Deuxième Chambre.
Selon Bot, il n’y a pas de crise diplomatique entre les Pays-Bas et le Venezuela, en dépit de déclarations peu diplomatiques faites de part et d’autre (cf. presse du 4 avril). Le Venezuela redouterait selon lui que les Pays-Bas renoncent à leur souveraineté aux Antilles néerlandaises. "Mais il n’en est pas question" (de Volkskrant p.2, De Telegraaf p.3, Trouw p.6).

Le Trouw, dans son cahier de Verdieping, publie dans ce contexte une tribune de l’ambassadeur de la République bolivarienne du Venezuela à La Haye, Agustin Pérez Celis, qui réagit aux allégations des médias concernant les "projets et intentions supposés du gouvernement [vénézuélien] ayant trait aux Antilles néerlandaises et Aruba". "Ces intentions n’existent pas." "La presse publie des informations manipulées qui, hélas, atteignent les lecteurs et les auditeurs sans avoir été vérifiées."

France

Outre l’ample couverture de presse factuelle et événementielle accordée aux protestations contre le CPE du gouvernement Villepin (NRC Handelsblad d’hier soir pp.1 et 4, de Volkskrant p.5, Trouw p.8, AD Haagsche Courant p.11), on retiendra un commentaire éditorial du NRC Handelsblad sur la question.
Le commentateur du journal du soir fait valoir que "dans moins de trois ans, la Cinquième République fêtera son cinquantenaire, mais le président Jacques Chirac fait tout pour ne pas en arriver là". "Sa réponse aux problèmes de la société française, dont le summum provisoire est un compromis funeste sur un contrat de travail pour les jeunes, ouvre la porte au genre d’instabilité politique qui a régné durant la Troisième et la Quatrième Républiques."
Il appartient notamment au Président de la République de "prendre des décisions difficiles et impopulaires et d’oser les expliquer aux électeurs". "Chirac a toujours su éviter cela avec adresse. Il préfère éviter les décisions. Et quand il faut en prendre une, il opte pour des adaptations et des assouplissements qui maintiennent (partiellement) l’ancien cadre et ralentissent ou annulent le nouveau."
"Prenez les tiraillements sur le Contrat Première Embauche (CPE)." "Cette réforme de nature modeste a suscité une énorme agitation sociale et politique. Lorsqu’il est apparu que le premier ministre de Chirac, Dominique de Villepin, n’arrivait pas à calmer les esprits, le président aurait dû prendre l’affaire en main. Il aurait dû expliquer pourquoi la France doit évoluer et procéder à des changements sociaux-économiques. Au lieu de cela, il a prononcé un discours lénifiant qui donnait un peu raison à tout le monde, et donc à personne." "Encore une décision qui n’en est pas une."
"En ne prenant pas ses responsabilités, le président a créé une vacuité du pouvoir. Le dysfonctionnement du leadership politique n’est pas le seul problème de la France, mais la Cinquième République se porterait mieux si la présidence de Chirac avait pris fin plus tôt."

En page d’opinion du Volkskrant de ce matin, le correspondant à Paris Fokke Obbema remarque que "la France n’est pas si loin". "Les manifestations massives en France ont des causes profondes qui sont aussi pertinentes pour les Pays-Bas." "La politique du consensus, le modèle polder et l’acceptation du capitalisme font que la situation n’est pas aussi explosive aux Pays-Bas qu’en France. Mais l’insatisfaction sous-jacente qui est à la base des protestations françaises existe aussi aux Pays-Bas." "Les politiques néerlandais qui ont tendance à expliquer l’insatisfaction française en termes exclusivement nationaux pourraient bien avoir une désagréable surprise."

Pays-Bas - Australie - Afghanistan
Les Pays-Bas et l’Australie partageront une ambassade à Kaboul, ont annoncé hier le premier ministre néerlandais Balkenende et son homologue australien Howard, après un entretien personnel à Canberra. "C’est une nouvelle manifestation du plaisir que nous avons à coopérer avec nos amis néerlandais", a dit Howard.
Les deux pays coopéreront avant la fin de l’année dans le cadre d’une mission militaire de reconstruction dans la province afghane d’Uruzgan. Deux cents militaires australiens y seront placés sous commandement néerlandais (NRC Handelsblad d’hier soir p.2).

ACTUALITE INTERIEURE

Amsterdam

La formation du collège du maire et des échevins est presque chose faite à Amsterdam, notent le Volkskrant (p.3) et le Trouw (p.5). Les quatre prochaines années, la capitale sera administrée par une coalition PvdA-GroenLinks. Le VVD est hors-jeu pour la première fois en seize ans, alors qu’il a obtenu plus de sièges au conseil municipal que GroenLinks (15 contre 7). Le PvdA aurait préféré associer le VVD à sa coalition, mais GroenLinks s’y est opposé.
"Nous optons cette fois-ci pour les gens et moins pour les infrastructures", a fait savoir Lodewijk Asscher, tête de liste du PvdA et échevin pressenti. Il y aura donc moins de subventions pour les coopérations locatives et davantage d’investissements dans le secteur social et l’enseignement.

AFFAIRES FRANÇAISES

Quelques journaux suivent le procès Moussaoui en Virginie (NRC Handelsblad d’hier soir p.5, AD Haagsche Courant p.15).

A signaler :
Le Volkskrant publie un placard d’Amnesty International intitulé "THANK YOU FOR FLYING CIA". "C’est un fait établi. Irréfutable. Dans le cadre de la guerre contre le terrorisme, la CIA a recours à des vols secrets pour transporter des suspects vers des sites hors d’atteinte des juges, des avocats et des journalistes. Souvent vers des pays où la torture est de règle, comme la Syrie ou l’Egypte."

Dernière modification : 07/02/2012

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