Presse néerlandaise du mardi 16 mars 2004

Les questions de sécurité qui se posent dans l’Union européenne
après les attentats de Madrid et la remise en cause de la présence de troupes espagnoles
et néerlandaises en Irak constituent les principaux thèmes politiques ce matin.

Sur le plan intérieur, la presse annonce le décès, hier, de Ralph
Inbar, un présentateur de télévision très populaire aux Pays-Bas où il a introduit la
formule "caméra invisible". A l’étranger, on appréciait davantage ses
qualités de réalisateur et de metteur en scène. Inbar avait reçu la prestigieuse Rose
d’or du Festival de Montreux en 1992.

  • NRC Handelsblad d’hier soir : "Les socialistes gagnent les élections
    en Espagne – Zapatero : retirer les troupes espagnoles d’Irak", "Un
    revirement radical en trois jours", "Poutine obtient aisément un second
    mandat"
  • Algemeen Dagblad  : "Le premier ministre : Ne pas quitter l’Irak –
    Balkenende critique la décision espagnole", "Sedna est-elle la dixième
    planète ?" (découverte d’un corps céleste au-delà de Pluton), "Ralph Inbar
    (65 ans) est décédé"
  • Trouw  : "L’UE envisage une politique antiterroriste plus sévère – Le
    ministre Remkes veut améliorer l’échange d’informations entre les pays d’Europe",
    "Le silence est impressionnant et sinistre" (commémoration des victimes des
    attentats de Madrid), "Bos veut retirer les militaires néerlandais d’Irak"
  • de Volkskrant  : "Les juges acceptent un code de conduite",
    "L’Espagne retirera ses militaires d’Irak", "La promesse de Zapatero, le
    souhait d’Al Qaeda"
  • De Telegraaf  : "Une forme préoccupante de supertuberculose – Les
    médecins sont impuissants
    ", "Ralph Inbar (65 ans) est décédé",
    "Les Pays-Bas ne font rien après ’Madrid’"

* * *

Le dossier du jour : Terrorisme

" Le premier ministre Balkenende a
implicitement critiqué le futur premier ministre espagnol Zapatero hier, durant sa visite
aux Etats-Unis
", rapporte l’ Algemeen Dagblad dans son grand article à la
une. "Zapatero veut retirer les militaires espagnols d’Irak."

" Balkenende a déclaré à RTL Nieuws que la communauté
internationale ne doit ’pas se détourner de l’Irak, ce n’est pas dans l’intérêt du
pays’
. La probabilité que les Pays-Bas envoient de nouveau des militaires en Irak
après le 1er juillet semble ainsi accrue, bien que le premier ministre ne se soit pas
prononcé explicitement
. Il a cependant annoncé que ’céder au terrorisme’ n’est pas
la bonne voie. ’La solidarité de la communauté internationale avec l’Irak est
importante’."

"Par suite des attentats de Madrid, l’Europe se verra proposer un
nouveau paquet de mesures antiterroristes au plus haut niveau, la semaine prochaine. Les
leaders des 25 pays estiment qu’une approche beaucoup plus dure vis-à-vis des actions
terroristes est indispensable."

" Dans la perspective d’un inventaire des accords non
appliqués, les Pays-Bas et quatre autres pays ont reçu un coup de férule de Bruxelles,
hier, parce qu’ils n’ont toujours pas introduit le mandat d’arrêt européen
."

Le journal de Rotterdam fait d’autre part mention à la une d’un sondage
d’opinion du bureau Intomart GFK
effectué pour RTL Nieuws, selon lequel des plus de 500 personnes interrogées estiment que la mission néerlandaise en Irak doit
s’achever le 30 juin et que d’autres pays doivent prendre le relais
. 31 % sont
d’avis que les Néerlandais doivent rester en Irak, même si le risque d’un attentat aux
Pays-Bas augmente de ce fait.

" Des concertations fébriles ont lieu dans l’Union européenne
et au sein de l’OTAN en vue d’une action plus adéquate contre le terrorisme
",
relève le Trouw dans son grand article à la une. "L’Espagne organise une
conférence sur le terrorisme et les ministres de la Justice de l’UE se réunissent
d’urgence vendredi, pour débattre des propositions de la Commission européenne et de la
présidence irlandaise. Le sommet régulier des chefs d’Etat et de gouvernement qui se
tiendra à la fin de la semaine prochaine sera également en grande partie placé sous le
signe de la lutte contre le terrorisme."

" Les Pays-Bas jouent un rôle important parce qu’ils assureront
la présidence de l’Union européenne durant le deuxième semestre de cette année
. Selon
Remkes (Intérieur), les Pays-Bas choisiront surtout une approche ’pratique’ du problème
.
’Par exemple : les agents de police doivent-ils avoir plus souvent compétence à agir
au-delà de la frontière ?’ s’interroge Remkes tout haut. ’Et dans quelle mesure
auront-ils alors le droit de porter des armes ?’"

" En plaidant en faveur de mesures pratiques, Remkes s’est
quelque peu distancié hier des solutions institutionnelles proposées de divers côtés
.
Ainsi, le premier ministre belge Guy Verhofstadt plaide e faveur de la fondation d’un
’institut de sécurité’ européen. Le mois dernier l’Autriche avait lancé un projet de
’CIA européenne’. Mais Remkes partage l’avis du commissaire européen Vitorino
(Justice), selon lequel les services de sécurité nationaux ne fonctionnent déjà pas
bien et qu’un service européen sera encore moins adéquat
."

" Le PvdA veut que le gouvernement ne prolonge pas la
participation néerlandaise à la mission militaire en Irak
", note le même Trouw
dans un autre article à la une. "Selon le leader PvdA Wouter Bos, les Pays-Bas ne
doivent pas envoyer de nouveaux militaires dans ce pays après le 1er juillet. La
présence néerlandaise en Irak a assez duré’, a déclaré Bos hier soir
, durant une
soirée politique à Stadskanaal. Il a insisté sur le fait que les attentats de Madrid
n’ont pas joué de rôle dans cette prise de position. ’Cela fait des semaines que nous le
disons’
."

Le leader du PvdA estime que les Nations Unies doivent jouer un plus
grand rôle en Irak. " Nous devons échanger la domination des Etats-Unis en Irak
contre celle des Nations Unies
. Ce n’est qu’ainsi que nous trouverons de nouveaux
alliés pour former une large coalition contre le terrorisme international
."

Le CDA, le VVD et le D66 estiment que c’est "un mauvais
signal" de Bos que de dire peu après les attentats de Madrid qu’il ne faut plus
envoyer de troupes en Irak. "Le PvdA donne aux terroristes ce qu’ils veulent : un
retrait d’Irak", commente le député VVD Wilders."

Commentaires

" Zapatero a d’ores et déjà déclaré qu’il a l’intention de
retirer les troupes espagnoles d’Irak, le 30 juin
", souligne le commentateur du NRC Handelsblad
d’hier soir. " Une telle décision peut avoir de grandes conséquences pour des
alliés comme les Pays-Bas, qui hésitent à prolonger leur présence militaire dans le
Sud de l’Irak
."

"L’écho des explosions de Madrid résonne dans toutes les
capitales européennes. Le terrorisme de cette nature, perpétré par ces auteurs –
à supposer qu’il s’agisse des musulmans fanatiques d’Al Qaeda – n’est pas un
problème exclusivement espagnol. Il exige une réponse ferme d’allure internationale. Il
exige aussi un appel aux musulmans modérés : solidarisez-vous avec les victimes, pas
avec les auteurs."

" Les attentats de Madrid, jeudi, ont pesé lourdement sur les
élections espagnoles de dimanche
", constate l’éditorialiste du Trouw .
" Zapatero a indiqué hier qu’il envisageait de retirer les troupes espagnoles
d’Irak
. Ce n’est pas un bon début . Il a raison de critiquer l’entrée en
guerre, mais la stabilité en Irak et dans le reste du Moyen-Orient n’en profitera pas si
les troupes de la coalition se retirent trop vite. Maintenant qu’un attentat terroriste a
pour la première fois eu un aussi grand impact sur les élections d’un pays occidental,
il s’agit justement de coopérer sur le plan international. Aussi bien dans la lutte
contre le terrorisme qu’en Irak."

Le commentateur du Volkskrant juge " gênant que le
nouveau premier ministre présumé de l’Espagne ait répété sans ambages, hier, qu’il
retirera les quelque treize cents militaires espagnols stationnés en Irak
",
compte tenu des indices dont disposent les autorités espagnoles et qui semblent désigner
Al Qaeda. "Normalement, un vainqueur a le droit, sinon le devoir, de tenir ses
promesses électorales. Mais les morts des attentats contre les trains sont à peine
enterrées et le message vidéo ne date que de deux jours. La déclaration de Zapatero
prend ainsi un arrière-goût de génuflexion devant le terrorisme. Sans dénoncer pour
autant le point de vue de son parti, le futur premier ministre aurait mieux fait de se
contenter à ce stade de plaider en faveur d’une coopération européenne plus étroite
contre une menace qui, vu l’absolutisme et l’implacabilité du mouvement terroriste
islamique, ne s’arrête pas aux Pyrénées
."

L’ Algemeen Dagblad trouve "compréhensible que beaucoup de
personnes se demandent si les Pays-Bas ne doivent pas se retirer d’Irak".
"Pourtant, il est raisonnable de ne pas se laisser perturber par les atroces actions
de Madrid." Il faut juger indépendamment de l’opportunité de la présence en Irak,
selon le journal de Rotterdam. " Céder à des éléments qui foulent aux pieds
l’Etat de droit international, pour qui les vies humaines ne comptent pas, est ce qu’on
peut faire de pire
."

 

Actualité internationale

Constitution européenne

" Les diplomates de Bruxelles s’attendent à ce que les
négociations sur une Constitution pour l’Union européenne redémarrent, maintenant que
le gouvernement conservateur du premier ministre Aznar doit céder la place à un
gouvernement dirigé par le socialiste Zapatero
", écrit le correspondant à
Bruxelles du Volkskrant (p.4). "Le futur premier ministre espagnol a fait
savoir hier qu’il voulait aboutir rapidement à un accord sur la Constitution. Les
négociations à ce sujet ont achoppé en décembre dernier, surtout en raison de
l’opposition de la Pologne et de l’Espagne. Madrid et Varsovie nourrissaient des
objections contre la nouvelle pondération des voix dans l’UE, qui leur était moins
favorable que prévu par le Traité de Nice. Selon cet arrangement, la Pologne et
l’Espagne ont presque autant de voix que l’Allemagne, alors que ce pays compte presque
deux fois plus d’habitants."

"Zapatero a critiqué indirectement l’attitude rebelle d’Aznar.
’J’ai l’intention de rétablir la confiance’, a-t-il dit. Selon le futur premier ministre,
il doit être possible d’aboutir rapidement à un accord ’qui maintienne un équilibre des
forces raisonnable’."

 

Actualité intérieure

Travaux de la Deuxième Chambre

" Ce qui ne va pas à la Deuxième Chambre ? " écrit
Raoul du Pré dans le Volkskrant (p.3). " Elle se réunit trop et trop
longtemps et s’enlise dans des ’débats de rien du tout’
. Elle pose trop de
questions écrites au gouvernement et dépose tant de motions qu’aucun ministre ne s’en
émeut plus
. Elle fait l’impression de ne pas bien savoir ce qui se passe hors de
ses murs, dans le pays
. Et elle tient tous les mardis une heure des questions qu’on
peut qualifier de ’démonstration hebdomadaire de halètement’
."

"Ces qualifications ont été formulées lundi par la Deuxième
Chambre elle-même, qui a tenu un débat sur son propre fonctionnement. Durant leur
introspection, les groupes parlementaires ont brossé ensemble un autoportrait tellement
préoccupant que le président de la Chambre, Frans Weisglas, s’est dépêché de le
nuancer : ’Malgré toutes les remarques faites, je ne trouve tout de même pas que nous
nous débrouillons tellement mal, pas même en comparaison des parlements d’autres
pays’."

Weisglas était lui-même l’initiateur de ce débat. Il y a un an et
demi, il a été le premier président de la Chambre à être élu ouvertement. Il
souhaite maintenant poursuivre cet effort d’innovation au niveau du présidium. Selon lui,
il faut améliorer la qualité du débat au Binnenhof, ne serait-ce que pour attirer
davantage de monde à la tribune publique. Une de ses idées : ne plus autoriser les
débats d’urgence que si un minimum de trente députés sur cent cinquante en voient
l’intérêt (également Trouw p.5).

Van Gennip

La secrétaire d’Etat Van Gennip (Affaires économiques, CDA) a donné
naissance à une fille samedi. C’est la première secrétaire d’Etat des Pays-Bas à
accoucher durant son mandat, précise la presse. La responsable reprendra ses fonctions à
la mi-mai ( De Telegraaf p.1, Trouw p.5).

 

Economie, Finances

Energie

"Le gouvernement ne doit pas retirer les réseaux de distribution
d’électricité aux fournisseurs comme Nuon et Essent", relève le Financieele
Dagblad
dans son grand article à la une. "L’Etat doit au contraire prendre une
participation prioritaire dans ces entreprises pour veiller à l’intérêt public. C’est
ce qu’écrit le Conseil général de l’énergie (AER), un important organe consultatif du
gouvernement, dans une recommandation au ministre des Affaires économiques Laurens-Jan
Brinkhorst qui doit paraître aujourd’hui. Le Conseil craint que la séparation ne porte
gravement atteinte à la compétitivité des compagnies d’énergie et n’entraîne des
reprises non souhaitables."

"Brinkhorst doit prendre une décision ce mois-ci sur l’avenir des
réseaux électriques régionaux, qui représentent quelques dizaines de milliards
d’euros" (également Trouw p.2, de Volkskrant p.7).

Le NRC Handelsblad (pp.1 et 3) note que le Groupe
consultatif pour la politique des Wadden est d’avis que le gouvernement doit autoriser
l’extraction de quarante milliards de mètres cubes de gaz naturel de la Mer des Wadden.
Il ne discerne "pas de raison écologique" de prononcer un nouveau moratoire sur
l’exploitation de ces réserves. Une partie des recettes, environ 750 millions d’euros,
pourrait servir à rétablir la nature en Mer des Wadden et à donner une impulsion
économique au Nord des Pays-Bas.

 

Affaires françaises

Le NRC Handelsblad (p.9) d’hier soir,
sous le titre "Des kilos de roses sur la tombe de Proust", rend compte de la
"visite littéraire" rendue dans le cadre de la Semaine du livre au
"cimetière le plus connu de Paris". "Parallèlement à la visite au Père
Lachaise, un deuxième groupe de journalistes s’est rendu au Panthéon, le temple
funéraire le plus imposant de France, sous la direction du traducteur et attaché
culturel Philippe Noble."

Dans le Trouw (p.10) on retiendra un entretien avec Amin
Maalouf, qui déclare à propos de la possibilité d’un choc des civilisations entre la
chrétienté et l’islam : "J’espère qu’on pourra l’éviter, mais je ne suis pas
optimiste." Il y aussi un article (p.13) sur la tournée aux Pays-Bas de Philip
Freriks, qui récite son monologue intitulé "Gare du Nord", "un mélange
d’histoires personnelles et de grande histoire, avec la gare comme porte donnant sur une
époque où la France était ’encore vraiment un pays étranger’."

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