Presse néerlandaise du mardi 23 juillet 2002

Le nouveau gouvernement installé hier traverse les premières
turbulences : la première secrétaire d’Etat de couleur nommée aux Pays-Bas,
Philomena Bijlhout, a démissionné quelques heures après la prestation de
serment du gouvernement Balkenende à la Reine Beatrix, les fonctionnaires, sous
la direction de la centrale syndicale FNV, descendent aujourd’hui dans la rue
pour protester contre les économies prévues par l’accord de gouvernement et la
famille du chef de file LPF, Mat Herben, se cache depuis hier soir, après avoir
fait l’objet de menaces ayant trait à la candidature de Melkert à de hautes
fonctions à la Banque mondiale. 

NRC Handelsblad
d’hier soir : "Le gouvernement Balkenende prête serment, après une
formation de 68 jours", "Un séisme dans la région de Kerkrade se
fait sentir jusqu’à Amsterdam", "Les bourses en baisse à la suite de
mauvaises nouvelles économiques"

De Telegraaf
 : "Une responsable tombe déjà - Bijlhout (LPF) démissionne à la suite
d’un mensonge", "Le gouvernement Balkenende a prêté serment",
"La famille de Herben se planque"

de Volkskrant
 : "Le gouvernement perd déjà un de ses fleurons après quelques
heures", "Bijlhout : ’J’ignorais l’existence de ces photos’",
"Même Euroforie n’a plus d’actions Aegon"

Algemeen Dagblad
 : "Bijlhout démissionne à la suite d’un mensonge – Des photos prouvent
son appartenance à la milice populaire après les Meurtres de décembre",
"Le tremblement de terre se fait sentir jusqu’en Zélande et dans le
Rijnmond", "Sur les marches du
palais avec la Reine, après 68 jours
"

Trouw  : "Le gouvernement commence avec une égratignure",
"Bijlhout s’en va à cause de son passé de milicienne" 

 

Le dossier du jour
 : Gouvernement Balkenende

 

" La fraîche émoulue secrétaire
d’Etat Philomena Bijlhout (Emancipation et Affaires familiales) a démissionné
hier soir, sept heures après sa prestation de serment, parce qu’elle avait
fourni des ’informations erronées’ sur son passé surinamien
", écrit
le Telegraaf dans son grand article
à la une. "La Surinamienne âgée de 44 ans s’avère avoir toujours été
membre de la Milice populaire du leader militaire Bouterse après les atroces
meurtres de décembre 1982. Elle n’en avait pas bien informé le nouveau premier
ministre, Balkenende, durant la formation de gouvernement."

"’J’ai fait partie pendant quelque temps
de la Milice populaire, je ne m’en suis jamais cachée. J’ai quitté la milice
à cause de son caractère militaire. Dans mon souvenir, c’était avant les
meurtres de décembre 1982. Il s’avère maintenant que c’était après. Cela
signifie que j’ai mal informé le premier ministre Balkenende’, a fait savoir
Bijlhout, déconcertée."

" Elle a déclaré qu’elle ne
voulait pas hypothéquer le nouveau gouvernement avec cette affaire
",
précise le Volkskrant à la une.
"Elle a fait sa déclaration après avoir longuement consulté le premier
ministre Balkenende et le vice premier ministre LPF, Bomhoff. Bijlhout
aurait dû être la première responsable noire, la première secrétaire d’Etat
originaire du Surinam
."

"’Avant ou après les meurtres, la différence
est de taille’, a déclaré hier Balkenende, qui a regretté son départ, mais
ajouté que le nouveau gouvernement devait faire preuve de ’clarté et énergie’.
Le vice-premier ministre Bomhoff, collègue
de parti de Bijlhout, a parlé initialement d’un ’vilain puzzle pour Balkenende’
.
D’autres membres de la LPF s’en sont pris
plus vivement à Bijlhout
. ’C’est grave de cacher une partie de son passé’,
a dit le secrétaire d’Etat à l’Intérieur, Hessing. Et le ministre des
Affaires économiques Heinsbroek a déclaré : ’Quelqu’un qui ne dit pas la vérité
doit démissionner. Même si c’est quelqu’un de la LPF’."

"En tombant après un secrétariat d’Etat
de neuf heures seulement, Philomena
Bijlhout bat le record de Charles Schwietert
, secrétaire d’Etat à la Défense
du premier gouvernement Lubbers en 1982", souligne le Trouw
(p.3). "Celui-ci avait démissionné après trois jours, parce qu’il s’était
avéré qu’il n’était pas licencié et qu’il avait majoré son rang d’officier
militaire."

L’éditorialiste de l’ Algemeen
Dagblad
, sous le titre " Première
bosse du gouvernement
", remarque que "la prestation de serment
d’un nouveau gouvernement - qui, après une véritable relève de la garde, doit
être prometteuse - a débouché par suite de cette première affaire sur une
gueule de bois dont la signification n’est pas d’une clarté immédiate".
"Mme Bijlhout semble avoir dissimulé sciemment la vérité : elle
avait maintenu jusqu’à présent qu’elle avait immédiatement mis fin à ses
activités pour la Milice populaire du Surinam lorsque les membres du régime répressif
de Bouterse avaient montré leur vrai visage."

" Le
nouveau premier ministre, qui avait encore démenti l’après-midi que sa
coalition pouvait présenter des signes d’instabilité, n’est pas à envier
.
Perdre une secrétaire d’Etat le jour de
la prestation de serment n’est pas un signe de solidité
." "La
coalition s’avèrera peut-être stable, comme Balkenende l’affirme, mais après
la journée d’hier, il devra d’abord en apporter la preuve."

 

Actualité internationale 

Union
européenne

" Les Pays-Bas veulent tout
de même organiser un sommet sur leur propre territoire durant le deuxième
semestre 2004, en l’occurrence à Rotterdam
", annonce le Telegraaf
(p.9). "Notre pays présidera alors l’UE, au moment même de son élargissement."

"En l’an 2000, il a été convenu à Nice que tous les sommets
auraient lieu à Bruxelles à partir du moment où l’élargissement serait un
fait. Les Italiens assureront la présidence fin 2003 et ils ont d’ores et déjà
fait savoir qu’ils préfèrent faire tenir leurs deux sommets à Bruxelles. La
présidence suivante, celle de l’Irlande (premier semestre 2004) ne ressent pas
non plus le besoin d’organiser un sommet et préfère que Bruxelles règle et
finance tout."

"Les Pays-Bas, pour le moment, tiennent
à organiser un sommet sur leur territoire. Rotterdam et son maire, Ivo
Opstelten, veulent un sommet fin 2004, pour entrer dans les annales avec le
’Traité de Rotterdam’."

 

Subventions
agricoles européennes

" La Reine Beatrix a bénéficié
de fonds européens pour ses oliviers en Italie
", note le Volkskrant
(p.6), dans le chapeau d’une tribune
libre signée Michiel van Hulten
, europarlementaire
PvdA et porte-parole des questions budgétaires et agricoles. "Le service
d’information du gouvernement Rijksvoorlichtingsdienst
a jusqu’à présent fourni des informations vagues sur les tenants et
aboutissants de cette subvention." " Mon indignation a trait au fait qu’une personne aussi fortunée que
notre reine puisse prétendre à une subvention d’un fonds qui, aux termes du
Traité européen, est destiné à ’assurer un niveau de vie raisonnable à la
population rurale, notamment en augmentant le revenu individuel de ceux qui sont
actifs dans l’agriculture’
. Chaque année, les contribuables européens
versent 40 milliards d’euros de subventions agricoles, dont la plus grande
partie profite à des gens qui n’en ont pas besoin."

"Je pars du principe que la Commission
européenne, dans ses réponses à mes questions, indiquera clairement quels
moyens Beatrix a fait valoir, et selon quelle procédure la subvention a été
attribuée."

Quelques journaux se sont intéressés à
cette question à la suite d’un article du Volkskrant
du 16 juillet, article qui a incité Van Hulten à poser des questions à la
Commission.

 

Actualité
intérieure 

Réactions
à l’accord de gouvernement

1)
Fonction publique
.
"Je ne suis certainement pas le défenseur des intérêts syndicaux, je
suis maintenant ministre des Affaires sociales" : telle a été la réaction
du nouveau ministre De Geus, ancien dirigeant syndical, à l’annonce d’actions,
dès aujourd’hui, de la centrale FNV contre les intentions du gouvernement
Balkenende. "Sous la houlette de la FNV, les employés des services publics
descendent aujourd’hui dans la rue pour protester contre les économies à réaliser
sur leurs activités", relève le Trouw (p.5). "Le président de la FNV, L. de Waal, menace d’étendre
les actions. De Geus ne le retiendra pas." "Le premier ministre lui
aussi avait réagi de façon laconique aux menaces émanant du mouvement
syndical." "La CNV se tient coite. La centrale syndicale chrétienne
croit encore au dialogue : ’La FNV affute déjà ses couteaux, mais nous
optons pour la concertation."

"On s’agite dans le polder",
constate le Telegraaf (p.23) en
rubrique financière. "Plusieurs syndicats FNV préparent des actions dès
avant la concertation avec le tout nouveau gouvernement de centre droit de
Balkenende. La centrale syndicale a proposé de mettre à disposition sa caisse
de solidarité." "La FNV est horrifiée à l’idée de la suppression
du salaire épargne, des économies sur les emplois Melkert, des restrictions
concernant la constitution des retraites, de l’instauration de l’obligation pour
les personnes âgées de chercher un emploi, des restrictions concernant le golden
handshake
et les plans sociaux des entreprises et du durcissement des règles
d’attribution de la WAO."

2) Débat
public
. "Cet accord de gouvernement est éhonté et effarant", fait
valoir Hans Visser, prédicateur et coordinateur de la Pauluskerk de Rotterdam,
très connu pour son accueil des toxicomanes, en page d’opinion du NRC Handelsblad .
"La discussion sur les normes et valeurs est devenue hypocrite. En tant que
serviteur de l’Eglise, j’ai honte d’entendre dire que cet accord est
l’expression de la philosophie chrétienne-démocrate. En tant que citoyen, je
me sens trahi si cette politique doit contribuer à la vivabilité des
Pays-Bas." "On ne résout pas le problème de la drogue en imposant la
désintoxication et en construisant des prisons. On ne comble pas le fossé
entre les riches et les pauvres du monde en mettant fin aux migrations et en
surveillant les frontières." "Les Eglises devront se distancier de
cet accord de gouvernement."

 

Economie,
Finances 

Tourisme

"Les Pays-Bas, l’an dernier, ont attiré 500 000 touristes de
moins qu’en 2000", rapporte l’ Algemeen
Dagblad
(p.3). "Les Allemands et les Américains nous boudent. Les
Britanniques viennent toujours, surtout attirés par le ’vibrant
Amsterdam’." "Alors qu’en 2000, 10 millions d’étrangers étaient
venus aux Pays-Bas, leur nombre est descendu à 9,5 millions l’an dernier. La
majorité porte un jugement positif sur notre pays, mais des remarques sont à
relever. C’est ainsi que les Allemands nous trouvent un peu ennuyeux et prévisibles,
et les Belges ont du mal à accepter notre caractère bruyant et notre attitude
pédante, peut-on lire dans une analyse de marché de Toerisme Recreatie Nederland (TRN) portant sur 2001."

"C’est une forte baisse", selon un porte-parole de TRN,
"mais nous pensons que le tourisme vers les Pays-Bas reprendra cette année.
La chute est surtout due au malaise économique et à la phobie de l’avion qui
s’est manifestée après le 11 septembre. Cet été, environ 2,5 millions de
touristes étrangers viendront probablement aux Pays-Bas."

 

KLM

Pour la première fois depuis des décennies,
la compagnie aérienne KLM préfère Airbus au constructeur américain Boeing,
relèvent plusieurs quotidiens. KLM a commandé six avions du type A330-200 (250
passagers) pour entre 600 et 800 millions d’euros (prix catalogue de l’unité :
150 millions d’euros). Les six appareils seront livrés à partir du début
2005. Ils voleront sur les lignes intercontinentales et remplaceront les
"vieux" Boeing 747, MD11 et 767 ( Trouw
p.5, Het Financieele Dagblad p.11, Algemeen
Dagblad
p.16).

 

Affaires françaises 

 Le
Telegraaf (pp.1 et 15) annonce que
Charles Aznavour, qui se produira aux Pays-Bas à l’automne, mettra fin à sa
carrière de chanteur en mai 2004, après un dernier concert à l’Olympia.

 

A
signaler :

Portraits et profils politiques : Bomhoff ( NRC Handelsblad
p.2), Balkenende ( De Telegraaf p.5),
les secrétaires d’Etat ( Het Financieele
Dagblad
p.2).

Dernière modification :

Haut de page