Presse néerlandaise du mardi 7 juin 2005

La querelle diplomatique belgo-néerlandaise est vidée : le premier ministre Balkenende et son homologue belge Verhofstadt ont enterré la hache de guerre lundi, après un troisième contact téléphonique. Ils "déplorent" les déclarations du ministre des Affaires étrangères Karel de Gucht et soulignent que les bonnes relations entre les deux pays sont prioritaires.
Sur le plan intérieur, les protestations contre la politique du ministre de la Santé publique, Hoogervorst, se poursuivent et la presse annonce une grève des fonctionnaires municipaux de 24 heures, jeudi. Les transports publics et les services de voirie de Rotterdam, d’Amsterdam et d’Utrecht feront également grève.

NRC Handelsblad d’hier soir : "Bot convoque le chargé d’affaires belge à la suite d’une offense - Des critiques sur Balkenende", "Blair peut maintenant donner une coloration britannique à l’UE", "Les Suisses optent pour l’ouverture des frontières"
de Volkskrant : "Londres gèle le référendum - Straw : il ne sert à rien de voter sur la Constitution", "De braves médecins réunis sur la place historique des protestations - Les prestataires de soins protestent contre la saignée financière et contre l’effet de marché", "Les Pays-Bas acceptent les excuses de la Belgique"
Trouw : "La présidente du Sénat s’en prend aux politiques", "Weisglas : Introduire le ’carton rouge’ contre les lois de l’UE"
Algemeen Dagblad : "Un test cardiaque pour les sportifs de haut niveau", "René Froger a un cancer de la prostate" (chanteur populaire), "Les Néerlandais et les Belges sont de nouveau amis"
De Telegraaf : "Limiteur de vitesse pour les camionnettes - Peijs : Mettre fin aux courses sur les autoroutes", "Les Néerlandais sont tout à fait d’accord avec De Gucht"

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LE DOSSIER DU JOUR :Référendum

"Le résultat du référendum sur l’UE n’est certainement pas une victoire de la démocratie", écrit le Trouw dans son grand article à la une. "C’est ce que déclare la présidente de la Première Chambre, qui invite les politiques comme les citoyens à réfléchir."
"La présidente du Sénat, Yvonne Timmerman-Buck (CDA), s’oppose aux politiques qui suggèrent après le référendum sur la Constitution européenne de consulter plus souvent les électeurs. Les élus doivent aussi avoir le courage de s’opposer aux citoyens, sinon ils ont un ’problème fondamental’."
"C’est ce que Timmerman-Buck a déclaré hier, lors de la communication officielle du résultat du référendum par le Conseil électoral. ’Il ne faut pas que les élus aillent jusqu’à courir régulièrement après les électeurs avec des informations et ensuite demander leur avis pour finalement le reprendre’, a-t-elle dit en réaction aux députés qui estiment que le référendum sur l’UE a un goût de revenez-y."
"Les présidents de groupe parlementaire Bos (PvdA), Van Aartsen (VVD) et Rouvoet (ChristenUnie) ont suggéré divers thèmes de référendum la semaine dernière, le soir du résultat. Timmerman-Buck : ’Les parlementaires ne sont pas des guichets des citoyens. La participation à la législation et le contrôle du gouvernement réclament des élus que les citoyens acceptent comme leaders. Cela devrait rendre superflue la consultation des citoyens.’ Elle conseille aux élus de réfléchir aux moyens de regagner leur autorité."
"Timmerman-Buck, en tenant ces propos, a rompu avec la coutume parlementaire qui veut que les présidents des deux Chambres ne prennent pas position dans des questions politiquement sensibles. ’Quand je vois que des hommes politiques mettent en jeu leur autorité, il est de mon devoir de présidente de m’y opposer’, dit-elle dans un entretien avec le Trouw. Son collègue à la Deuxième Chambre, Weisglas, a également déclaré hier qu’il ’n’est pas encore établi’ pour lui que la Chambre, après le référendum sur l’UE, doit en organiser sur d’autres questions."
"Timmerman-Buck, à la suite du référendum sur l’UE, a aussi appelé les citoyens à pratiquer une ’autoréflexion critique’. Selon elle, certains ont refusé de se laisser informer sur le contenu du traité européen. ’Il faut que les citoyens veuillent être informés. Rien ne les empêche d’entrer eux-mêmes en action’."
"Je ne suis pas contre le référendum par principe", cite encore le journal chrétien progressiste en page 6. "Mais je m’y oppose quand il devient pour les élus un moyen d’éviter de faire eux-mêmes des choix. A quoi nous sert alors d’avoir un parlement élu ?"
Dans le Volkskrant (p.5), Gijs de Vries, coordonnateur européen de la lutte contre le terrorisme et membre de la Convention qui a rédigé la Constitution européenne, exprime la crainte "que la vague de sentiments en France, en Allemagne et aussi aux Pays-Bas contre les réformes économiques ne complique la libéralisation du commerce mondial et le renforcement de la compétitivité de l’Europe". "Le monde n’attendra pas l’Europe, nous devons défendre ensemble nos intérêts communs." "Nous devons laisser la porte ouverte aux pays qui sont prêts pour l’adhésion."
Bert Lanting, correspondant à Bruxelles : "Mais il semble que ce soit justement ce que les électeurs ne veulent pas." Gijs de Vries : "C’est en partie vrai, mais ces référendums ont été influencés aussi bien par la politique nationale que par les questions internationales. Quand on n’est pas en mesure de dire clairement pourquoi il est dans notre intérêt national d’agir avec efficacité dans le cadre européen, on ne peut pas reprocher aux électeurs d’être déroutés."
"Faut-il renégocier la Constitution ?" "Cela n’aurait un sens que si le signal était univoque, mais il ne l’est pas. Les électeurs français se sont opposés à la réduction de l’ingérence de l’Etat dans l’économie, les Néerlandais sont mécontents de l’introduction de l’euro. Il n’y a pas de réponse juridique à ces griefs, ils exigent une réponse politique. Les autorités nationales doivent changer d’attitude vis-à-vis de l’Europe. Les politiques ne peuvent pas à la fois se distancier des décisions dont ils sont coresponsables à Bruxelles et appeler les citoyens à soutenir ces décisions. Une nouvelle discussion sur ce traité n’est pas le problème central. Il s’agit de répondre à la question : à quoi sert l’Europe ?"
En page d’opinion du même Volkskrant, le chef de la diplomatie roumaine, Mihai-Ravzan Ungureanu, fait valoir que la solution au malaise révélé par les référendums français et néerlandais "est peut-être une approche libérale : un marché du travail plus flexible, moins d’impôts, un environnement économique plus compétitif et des programmes sociaux pour ceux qui en ont besoin". "Une Europe plus libérale ne sera pas nécessairement moins sociale."
"Le rejet du traité nous invite à réfléchir davantage sur les instruments avec lesquels nous pouvons réaliser une Europe Unie."
"Nous [la Roumanie et la Bulgarie] sommes confiantes qu’avec le soutien de nos amis occidentaux nous adhérerons à l’UE en 2007. Nous serons prêtes et nous prendrons notre part des responsabilités pour un avenir communautaire et prospère. L’Europe ne pourra qu’en profiter."
Le ministre est en visite à La Haye aujourd’hui.

ACTUALITE INTERNATIONALE

Antilles néerlandaises
"Le premier ministre Ys exige le retrait de la proposition de renforcement des critères d’admission des jeunes Antillais", écrit le Volkskrant (p.3) dans le chapeau d’une interview d’Etienne Ys, en visite éclair aux Pays-Bas.
"Après une année turbulente avec Mirna Godett à la barre à Willemstad, le leader du PAR représentait un soulagement. C’était un homme politique pragmatique et intègre. Mais en l’an de grâce 2005, Ys s’en prend aux Pays-Bas avec une vivacité et une dureté inhabituelles. Il menace même de dénoncer La Haye sur le plan international, entre autres auprès de l’ONU. ’Une telle mesure serait préjudiciable pour l’image du Royaume’, reconnaît le premier ministre. ’Mais nous sommes prêts à aller aussi loin, car les droits de l’homme ne sont pas à vendre. Nous n’allons pas négocier à ce sujet’."
"’Les jeunes Antillais à problème ne constituent qu’une fraction de la jeunesse délinquante, environ trois mille sur quelques dizaines de milliers. Les jeunes Yougoslaves et Marocains commettent aussi plus de délits que les Antillais. Cette politique est discriminatoire et donc contraire à la Constitution’."
"Ys estime que La Haye est également responsable du déraillement des Antillais aux Pays-Bas. ’Les problèmes se manifestent surtout parmi la deuxième génération, des jeunes qui sont nés aux Pays-Bas. 60 pour cent des Antillais âgés de 12 à 17 ans ne sont pas nés dans les Antilles. Je dis donc : les Pays-Bas n’ont pas bien fait leur travail. Ils ont failli, comme avec les autres groupes de jeunes à problème’" (également NRC Handelsblad d’hier soir p.7, Trouw p.5).

Pays-Bas - Belgique
"Un incident diplomatique rare était né lorsqu’il est apparu que les Pays-Bas prenaient mal les propos de De Gucht", remarque l’éditorialiste du NRC Handelsblad d’hier soir. "Peut-être trop mal. Le chargé d’affaires belge a dû rendre des comptes au ministre des Affaires étrangères Bot. Cette forme de réparation fait justice au gouvernement offensé, mais c’est en l’occurrence un moyen trop lourd. Au lieu d’expédier immédiatement l’affaire comme un faux-pas d’un ministre qui aime faire de l’esclandre et qui est connu pour son franc-parler, on retient l’attention pendant plusieurs jours et l’opinion publique se demande maintenant si De Gucht a raison. Oui et non, la vérité est probablement entre les deux. Ce qu’il a dit, et comment, n’est pas correct, mais les Pays-Bas ne doivent pas s’agiter autant. Ils y perdent leur monnaie d’échange politique. En outre, des questions plus graves se posent actuellement en Europe."
Le Telegraaf (pp.1 et 6) confirme ce matin la crainte implicite du journal du soir : "La plupart des Néerlandais sont tout à fait d’accord avec les déclarations du ministre belge des Affaires étrangères Karel de Gucht." "80 pour cent estiment que le premier ministre Balkenende est un mélange de Harry Potter et d’extrême rigidité bourgeoise. C’est ce qui ressort d’une enquête auprès des lecteurs du Telegraaf à laquelle presque 8 000 personnes ont participé."
A noter qu’en page d’opinion du NRC Handelsblad, le rédacteur en chef du journal flamand De Morgen fait valoir que la colère de Balkenende tient au fait "que Karel de Gucht lui a expliqué de façon très précise comment les autres leaders politiques européens voient désormais le gouvernement néerlandais et son premier ministre".

ACTUALITE INTERIEURE

Sondage d’opinion
"Le référendum sur la Constitution européenne a eu une grande influence sur les préférences politiques des électeurs", relève le Volkskrant (p.3). "Dans le sondage d’opinion de Maurice de Hond, le PvdA, le VVD et le D66 reculent fortement. Le SP est devenu le troisième parti politique des Pays-Bas."
"Par rapport à huit semaines plus tôt, le SP passe de 13 à 21 sièges et la ChristenUnie de 6 à 9. Le PvdA chute de 50 à 41 sièges (le niveau le plus faible en deux ans, selon De Hond) et le VVD de 22 à 18. Le nombre de sièges du D66 descend de 5 à 3. Le CDA se rétablit et passe à 32 sièges, GroenLinks reste à 8. Le Groep Wilders a maintenant 11 sièges, le parti de Peter R. de Vries en a 2."

ECONOMIE, FINANCES

Energie
"Le marché libre du gaz et de l’électricité a suscité l’intérêt de géants étrangers de l’énergie", note le Volkskrant (p.7). "Des entreprises comme Nuon et Essent craignent de mordre la poussière." "L’entreprise allemande Eon a racheté vendredi la division commerciale de la compagnie d’énergie NRE d’Eindhoven (275 000 clients). La compagnie britannique Centrica a acheté lundi la jeune entreprise Oxxio (400 000 clients). Ces entreprises ont payé à peu près trois cents euros par client néerlandais. Les Belges avaient déjà frappé plus tôt, en incorporant la jeune entreprise Spark Energy (environ 10 000 clients professionnels) à Electrabel" (également Het Financieele Dagblad pp.1 et 3).

AFFAIRES FRANÇAISES

Le NRC Handelsblad (p.1) et le Volkskrant (p.21) publient à leur tour une photo du festival de sport sur les Champs Elysées et la Place de la Concorde, un "avant-goût des Jeux Olympiques". Le Telegraaf (p.27) note que "Paris et Londres sont en tête" dans la course aux Jeux Olympiques 2012. "C’est ce qui ressort du rapport de la Commission d’évaluation du Comité international olympique, qui a été publié hier." "Selon une étude indépendante du CIO, 85 pour cent des Parisiens soutiennent le dossier, de même que 75 pour cent de la population française en général. Aucune des autres villes candidates ne bénéficie d’un soutien aussi massif."
Le Telegraaf (p.9) met d’autre part les amateurs de golf en garde contre les bandes de voleurs actives dans la région de Nice et Cannes.

Dernière modification : 07/06/2005

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