Presse néerlandaise du jeudi 17 avril 2003

Gestion de l’après-guerre en Irak, sommet européen d’Athènes,
formation de gouvernement et extrémisme musulman aux Pays-Bas : la une se diversifie de
nouveau.

Sur le plan intérieur, les commentateurs s’intéressent surtout à la
peine prononcée contre Van der G., le meurtrier de Pim Fortuyn. Le VVD partage l’avis de
son ministre Remkes (Intérieur), selon lequel elle est trop légère, mais le ministre
CDA de la Justice, Piet Hein Donner, et les partis politiques PvdA, LPF et GroenLinks
estiment qu’il est allé trop loin.

• NRC Handelsblad d’hier soir : "La pénurie d’enseignants s’étend
  fortement", "Le VVD veut abandonner l’indexation sur les salaires", "Le
  CDA de Zélande craint de perdre son visage social", "Remkes s’étonne du
  verdict rendu contre Volkert van der G."


de Volkskrant  : "Les Etats-Unis forment une force de paix pour l’Irak –
Les Pays-Bas veulent coopérer avec les Britanniques", "L’UE retrouve son unité
dans la question irakienne"


Trouw  : "Une famille assassinée à cause d’une blague sur Saddam",
"L’OTAN veut reprendre le commandement en Afghanistan", "Le porc est un
bouillon de culture de virus"


Algemeen Dagblad  : "La direction de la LPF éreinte le premier ministre –
Le parti ne veut pas gouverner avec Balkenende et Zalm", "Van Hooijdonk jouera
contre le FC Utrecht malgré son carton rouge"


De Telegraaf  : "Jusqu’à 200 musulmans extrémistes chez nous – Le VVD
reste préoccupé après la lettre de Remkes", "Bienvenue aux nouveaux
voisins" (Willem-Alexander et Máxima à Wassenaar)

* * *

Le dossier du jour : Terrorisme quot ; Cent à deux cents extrémistes musulmans sont actifs dans des
organisations terroristes islamiques dans notre pays ", annonce le Telegraaf
dans son grand article à la une. "Jusqu’à présent, on avait estimé leur nombre à
quelques dizaines, mais ils sont donc beaucoup plus nombreux en réalité. C’est ce qui
ressort de la lettre que le ministre Remkes (Intérieur) a fait parvenir à la Deuxième
Chambre en réponse à des questions du député VVD Wilders ."

" Les Pays-Bas ne sont cependant ’pas du tout un havre pour les
terroristes’, selon le responsable VVD, car la lutte contre le terrorisme a déjà porté
ses fruits . Un certain nombre d’extrémistes musulmans ont été arrêtés et la
longue et intensive enquête du Service général de renseignement et de sécurité (AIVD)
sur leurs activités se poursuit."

" Néanmoins, le VVD n’est absolument pas rassuré à la
suite des informations, ’vagues’ à ses yeux, données par le collègue de parti Remkes. Tout
cela est contraire aux signaux graves qui nous parviennent de l’étranger’, déclare le
député Wilders . ’Il en ressort que les terroristes de France, par exemple,
considèrent toujours les Pays-Bas comme le seul pays où l’on puisse encore faire ce
qu’on veut. Et dans les mosquées d’Eindhoven on donnerait des cours fondamentalistes’.
Wilders, par conséquent, veut mettre le gouvernement sur la sellette au plus vite."

"Remkes prévient cependant que le danger d’attentats islamistes
n’est pas écarté aux Pays-Bas." "Mais le gouvernement ne pense pas que le
risque d’attentats par des terroristes d’Al Qaeda s’est accru avec la chute du dictateur
irakien Saddam Hussein."

"Remkes ne peut pas entrer dans les détails, s’agissant des
mesures que l’AIVD, notamment, prend contre les terroristes. Il veut cependant bien dire
que l’on fait tout pour les contrecarrer, en les empêchant de recruter des combattants,
en démantelant leurs organisations de soutien et en s’attaquant au financement du
terrorisme. Mais le VVD n’est pas satisfait de cette énumération. ’C’est trop maigre et
trop vague. Nous avons vraiment le sentiment qu’il se passe plus dans notre pays que ce
qui ressort de cette lettre’, commente Wilders, qui veut savoir exactement quelles
organisations sont actives aux Pays-Bas et comment on lutte contre elles."

" A la demande de Wilders, la Deuxième Chambre consacrera un
débat aux extrémistes musulmans, l semaine prochaine ", précise le Volkskrant
à la une.

Le Trouw annonce à la une que "l’AIVD, depuis quelques
semaines, organise des réunions spéciales d’information sur le terrorisme auprès des
corps de police". "L’objectif est d’attirer l’attention des agents de proximité
sur les signes susceptibles de montrer que des terroristes se trouvent dans leur
quartier."

Actualité internationale

Sommet d’Athènes sur l’élargissement

" L’Union européenne a retrouvé son unité dans la question
irakienne ", rapporte Geert-Jan Bogaerts à la une du Volkskrant , depuis
Bruxelles. "Les pays d’Europe lancent un appel commun aux Etats-Unis et à la
Grande-Bretagne pour rétablir le calme en Irak, maintenant que le régime de Saddam
Hussein a été chassé. A un stade ultérieur, il conviendra de confier aux Nations Unies
un rôle ne se limitant pas à l’apport d’une aide humanitaire d’urgence." " Différents
pays ont d’ores et déjà promis de fournir des troupes pour le rétablissement de l’ordre .
Les Pays-Bas, mais aussi l’Espagne, le Danemark et l’Italie ont fait connaître leur
intention d’envoyer des unités militaires ."

" L’Union européenne reste gravement divisée sur sa future
gestion ", poursuit le journal de centre-gauche en page 4. "Une coalition de
seize (petits) pays s’est formée qui s’oppose vivement aux projets des cinq grands Etats
membres. Le premier ministre Balkenende prévoit que les réformes institutionnelles se
bloqueront si le président de la Convention européenne, Giscard d’Estaing, qui les
prépare, ne met pas d’eau dans son vin . L’ire des seize (sept Etats membres actuels
et neuf futurs) a surtout trait au projet de Giscard visant à supprimer la présidence
tournante de l’Union." "Selon Balkenende, ’Giscard ne peut pas poursuivre dans
cette voie.’ ’Si cette polarisation reste, on ne s’en sortira pas’."

" Du point de vue politique, les Pays-Bas sont maintenant sur la
touche en Europe ", titre le journal d’affaires Het Financieele Dagblad
(p.6). "La longue formation d’un nouveau gouvernement empêche La Haye de prendre une
position active sur l’avenir de l’Europe." "L’élargissement de l’Union
européenne à dix nouveaux Etats membres et, surtout, l’action de la superpuissance
américaine en Irak et dans la région font faire des heures supplémentaires aux
diplomates et aux spécialistes des affaires étrangères. C’est le cas dans toutes les
capitales, sauf, semble-t-il, à La Haye. Aux Pays-Bas, tout le monde est fasciné par
un processus de formation qui n’a pas d’yeux pour le monde extérieur changeant . ’Les
Pays-Bas sont sur la touche en Europe’, juge Alfred Pijpers, chercheur à l’Institut
Clingendael et à l’Université de Leyde." "Selon Pijpers, ce n’est pas
catastrophique. Le ministre des Affaires étrangères Jaap de Hoop Scheffer est compétent
et il comblera les lacunes, prévoit-il."

"’Jacques Pelkmans, membre du Conseil consultatif pour la
politique gouvernementale et professeur d’économie européenne à l’Europa College de
Bruges, est moins optimiste. En ce moment, la Convention européenne formule des
propositions radicales et parfois révolutionnaires pour le réaménagement de l’Europe.
Or c’est justement dans ce domaine que les Pays-Bas n’exercent ’pas assez d’influence’,
selon Pelkmans. Ce n’est pas que les six Néerlandais qui font partie de la Convention ne
fassent pas bien leur travail. ’Gijs de Vries (le représentant du gouvernement à la
Convention) est excellent, il connaît les dossiers et a un réseau formidable. Mais il
est entravé sur toutes sortes de terrains, parce que les intérêts partiels des
ministères prévalent en raison d’un manque de direction politique’." " Il
faut remonter à avril 2002 pour entendre un exposé sur l’Europe un peu visionnaire, de
la bouche d’un politique néerlandais . C’était le premier ministre Kok, à l’époque.
Depuis, nous n’avons plus rien entendu’."

On notera aussi une tribune de l’historien Thomas von der Dunk
en page d’opinion du NRC Handelsblad d’hier soir : " De Hoop Scheffer
méconnaît le danger de la doctrine Bush ". "Jamais l’Amérique ne s’était
autant éloignée de l’Europe que depuis l’avènement de Bush. C’est à juste titre qu’une
personnalité comme Hans van den Broek met en garde contre la cécité totale de son
parti, le CDA, à cet égard, pour ne rien dire du VVD." "Nous avons désormais
affaire à une toute autre Amérique. Cela fait des mois que les diplomates des Affaires
étrangères peuvent lire qu’avec Cheney, Rumsfeld et Wolfowitz nous avons affaire à des
fondamentalistes bibliques dont la weltanschauung est le manichéisme des Croisés."
"A la différence de Blair, le CDA n’a manifestement pas encore compris les dangers
de la doctrine Bush. S’il ne les comprend toujours pas d’ici peu, il sera temps de nommer
un autre ministre des Affaires étrangères."

 Actualité intérieure

Formation de gouvernement

" Les chances que la LPF participe au gouvernement s’amenuisent
de jour en jour ", estime l’ Algemeen Dagblad dans son grand article à la
une. " Le président du parti, Maas, et le vice-président du groupe parlementaire,
Van As, s’en prennent vivement au leader CDA Balkenende et au chef de file VVD Zalm .
’Balkenende n’a encore rien accompli. Il a montré qu’il n’est pas stable. Ce n’est ni un
capitaine, ni un tacticien politique. Balkenende n’est tout simplement pas un
gestionnaire. Il vaut encore mieux nommer Hans Wiegel premier ministre’, déclare Van As
à la terrasse d’un café haguenois où il s’est attablé avec Maas. Selon Maas, qui a
beaucoup d’influence au sein du parti, Balkenende a ’reçu peu à peu un brevet
d’incompétence’. ’Notre pays a besoin d’un manager de crise’."

 Zalm, que le duo LPF égratigne également en passant, a répété hier
qu’il serait "bizarre" de reformer une coalition avec la LPF .

" Cette remarque rapproche le recours au D66 comme parti pouvant
fournir au CA et au VVD une majorité à la Deuxième Chambre ", souligne le Volkskrant
(p.2). "La LPF semble se résigner à l’idée de ne pas revenir au pouvoir. ’C’est à
prendre ou à laisser’, a dit le leader du groupe, Herben, après son entretien avec les
informateurs. ’Nous n’y tenons pas absolument’." "Si Zalm et Balkenende
n’expriment pas leur confiance dans la LPF, Herben fera opposition ’avec plaisir’."

On notera que le journal de centre-gauche titre " Les électeurs
néerlandais n’ont pas commandé un gouvernement de droite " au-dessus d’une
demi-page de lettres de lecteurs.

Economie, Finances

Nucléaire

Le Conseil d’Etat a décidé que la centrale nucléaire de Borssele
n’est pas tenue de fermer ses portes le 31 décembre 2003. Le premier conseil du pays
rejette la demande de fermeture déposée par l’organisation écologique Greenpeace.

Greenpeace juge scandaleux que le ministère du Logement, de
l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement (VROM) ait rejeté la décision de
fermer la centrale avant 2004, prise par le ministre des Affaires économiques en 1994,
comme étant non pertinente. L’organisation avait exigé que le VROM ne se soustraie pas
à son engagement politique et qu’il ferme la centrale nucléaire avant 2004, aux termes
de la loi sur l’énergie nucléaire (BSK).

Le Conseil d’Etat soutient la décision du VROM. Il estime que
l’engagement politique de 1994 ne saurait être un motif de fermeture aux termes de la BSK
actuelle. La BSK ne permet de fermer la centrale que si le préjudice qu’elle porte à la
santé publique et à l’environnement dépasse les avantages sociaux et économiques de
son exploitation, ce que Greenpeace, selon le Conseil, n’a pas pu prouver ( Trouw
p.4).

Ahold

La plupart des quotidiens mentionnent que le Ministère public envisage
d’engager des poursuites contre d’anciens managers du groupe Ahold (supermarchés Albert
Heijn). La nouvelle enquête porte sur de possibles faux en écriture et tromperie
vis-à-vis du bureau d’expertise comptable Deloitte & Touche.

Ahold aurait dissimulé des informations essentielles, de sorte que les
experts comptables de Deloitte & Touche ont cautionné l’ajout du résultat total de
la joint venture suédoise ICA, alors que cette entreprise n’appartient qu’à 50 % à
Ahold ( Algemeen Dagblad p.13, de Volkskrant p.17, De Telegraaf p.39).

Affaires françaises

Le Het Parool (p.5) d’hier soir évoque à son tour le projet de
capsule spatiale de Jean-Marc Philippe.

Ce matin, le Trouw (p.6) mentionne l’avertissement donné aux
imams extrémistes par le ministre de l’Intérieur, à la radio hier, à la suite de la
victoire des fondamentalistes aux élections pour le Conseil français du culte musulman.