Presse néerlandaise du jeudi 8 janvier 2004

Tous les
quotidiens, ce matin, ont en page de couverture une grande photo du premier ministre Jan
Peter Balkenende qui remplit son assiette en plastique dans la cantine du camp de
fusiliers marins néerlandais d’As Samawah, en Irak du Sud, où il s’est rendu en visite
éclair hier.

Sur le plan
intérieur, la discussion sur les mesures à prendre dans les centres commerciaux contre
les voleurs récidivistes se poursuit.

  • NRC Handelsblad d’hier soir : "Le meurtrier
    présumé d’Anna Lindh avoue – Selon son avocat il n’avait pas de motif
    politique", "Le juge ordonne la remise en liberté du fusilier marin
    d’Irak", "Les soldats bulgares ne veulent pas aller en Irak après un
    attentat"
  • de Volkskrant  : "Balkenende ’connaît le
    problème de la base’ – Le premier ministre exprime son appréciation aux militaires
    en Irak, mais n’aborde pas la question des poursuites contre leur collègue",
    "Les contrevenants au Pacte de stabilité seront peut-être assignés devant la
    Cour"
  • Algemeen Dagblad  : Accueil froid pour le premier
    ministre en Irak – Des visages impassibles et peu d’appréciation de la part des
    fusiliers marins", "’On avait le droit de tirer dans la jambe des gens’"
    (interview d’un soldat revenu d’Irak)
  • De Telegraaf  : "Je me sens humilié
    Le fusilier marin juge son incarcération
    inadmissible
    – Interview exclusive", "’Placez les voleurs récidivistes
    dans des cages’"
  • Trouw  : "Le réchauffement de la terre menace
    la vie", "Visite éclair de Balkenende en Irak", "Statut temporaire
    pour les clandestins des Etats-Unis", "’Et si les mesures moyen-âgeuses ont de
    l’effet ?’"

* * *

Le dossier du
jour Wouter Bos

" Pour le PvdA, c’est maintenant ou jamais ",
titre le journal d’Amsterdam Het Parool d’hier
soir à la une, au-dessus du résumé d’un long entretien avec le leader social-démocrate
Wouter Bos. " Le PvdA, sous Wouter Bos, a une
dernière chance de survivre en tant que grand parti centriste
. S’il n’y arrive pas maintenant, le parti se disloquera
et le SP d’un côté et le VVD de l’autre reprendront beaucoup de ses électeurs
. Durant les années à venir, le parti doit changer de
telle sorte qu’il reste attrayant pour les défavorisés, les intellectuels et la classe
moyenne
. C’est ce que le leader PvdA Wouter Bos déclare dans une interview à notre
journal. Je présume que je suis le dernier leader
du PvdA à pouvoir prouver qu’on peut garder ensemble toutes ces catégories. Si je
n’arrive pas à bien gérer cela maintenant,
cette coalition éclatera. Et si je n’y arrive pas, personne n’y arrivera’
."

" Bos insiste sur le fait que cela n’a rien à voir avec
sa personne, mais que cela découle ’de l’urgence du moment’
. ’Le champ de force
politique autour de nous est devenu trop fort. Le SP sera prêt à accueillir ceux qui
aspirent à un parti social-démocrate classique et le VVD s’occupera en tant que parti
populaire libéral de ceux qui veulent un PvdA social-libéral. C’est la dernière chance
de la social-démocratie de rester un mouvement large’."

"Bos
reconnaît que le parti est impatient. Mais il demande de la compréhension pour la
manière dont le président du parti, Ruud Koole, et lui-même essaient de mener la
discussion. ’J’espère que les gens verront qu’il n’y a pas énormément d’alternatives à
la façon dont nous nous y prenons. La plupart le voient d’ailleurs. Il n’y a pas
d’alternative au leadership de Koole et Bos. A moins de vouloir plonger le parti dans le
chaos total en laissant le leader du parti faire toutes sortes de déclarations qui
divisent sur toutes sortes de thèmes’."

" Les partisans de la rénovation du parti s’interrogent
sur le rythme adopté par Bos
", souligne le journal. " L’échevin PvdA Rob Oudkerk estime que Bos doit
prendre position rapidement et ne pas avoir peur de se faire des ennemis
. ’Assurer la
cohésion, c’est bon pour Amsterdam, mais Bos doit séparer les courants, en tout cas
prendre une position claire. Sinon le PvdA deviendra un parti de compromis’."

"Quelques
députés plaident aussi en faveur d’une rénovation rapide du PvdA. Le porte-parole pour
l’intégration, Jeroen Dijsselbloem, dit qu’il ne peut pas attendre qu’il ait convaincu
tout le monde, au sein du PvdA, de la nécessité d’une approche plus ferme. Il reconnaît
cependant que quand les gens se détournent d’un parti, c’est toujours la faute du leader.
Le député Frank Heemskerk discerne aussi des
risques dans la stratégie circonspecte de Bos
. Il
ne faut pas vouloir retenir tout le monde coûte que coûte’
."

" La majorité des nouveaux députés approuve de tout
cœur la manière dont Bos dirige le parti
. Niesco Dubbelboer est même lyrique : Wouter est le parfait exemple du leadership moderne
de l’ère Internet
. Il est ahiérarchique,
réseauiste et flexible
. Son style est diamétralement opposé à celui du leader de
la vieille école, qui travaille suivant une pyramide. Bos donne de la latitude et assure l’équilibre au
sein du groupe
."

 

Actualité
internationale

Balkenende en Irak

" Le premier ministre Jan Peter Balkenende a rendu une
visite éclair, mercredi, aux militaires néerlandais en Irak
", rapporte le Volkskrant dans son grand article à la une.
" Cette visite, restée secrète jusqu’au
dernier moment, pour des raisons de sécurité, a eu lieu à un moment important : au
lendemain de la remise en liberté –provisoirement – d’un fusilier marin
soupçonné de meurtre
." "Le sergent-major de 43 ans qui a abattu un pillard
irakien fin décembre est considéré par les fusiliers marins comme ’un de nos meilleurs
hommes’. C’est avec colère et incompréhension qu’ils ont appris à la Saint-Sylvestre
qu’il serait rapatrié aux Pays-Bas et incarcéré. Ils ont donc été soulagés lorsqu’il
est apparu mardi que la garde à vue serait levée. ’Une bonne nouvelle’, selon
Balkenende, qui a immédiatement ajouté que ’la justice doit suivre son cours’."

" Balkenende s’est adressé à quelque 350 militaires
dans la grande cantine
, hier soir. ’Je vous transmets l’appréciation du gouvernement
néerlandais. Vous êtes en train de construire ici un Etat de droit dans des
circonstances difficiles.’ Il est ensuite passé habilement à l’Etat de droit
néerlandais, où le Ministère public agit indépendamment de quelque force politique que
ce soit. Le premier ministre, par conséquent, n’a pas voulu ’aborder le fond’ des
poursuites contestées par les militaires."

"Après son allocution il n’y a
eu ni applaudissements ni clameurs, comme lors de la visite du président américain
George Bush à ses militaires en Irak. Ce silence ne doit pas être interprété comme un
manque d’intérêt ou une réaction négative, ont expliqué de hauts officiers
néerlandais. ’C’est ainsi que le veut le cérémonial chez nous, c’est ainsi que nous
manifestons du respect’."

L’ Algemeen Dagblad en semble moins convaincu. " Les fusiliers marins néerlandais stationnés en
Irak ont accueilli le premier ministre Balkenende avec froideur, hier
", écrit le
journal de Rotterdam à la une. "Les réactions sont restées tièdes après le
départ de Balkenende pour le Longroom, la
section des officiers. ’Il est bon qu’il soit venu’, entendait-on dire. Mais aussi : ’Du
moment que je touche ma solde’." Une troisième citation est franchement scabreuse.

"Le sergent-major estime qu’il a
agi en son âme et conscience le 27 décembre, lorsque son unité a été harcelée par
des provocateurs irakiens", rapporte le Telegraaf
(pp.1 et 5), dans une "interview exclusive" du militaire en question.

" Il est bon qu’après le président Bush, le premier
ministre Aznar et – à deux reprises déjà – le premier ministre Blair, le
premier ministre Balkenende ait lui aussi rendu visite aux troupes de la SFIR
",
commente l’éditorialiste de l’ Algemeen Dagblad .
"Le gouvernement montre ainsi qu’il apprécie leur difficile tâche. Après la gaffe du Ministère public, les militaires
méritent d’être encouragés
."

 

Autorité Palestinienne

" Le ministre palestinien des Affaires étrangères
Shaath espère renflouer le processus de paix en faisant une tournée européenne
",
écrit le Volkskrant (p.6) dans le chapeau d’un
article signé Henk Müller. "Si les ministres européens font de leur mieux, le Prix
Nobel de la Paix les attend, prédit-il." "Le processus de paix est bloqué et
pour tenter de le relancer Shaath est
aujourd’hui chez le ministre britannique Straw. Hier il était chez le ministre allemand
Fischer, mardi chez le ministre Bot et au début de la semaine chez son homologue
français Villepin. Il finira sa tournée en Espagne."

" L’Autorité Palestinienne reconnaît le droit à
l’existence d’Israël
. Les organisations islamiques militantes palestiniennes voient
les choses autrement : Israël doit disparaître. Shaath : ’C’est de la rhétorique. Les
islamistes veulent libérer des territoires occupés. C’est ça leur objectif’."

" Le ministre palestinien, né en 1938, pense qu’un Etat
palestinien ne se créera peut-être pas en 2005, conformément au calendrier de la
feuille de route, mais que sa génération en sera encore témoin
. ’Je dis aux
ministres que deux choses sont essentielles pour cela. Un cessez-le-feu est une condition
sine qua non pour le processus de paix et l’arrêt de la construction du Mur est une
condition sine qua non pour l’avenir qui suivra.’ Sharon n’a pas apporté la paix, la
population israélienne en a assez de la violence. Croyez-vous que les Palestiniens aiment
la violence ? Nous nous sommes battus contre les Ottomans – des musulmans –
lorsqu’ils nous ont occupés, puis contre les Britanniques – des chrétiens – et
nous nous battons maintenant contre Israël. Notre combat n’a rien à voir avec les
religions. Nous voulons notre pays, après nous pourrons vivre en paix à côté
d’Israël’."

 

Actualité
intérieure

Schiphol

" Une année après que l’Union européenne a décidé
que le personnel des aéroports internationaux devait recevoir une formation spéciale de
sécurité, cela n’a toujours pas été le cas à Schiphol
", rapporte le NRC Handelsblad d’hier soir à la une.

"Un
porte-parole du ministère de la Justice le confirme. Selon la directive européenne sur
la sécurité de la navigation aérienne civile, les employés qui sont actifs dans les
zones protégées des aéroports doivent suivre des cours de sécurité centrés sur le
terrorisme, les armes et les objets prohibés et la sécurité de l’aéroport, des avions
et des bagages."

"Dans les zones protégées de
l’aéroport de Schiphol, qui ne sont accessibles qu’aux détenteurs d’une carte spéciale,
travaillent environ trente mille personnes qui, aux termes de la directive européenne,
devraient recevoir une formation de sécurité et suivre de temps à autre un stage de
remise à niveau."

On notera dans ce contexte que la consule générale des Etats-Unis à Amsterdam,
Michele Bond
, dans un entretien avec le Volkskrant
(p.4), évoque l’enregistrement de données biométriques des voyageurs à destination de
son pays. " A partir du 26 octobre, tous les
voyageurs, donc aussi les touristes néerlandais, devront pouvoir être identifiés
biométriquement
."

Economie, Finances

Fausse monnaie

La
contrefaçon de l’euro est de plus en plus fréquente. Selon l’association patronale
MKB-Nederland (petites et moyennes entreprises), il faut entrer immédiatement en action
à grande échelle pour protéger les entrepreneurs contre les faux billets. "Tous
les deux mois, le nombre de faux billets d’euros double", se plaint le président de
MKB-Nederland, Loek Hermans, au nom des entreprises. "Nous sommes déjà au même
niveau qu’avec les florins à l’époque."

Tout
d’abord, la Banque des Pays-Bas doit faire connaître un certain nombre de signes de
sécurité supplémentaires. D’après Hermans, il y a une quinzaine de signes qui n’ont
pas encore été révélés. "Ensuite il faut que les entreprises disposent
d’appareils qui permettent vraiment de distinguer les vrais des faux. En tant
qu’entrepreneurs nous sommes disposés à investir dans ces équipements, mais il faut que
l’Etat apporte aussi une contribution." Hermans rappelle que les petites et moyennes
entreprises, au moment de l’introduction de l’euro, ont dû acheter des appareils
coûteux. "Maintenant qu’il s’avère qu’ils ne suffisent plus, après deux ans, on ne
peut pas envoyer la facture aux seuls entrepreneurs."

MKB-Nederland veut inverser les
responsabilités. "Actuellement, c’est toujours la PME qui paie la facture. Quand un
entrepreneur ne fait pas attention et accepte un faux billet, c’est sa propre faute. Mais
s’il a investi dans des équipements convenables, il a fait tout son possible. Si un faux
billet passe quand même, il n’est pas équitable d’en rendre l’entrepreneur responsable.
La facture devrait alors aller à la Banque des Pays-Bas" ( Trouw pp.1 et 5).

 

Affaires
françaises
 

Le correspondant à Paris du Volkskrant (p6) constate que "la direction
des milieux musulmans français est gravement divisée sur la participation aux
manifestations contre la ’loi anti-foulard’".

Le Telegraaf (p.13) signale qu’à la demande des
autorités américaines, la police recherche un homme qui aurait dû embarquer sur un des
vols Air France annulés à la veille de Noël.

Sur le plan culturel, le NRC Handelsblad (p.9) d’hier soir évoque
à son tour le spectacle du groupe Ballet de Lorraine. S’il juge "ennuyeux" le
premier ballet, Le chat de Schrödinger, il
qualifie Duets de "perle".

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