Presse néerlandaise du lundi 7 mai 2007

L’élection du candidat de centre-droit Nicolas Sarkozy au deuxième tour de l’élection présidentielle française, hier, fait tous les grands titres de la presse ce matin et donne lieu à plusieurs commentaires et analyses politiques.
"Avec le libéral Sarkozy, l’Europe a obtenu le vainqueur qu’elle souhaitait secrètement", remarque à ce propos le journal à grand tirage De Telegraaf.

De Telegraaf (populaire) : "Les Français élisent Sarkozy - Des troubles à Paris et Lyon - Ségolène Royal n’obtient pas assez de voix - Le taux de participation n’a jamais été aussi élevé", "L’Ajax s’empare de la coupe" (football)
de Volkskrant (centre gauche) : "Sarkozy aura les clés de l’Elysée - Le collègue de parti de Jacques Chirac élu président par 53 pour cent des Français ; taux de participation de 86 pour cent", "’Sarko’ est un démon, ’Sarko’ est un saint" (reportage), "Le candidat à la présidence Gül se retire quand même"
Trouw (chrétien progressiste) : "Nicolas Sarkozy président - ’Les Français ont voté pour une rupture avec le passé’", "Le Parlement turc ne veut toujours pas d’Abdullah Gül"
AD Haagsche Courant (indépendant populaire) : "Sarkozy, vainqueur, insiste sur le travail, l’autorité et le respect - Le nouveau président français veut consulter rapidement Merkel sur l’UE"

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LE DOSSIER DU JOUR :Election présidentielle française

"Le candidat de droite Nicolas Sarkozy a été élu à la présidence française dimanche, par une majorité de 53 pour cent des suffrages", annonce le Volkskrant dans son grand article à la une. "Il succèdera le 16 mai à son collègue de parti Jacques Chirac. La socialiste Ségolène Royal n’a pas dépassé 47 pour cent. Avec 86 pour cent de l’électorat, le taux de participation a été le plus élevé depuis 1965."
"Dans son discours de victoire, Sarkozy s’est adressé à l’intérieur comme à l’étranger. Aux Français il s’est présenté comme ’le président de tous les Français’. Il a proposé de ’remettre ensemble la France en mouvement’ et a promis que ’personne ne sera abandonné à son sort’."
"A ses ’partenaires européens’ il n’a pas seulement dit que ’la France est revenue en Europe ce soir’, mais aussi qu’ils doivent ’écouter les populations européennes qui veulent être protégées’. Il a transmis ’notre amitié’ aux Etats-Unis, pour ensuite leur adresser des critiques, conformément à la tradition française."
"Sarkozy entrera maintenant en retraite pendant quelques jours, ’pour [se] préparer pour la gravité de la fonction’. Ensuite il devra faire campagne pour les élections législatives de juin. Selon les sondages d’opinion, son parti les remportera aussi."
"Maintenant qu’il aura tout le pouvoir que la Cinquième République accorde au président, les intellectuels de gauche, surtout, craignent qu’il n’en abuse", écrit Fokke Obbema dans un "profil" du vainqueur de l’élection présidentielle. "La question est de savoir s’ils ne sous-estiment pas Sarkozy. Ses antennes politiques se sont montrées plus qu’excellentes durant sa longue carrière de plus de trente ans. Il sait mieux que personne qu’il ne doit pas devenir encore plus controversé s’il veut réaliser ses projets de réforme." "Il emploiera sa grande énergie pour effectuer des réformes douloureuses, telles que celle du système de retraites. L’automne promet d’être ’chaud’. Tout comme Margaret Thatcher, la première ministre de Grande-Bretagne dans les années soixante-dix, il va droit à une confrontation avec les syndicats. Une autre complication est sa relation tendue avec la jeunesse des banlieues, qui ressent son élection comme une provocation."’
"En attendant, Sarkozy caresse son ’rêve français’ : à la fin de son mandat il veut avoir atteint le plein emploi. S’il y arrive, il aura réussi là où ses deux prédécesseurs - Mitterrand et Chirac - ont échoué. Sa place dans les livres d’histoire sera alors assurée."

Commentaires
"Cette élection a montré un réveil politique réjouissant en France, ainsi qu’il ressort du taux de participation élevé aux deux tours", souligne l’éditorialiste du Volkskrant. "L’âge des principaux candidats a joué un rôle important à cet égard." "Avec le duel entre les quinquagénaires Sarkozy et Royal, les Français ont vu une nouvelle génération prendre l’initiative. Cela en a fait plus qu’un bras de fer entre la gauche et la droite. Le conservateur Sarkozy comme la socialiste Royal s’est distingué par une manière d’agir peu conventionnelle et moins solennelle qu’il était d’usage dans les campagnes électorales passées ; tous deux ont rompu une lance pour une France plus moderne."
"La plupart des capitales européennes ont réagi avec satisfaction au résultat électoral. Pas seulement parce que Sarkozy veut éviter un référendum sur une nouvelle version très simplifiée de la Constitution européenne, mais aussi, et peut-être même surtout, parce qu’il s’est présenté comme un réformateur plus énergique que Royal. Des réformes socio-économiques sont vraiment nécessaires en France, qui pèse toujours lourdement sur le projet européen."
Le Telegraaf se félicite de l’élection du "rénovateur Nicolas Sarkozy". "Sa charmante et certainement plus sensible rivale Ségolène Royal était peut-être attrayante dans des domaines comme l’enseignement, l’environnement et la politique sociale. Mais concernant des thèmes décisifs comme la modernisation de l’économie et la politique étrangère, il était de loin le meilleur des deux."
"Moins de pouvoir pour les syndicats, dont les Français sont à peine membres, suppression de la semaine de 35 heures, un marché du travail plus libre et un rôle plus réduit pour Paris : ce sont des changements inévitables si la France veut continuer de jouer un rôle."
"Dans le domaine de la politique étrangère, Sarkozy s’efforcera d’améliorer la relation avec les Etats-Unis. S’agissant de l’UE, il n’est pas favorable à la Constitution rejetée par les Français. Et les négociations sur l’adhésion de la Turquie ne se trouveront pas facilitées par son élection."
"Son premier grand test sera son approche vis-à-vis des jeunes allochtones rebelles sans emploi dans les ghettos." "Il faut espérer qu’ils éviteront la confrontation."
"Nicolas Sarkozy l’emporte. Il s’agit maintenant de réformer et de réconcilier", titre le journal d’affaires Het Financieele Dagblad au-dessus de son commentaire. "Avec la venue de Sarkozy (52 ans), c’est une nouvelle génération qui arrive au pouvoir. Le rôle des politiques âgés semble fini, bien qu’il faille faire une réserve pour le Parti Socialiste. Royal réussira-t-elle à conserver son rôle de leader du parti ou sera-t-elle reléguée au second plan ?"
"Une autre donnée remarquable de cette élection est le taux de participation élevé, aussi bien au premier tour qu’au second. Manifestement, les Français ont tout de même le sentiment qu’ils peuvent exercer une influence sur leur propre avenir. Un facteur positif est par ailleurs le rôle marginal que Le Pen, du Front National d’extrême droite, a joué."

ACTUALITE INTERIEURE

Pim Fortuyn

Le cinquième anniversaire du meurtre de Pim Fortuyn, hier, a fait l’objet d’une très ample couverture de presse durant le week-end.
"Les politiques et les anciens politiques ont des sentiments très mêlés sur l’héritage de Pim Fortuyn, dont le meurtre remontera à cinq ans demain", écrivait ainsi le Financieele Dagblad de samedi à la une. "Beaucoup de thèmes sont devenus abordables, mais le débat est plus rude et la démocratisation prônée par Fortuyn, par exemple l’élection des maires, n’a guère abouti."
"Selon Wim van de Camp (CDA), le député qui a le plus d’ancienneté, beaucoup de politiques forcent leur jeu depuis Fortuyn. ’Beaucoup de politiques ignorent la complexité de la société vis-à-vis de leurs électeurs’, dit Van de Camp. ’Ils donnent actuellement toutes sortes de garanties, par exemple que plus aucun détenu sous protection judiciaire ne s’échappera avec un bracelet électronique. Selon Van de Camp, ce sont des promesses ’aux électeurs qu’il est impossible de tenir’."
"La LPF ne siège plus à la Deuxième Chambre, mais l’homme politique Fortuyn n’est certainement pas tombé dans l’oubli. Tous les leaders de parti, de Jan Marijnissen (SP) à Mark Rutte (VVD) ont retenu les leçons de Fortuyn. Ce n’est pas seulement son style, mais aussi ses opinions qui les ont tous impressionnés."
"Jan Nagel - qui présidait le premier parti de Fortuyn, Leefbaar Nederland [Pays-Bas vivables] - affirme par contre que les propositions de démocratisation de Fortuyn ont été galvaudées. ’Les citoyens n’ont pas eu davantage d’influence’, dit-il."
"Selon le sociologue Dik Pels, la politique a fondamentalement changé depuis 2002, ’avec la percée de la culture des célébrités en politique’. ’Les politiques se comportent comme des stars qui acquièrent leur statut de personnalité connue par le biais de la télévision’, dit-il."
"Le premier ministre Jan Peter Balkenende estime que l’influence de Fortuyn est toujours sensible. C’est ce qu’il a écrit à son frère, Marten Fortuyn. Il voulait faire savoir à la famille qu’il pensait à elle ces jours-ci. Marten Fortuyn était ’surpris et touché’."
On notera dans ce contexte que Christan Boon, ancien policier et ancien garde du corps du Service des relations royales et diplomatiques (DKDB), a demandé la réouverture de l’enquête sur le meurtre de Pim Fortuyn. Il estime que les dirigeants politiques et les fonctionnaires concernés à l’époque sont responsables, parce qu’ils n’ont pas fait protéger l’outsider politique (De Telegraaf de dimanche p.1).
Dans son édition de ce matin, le journal populaire ajoute que le député Geert Wilders a réagi en demandant par écrit au premier ministre Balkenende s’il est disposé à faire rouvrir l’enquête.
"Lors d’une enquête sur la sécurité de Fortuyn, la commission Van den Haak avait conclu qu’une protection personnelle n’aurait pas empêché le meurtre. En outre, Fortuyn n’en aurait pas voulu."

AFFAIRES FRANÇAISES

Sur le plan touristique, on retiendra un article illustré de deux pages sur "Le mystère de Rennes-le-Château", à une quarantaine de kilomètres de Carcassonne, dans le supplément du Het Parool de samedi. "Chaque année, ce petit village - source d’inspiration du Code de Vinci - voit défiler 130 000 curieux."

Dernière modification : 19/01/2010

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