Presse néerlandaise du jeudi 4 mars 2010

Le CDA du premier ministre démissionnaire Jan Peter Balkenende et le parti d’opposition SP d’Agnes Kant sont les perdants des élections municipales d’hier, note l’ensemble de la presse. Après la chute du gouvernement Balkenende IV, c’est surtout le premier parti de la coalition CDA-PvdA-ChristenUnie qui paie les pots cassés.
Le PVV de Geert Wilders devient le premier parti à Almere (Flevoland) et le deuxième parti à La Haye, les deux seules ville où il présentait des candidats.

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- NRC Handelsblad (indépendant) d’hier soir : "Enkhuizen veut à la fois rouler et stationner gratis", "Kapuscinski coloriait les faits" (biographie du journaliste polonais), "Les étudiants votent la nuit" (Groningue)
- de Volkskrant (centre gauche) : "Balkenende et Kant sont les grands perdants – La chute du gouvernement a éclipsé les municipales – Taux de participation de 56 % – GroenLinks est le premier parti à Utrecht", "Le PvdA remonte après la chute du gouvernement", "Wilders perce aussi au niveau local"
- Trouw (chrétien progressiste) : "Trois partis presque à égalité – Le CDA et le PvdA perdent beaucoup de sièges dans les conseils municipaux – Le D66 monte – Le PVV est le plus grand à Almere"
- De Telegraaf (populaire) : "Coup dur pour le CDA – Taux de participation de 56 % - Lourde perte pour le PvdA", "Le PVV fonce à Almere et La Haye"
- AD Haagsche Courant (indépendant populaire) : "Wilders frappe – Le PVV est le deuxième parti après le PvdA à La Haye"

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LE DOSSIER DU JOUR : Elections municipales

"Le PVV a fait des débuts convaincants dans la politique locale", écrit le Trouw dans son grand article à la une. "Le parti de Geert Wilders est devenu le premier parti à Almere hier. A La Haye – l’autre ville où le PVV s’est présenté – il a fini deuxième."
"Le leader du parti, Wilders, a qualifié ce résultat de ’tremplin’ pour les élections législatives du 9 juin. ’Nous pourrions bien devenir alors le premier parti des Pays-Bas’, a-t-il déclaré en interprétant le résultat d’hier dans le sens des législatives."
"Ses collègues des autres partis ont eux aussi anticipé sur les élections du 9 juin. Le CDA du premier ministre démissionnaire Balkenende se prépare pour une course au finish avec le PvdA, le parti en tête prenant généralement l’initiative d’une tentative de formation de gouvernement. Balkenende, hier soir, s’est raccroché au fait que les chrétiens-démocrates – derrière les partis locaux – semblaient de nouveau devenir le premier parti national."
"Le PvdA avait prévu un recul. Les sociaux-démocrates ont perdu hier plus de 350 sièges. Néanmoins, son chef de file Bos a jugé que les pertes étaient limitées : le PvdA avait eu un résultat exceptionnel il y a quatre ans. Au grand soulagement de Bos, il est resté le premier parti à La Haye, de même qu’à Amsterdam, bien qu’il ait perdu des sièges dans les deux villes."
"De même que GroenLinks, le D66 a progressé. ’Nous sommes de nouveau présents partout aux Pays-Bas’, a remarqué le leader politique Pechtold."
"Le SP a fortement reculé. En termes d’élections législatives, ce parti, selon un sondage, chuterait de 25 à 11 sièges."
"Le parti de Rita Verdonk, TON, s’est présenté dans 41 communes. Après son début dans la commune de fusion Zuidplas (2 sièges), il a su renforcer sa position en faisant son entrée dans un certain nombre d’autres communes. A Den Helder, TON est devenu le deuxième parti."
"La ChristenUnie est le seul parti de la coalition à avoir progressé. Son leader Rouvoet considère ce résultat comme une confirmation que son parti chrétien-social est devenu un partenaire fiable."
"En termes nationaux, le CDA, le PvdA, le PVV et le VVD sont devenus à peu près égaux. D’autre part, l’écart n’est pas très grand entre GroenLinks, le SP et le D66. Cela signifie que quatre partis pourraient être nécessaires pour la formation du prochain gouvernement. Les Pays-Bas, après les élections législatives, connaîtront probablement une longue et laborieuse formation de gouvernement."

"Les élections législatives de juin deviendront-elles une course Bos-Balkenende, Balkenende-Wilders ou même Wilders-Bos ?", s’interroge le Volkskrant dans une analyse à la une. "Ce cauchemar s’est rapproché avec le maigre résultat des chrétiens-démocrates aux municipales, le rétablissement du PvdA et la percée du PVV à Almere et La Haye."
"Jan Peter Balkenende a été la grande sécurité du CDA pendant des années, mais le premier ministre et son parti sont en déclin. Le résultat du CDA aux élections municipales est flatté : le PVV n’a participé à ces élections que dans deux communes, mais aux élections législatives il sera partout un adversaire redoutable. Le PVV a déjà endommagé fortement le CDA dans des bastions chrétiens-démocrates traditionnels comme le Limbourg et le Brabant."

"La vérité politique qui veut que c’est celui qui rompt qui paie les pots cassés ne s’applique pas cette fois-ci", note le journal d’affaires Het Financieele Dagblad à la une. "C’est le CDA qui est puni pour la chute du gouvernement. La position de Jan Peter Balkenende est en jeu."
"Il y a quatre ans, le CDA avait sciemment tenu Balkenende à l’arrière-plan aux élections municipales. Le premier ministre du gouvernement de réforme centre droit n’était pas populaire à l’époque. Mais l’absence du premier ministre n’a été d’aucune utilité : le CDA, en mars 2006, a subi une cuisante défaite. Cette fois-ci, il était clair que Balkenende allait jouer un rôle éminent durant la campagne électorale. Du fait de la crise ministérielle, ce rôle a pris une autre tournure que prévu. Balkenende a surtout dû expliquer pourquoi, une fois de plus, un gouvernement portant son nom n’est pas allé jusqu’au bout."
"Depuis la querelle sur le rapport Davids, le CDA baisse dans les sondages. Cela n’a pas changé après la chute du gouvernement. D’éminents membres du CDA s’attendent à ce que les fédérations grognent maintenant que le résultat est encore plus mauvais qu’il y a quatre ans. Cela peut avoir pour conséquence que le CDA s’engagera dans les élections législatives du 9 juin avec une nouvelle tête de liste. Même Balkenende s’interroge après cette nouvelle défaite, selon un proche du premier ministre. Une répétition de 2006 – perdre aux élections municipales, continuer avec le même leader et rester le premier parti à l’échelle nationale – est hautement incertaine."

Commentaires}

Pour l’éditorialiste du Trouw, "une impasse entre droite et gauche risque de se créer, notamment parce que le CDA et le PvdA s’excluent mutuellement". "Tout dépendra des partis libéraux VVD et D66, qui semblent détenir la clé du pouvoir et qui peuvent exercer une influence modératrice." "Une autre conclusion est que le PVV anti-islamique gagne du terrain. Nous allons rendre chèvre l’establishment politique, a dit la tête de liste PVV Fritsma à La Haye. Le pire est que ce parti, vu la rupture entre le CDA et le PvdA, y est déjà arrivé."

"Plus importante que la progression du PVV est la question sous-jacente de l’élasticité du système politique", estime le Volkskrant. "Notre pays, avec sa tradition de formations de coalition, pourra-t-il s’accommoder d’un PVV susceptible de devenir en tout cas le troisième parti des Pays-Bas, et peut-être même le premier ? La seule réponse possible c’est qu’il le faudra bien. Le système politique peut être amélioré, mais pour le moment il n’ y en a pas d’autre."

"Les élections municipales et le sondage effectué en même temps montrent que le paysage politique s’est complètement effrité", constate le commentateur du Telegraaf. "Le traditionnel partage en trois grands blocs (CDA, PvdA et VVD) n’existe plus." "Il est clair que la formation d’un nouveau gouvernement sera extrêmement complexe."
S’agissant du CDA, "ce parti doit commencer à se demander si son leader, Balkenende, est toujours la tête de liste rêvée". "Trois gouvernements sont tombés prématurément sous sa direction. Solliciter de nouveau les électeurs de soutenir Balkenende et le CDA, avec un tel palmarès, c’est prendre un grand risque. Le CDA doit se demander s’il veut le prendre."

Cette revue de presse ne prétend pas à l’exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse néerlandaise, qui n’engagent en rien le point de vue propre de l’ambassade de France aux Pays-Bas.

Dernière modification : 19/03/2010

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