Presse néerlandaise du jeudi 7 novembre 2002

La victoire des Républicains aux législatives
américaines de mi-mandat fait deux grands titres à la une du NRC Handelsblad
d’hier soir et inspire la plupart des éditoriaux des journaux. L’acquittement
en appel, à Kalamata (Grèce), de deux spotters d’avions néerlandais condamnés
à deux ans de prison pour "espionnage simple" est surtout développé
par la presse à grand tirage. De même que l’incendie du rapide Paris-Vienne,
près de Nancy, qui fait remarquer au Telegraaf
que les trains néerlandais, archibondés en raison des problèmes de matériel
des NS, constituent un "grand risque". 

NRC Handelsblad d’hier
soir : "Les Républicains au pouvoir au Sénat – Gain également à la
Chambre des Représentants", "George Bush est enfin élu",
"Les Pays-Bas et l’Allemagne dirigeront la mission de paix en
Afghanistan"

Trouw  : "Le gouvernement
libère l’espace vert – Proposition : les communes peuvent construire pour
leurs propres habitants", "Bush revendique personnellement la victoire
des Républicains", "Les spotters d’avions acquittés"

de Volkskrant  :
"Heinsbroek renonce aux élections – L’ex-ministre ne trouve pas de
candidats pour la Deuxième Chambre", "Le populaire Bush est mandaté
par les électeurs"

Algemeen Dagblad  : "Les
futures maîtresses ne savent pas calculer – 70 % des étudiants de première
année des académies pédagogiques n’ont pas non plus le niveau de l’école
primaire en néerlandais", "Les spotters acquittés en appel",
"Semaine de jubilation pour Bush"

De Telegraaf  : "Le réseau
radio des services d’aide tourne au flop – Les nouveaux systèmes de
communication sont extrêmement coûteux", "Un incendie de train fait
douze victimes en France", "Les spotters jubilent : acquittés !"

 Le dossier du jour
 : Elections américaines 

" George
W. Bush est enfin vraiment élu, c’est-à-dire à la majorité
", écrit
le correspondant à Washington du NRC Handelsblad
(p.1). "En 2000, il était devenu président grâce à un arrêt de la Cour
Suprême, mais avec un demi-million de votes de moins qu’Al Gore. [Avant-]hier,
il a gagné en tant que leader politique incontesté des Républicains."
" Le président a prouvé qu’il est
un formidable meneur de campagne, peut-être encore plus efficace que son
opposant dans la question irakienne au Conseil de Sécurité, Jacques Chirac
.
Mais sa victoire pourrait bien s’avérer
être une victoire à la Pyrrhus
. En effet, le président Bush, pour gagner,
a consacré beaucoup de temps et d’argent à la lutte contre des Démocrates modérés
[...]. C’est la catégorie de Démocrates avec lesquels le président pouvait
s’accorder sur l’allégement des charges, le renforcement de la sécurité intérieure
et d’autres thèmes politiques qui lui sont chers. En s’aliénant ce genre de Démocrates,
il court le risque de susciter une opposition démocrate plus dure et plus cohérente."

L’éditorialiste du NRC Handelsblad prévoit que " Bush et son équipe, avec le soutien de l’électorat, se manifesteront
plus fortement sur la scène internationale
, les prochains temps".
"Il est difficile d’ignorer l’effet de signal de cette victoire électorale.
Les Nations Unies, les membres permanents du Conseil de Sécurité ayant le
droit de veto, les alliés de l’Amérique et le dictateur irakien Saddam Hussein
peuvent être assurés que Bush poursuivra sa ligne dure. La menace de guerre contre l’Irak croîtra de jour en jour ."

Certes, les Républicains
et les Démocrates poursuivront leur lutte, souligne le journal du soir.
"Mais grâce au mandat que Bush a reçu
des électeurs, le pays est uni comme il l’a rarement été auparavant
. La
puissance qu’il rayonne de ce fait est impressionnante, mais simultanément elle
ne change rien à la vulnérabilité de la société américaine. Cette
société ouverte a été littéralement prise pour cible et il ressort de ce résultat
électoral sans équivoque que les Américains ne l’ont pas oublié
. Pour
beaucoup d’entre eux, le pays est en guerre
. Telle est la conclusion claire,
fut-ce préoccupante pour certains, qui s’impose le lendemain des élections."

Pour le commentateur du Volkskrant , les électeurs "ont légitimé le président Bush avec deux ans de retard ". " Mais
Bush ne doit pas se tromper sur sa position
. Il n’aura pas le champ libre
les deux prochaines années. Les marges
de manœuvre républicaines à la Chambre et au Sénat ne sont pas grandes
.
La Maison Blanche aura suffisamment de mal à trouver des majorités pour les
projets de loi controversés. Bush devra
engager toutes ses capacités politiques
. Il a prouvé qu’il dispose de ces
capacités Il n’est peut-être pas très
populaire en Europe, mais le résultat des élections montre que la majorité
des électeurs américains voit en lui un politique capable
. Bush a indéniablement
moins de bagage intellectuel que Clinton, mais dans ses contacts avec le public
il n’est pas moins efficace ni moins populiste que son prédécesseur."

"La weltanschauung de Bush est
synoptique. Les choix auxquels il confronte le monde sont clairs. Il fait une
distinction extrêmement nette entre les amis et les ennemis, le bien et le mal.
De plus, c’est un homme qui a de fortes convictions morales. Tout cela plaît
aux Américains, surtout après le choc du 11 ’septembre’."

"Ce n’est
pas valable pour l’Europe. Ce qui est synoptique et clair pour les Américains,
y compris en termes moraux, est simpliste, brutal et moralisateur pour les Européens.
Vue sous cet angle, la victoire de Bush
aux élections pour le Congrès peut être qualifiée de significative
. Elle
symbolise le large fossé qui s’est creusé entre les deux côtés de l’Océan
Atlantique
. Il est à craindre que ce soit surtout le problème de l’Europe.
Et ce problème reste entier, maintenant que Bush se sent conforté à agir
encore plus qu’avant selon ses paroles et ses convictions."

" Les
premières grandes élections américaines après le 9/11 ont été gagnées de
façon convaincante par le président républicain George W. Bush
",
remarque l’ Algemeen Dagblad .
"Les présidents américains remportent rarement les élections de
mi-mandat."

"Bush décidera du calendrier
politique de la deuxième moitié de son (premier) mandat à partir d’une
position de force. Les succès concrets en politique intérieure ne sont pas
garantis, car la majorité républicaine est si faible que le soutien des Démocrates
sera toujours nécessaire pour les grands projets. C’est une sorte de frein et
c’est positif."

"Il est également
parfaitement clair que Bush poursuivra sa
ligne dure vis-à-vis de l’Irak avec encore plus de dynamisme
."

Le Trouw
fait valoir que les Démocrates , qui
"souffraient d’une sorte de paralysie due aux attentats du 11 septembre
dernier", " n’ont pas su faire
opposition
et ce sont les Républicains et Bush qui ont gagné les élections".
"Et qui se sentiront confortés pour poursuivre la politique qu’ils ont
appliquée jusqu’à présent. C’est précisément la raison pour laquelle nous aurions préféré un autre résultat électoral ."

 

Actualité internationale 

Afghanistan

" Le
gouvernement néerlandais, mercredi, a définitivement décidé de diriger avec
l’Allemagne la force de paix
internationale ISAF
en Afghanistan", rapporte le Volkskrant (p.2). "Le PvdA veut débattre à très court terme
avec le gouvernement démissionnaire, parce qu’il s’agit d’une mission de paix
à ’haut risque’. Selon le député PvdA Koenders, cette mission doit être définie
encore plus précisément que l’opération Enduring
Freedom
, la lutte contre le terrorisme en Afghanistan. Depuis peu, des
chasseurs néerlandais participent à cette lutte. Ces F16, si nécessaire,
peuvent aussi protéger les troupes de l’ISAF, a disposé le précédent
gouvernement."

"L’envoyé
de l’UE en Afghanistan, Vendrell, est satisfait du commandement néerlando-allemand.
Vendrell, qui est en visite aux Pays-Bas cette semaine, affirme que la situation
à Kaboul est relativement sûre. L’ISAF n’opère que dans la capitale afghane
et ses proches environs. Le ministre de la Défense, Korthals, ne veut pas
d’extension de cette zone d’opération" (également NRC Handelsblad
pp.1 et 4, Trouw p.4).

 

Actualité
intérieure 

Campagne électorale

1)
Balkenende
. "Le gouvernement n’est pas
mort", écrit le Volkskrant
(p.3) dans une analyse. " Sans que
les Pays-Bas s’en rendent compte, Balkenende II a déjà commencé
. C’est la
conclusion qu’il faut tirer trois semaines après que Jan Peter Balkenende, au
nom de son équipe de ministres, a présenté sa démission à la Reine Le gouvernement démissionnaire forme des projets, donne des conférences de
presse sur ses intentions politiques et se bat avec la Deuxième Chambre à
propos de ses budgets
. Il ne diffère en rien d’un gouvernement au statut missionnaire et il
fonce vers les élections du 22 janvier
."

"Dans la tradition constitutionnelle néerlandaise,
un gouvernement qui démissionne ne traite plus que les affaires courantes. Or
c’est le contraire qui se passe maintenant." "Jan Peter Balkenende
justifie la poursuite de son gouvernement en déclarant que la Reine lui a
demandé de faire tout ce qui est dans l’intérêt du pays. Il justifie le fait
que son gouvernement forme même de nouveaux projets avec l’argument qu’il n’est
pas tombé à cause de divergences sur la politique, mais à cause des querelles
intestines de la LPF."

"Cela paraît
plus logique que ça ne l’est en réalité. Si l’on poursuivait le raisonnement
jusqu’au bout, il justifierait une ultime tentative de replâtrage, que la LPF
espère d’ailleurs toujours. Mais le VVD et le CDA n’y sont pas favorables. Ils
ont effectivement retiré leur confiance dans leur partenaire de coalition, en
octobre. Balkenende peut se douter que la majorité sur laquelle il s’appuie
pour faire de la politique démissionnaire n’est plus réelle. C’est le genre de
personne qui se sent appelé à prendre la responsabilité de poursuivre le
gouvernement, si la Reine le lui demande. Mais on ne nie pas, en milieu chrétien-démocrate,
que Balkenende, au seuil des élections,
veut se donner le profil d’un premier ministre énergique, qui mérite une
seconde chance
."

2)
Femmes
. Le Trouw
(p.3) note de son côté que les organisations féminines néerlandaises,
soutenues par la Vrouwenalliantie, le Nederlandse
Vrouwenraad
, E-Quality et Tiye International, vont s’efforcer de faire entrer le plus possible de femmes au gouvernement et à la Deuxième
Chambre
. A cet effet, elles vont établir une liste de femmes ministrables.
Le fait que le gouvernement Balkenende ne comptait qu’un seul ministre et moins
d’une poignée de secrétaires d’Etat de sexe féminin a choqué les
organisations en question.

"Si Zalm
affirme de nouveau qu’il n’y a pas de femmes ou qu’elles ne veulent pas, nous
lui assènerons notre liste", déclare une des initiatrices, Brigitte
Leferink des organisations Vrouwenbelangen
et Vrouwen van Nu."

3)
Sondage d’opinion
. Un sondage d’opinion NIPO effectué
le week-end dernier a attribué 17 sièges au parti socialiste radical SP, huit
de plus qu’à l’heure actuelle. Le CDA arrivait à 49 (plus six), le VVD à 29
(plus cinq). Le PvdA passait de 23 à 26 sièges, GroenLinks en gardait 10.

Le D66
descendait à 5 (moins deux), la ChristenUnie à 3 (moins un), Leefbaar
Nederland à 1 (moins un) et la LPF à 7 (moins dix-neuf). Le SGP passait à 3
(plus un) ( Trouw p.3).

4) Herman Heinsbroek .
"Herman Heinsbroek ne participera pas aux élections législatives du 22
janvier prochain", annonce le Volkskrant
dans son grand article à la une. "Le fondateur de la Liste Nouvelle
Politique a pris sa décision mercredi soir. Heinsbroek n’est pas arrivé pas à
trouver de bons candidats pour sa liste électorale, en l’espace de quelques
semaines. Il n’exclut pas qu’il participera aux élections dans quelques années."

 

Veerman

Le ministre CDA
Veerman
(Agriculture) quittera la politique après les élections du 22 janvier. Il ne
figurera pas sur la liste CDA et ne reviendra pas comme ministre d’un nouveau
gouvernement. Veerman, qui ne sent pas à l’aise
en politique, retournera à ses activités d’agriculteur ( De Telegraaf p.8).

 

Economie,
Finances 

Rétribution
des femmes

"Les personnels féminins sont
toujours fortement sous-rétribués par rapport à leurs collègues
masculins", relève le Telegraaf
(pp.1 et 6). "La différence de rétribution n’a pratiquement pas changé
les dernières années. Les Pays-Bas, de ce fait, figurent en très mauvaise
position sur la liste des pays européens. Il n’y a qu’en Grèce que l’écart
entre la rétribution des hommes et des femmes est plus grand. Ce n’est que dans
le secteur de la prestation de services commerciaux que la situation des femmes
s’est un peu améliorée. C’est ce qui ressort 
d’une enquête que la centrale FNV a effectuée sur les différences de rétribution
entre hommes et femmes dans le commerce de détail, l’industrie de
transformation des métaux, le secteur des soins et les services commerciaux,
durant les six dernières années."

 

Off-shore

"L’off-shore
est dans tous ses états", titre l’ Algemeen
Dagblad
(p.25). "3 000 emplois disparaîtront dans l’industrie de
l’off-shore si la Deuxième Chambre, mardi, approuve une réduction de 50
millions d’euros du soutien aux investissements dans l’extraction de pétrole et
de gaz en Mer du Nord. Dans une lettre de protestation adressée aux commissions
permanentes des Affaires économiques et des Finances, le syndicat FNV
Bondgenoten déclare craindre un grand recul du nombre de projets
off-shore." 

Affaires françaises 

Le journal
d’Amsterdam Het Parool (p.11) d’hier
soir remarque à propos du festival Cinépremières,
à Amsterdam, qu’il "prouve que le cinéma français se porte à
merveille". "La France est le seul pays d’Europe à avoir une
industrie cinématographique dynamique." "C’est grâce à la politique
des autorités françaises. Alors que tout l’Occident, dans les années
quatre-vingt-dix, chantait les louanges du libre échange international, les
autorités françaises défendaient le droit de protéger leur culture cinématographique
nationale. C’est le seul pays à s’être mesuré au lobby de Hollywood au sein
des organisations mondiales GATT et OMC, avec pour résultat que la France, en
1993, a obtenu le droit de prendre des mesures spécifiques de protection de sa
culture cinématographique."

Dans l’ Algemeen
Dagblad
(p.7) de ce matin, Antoinette Reerink relève que "deux députés
néogaullistes vont déposer aujourd’hui une motion prônant la suppression de
l’ENA". 

A signaler :

Dans une tribune libre, deux
collaborateurs de l’Institut Clingendael reprochent aux Pays-Bas de se détourner
de l’Europe et de ne pas avoir de réponse au défi de la politisation de l’intégration
européenne. "Il faudrait chercher cette réponse dans la revalorisation du
vieux principe communautaire de la politique européenne néerlandaise."

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